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L’Italie récupère son argent planqué en Suisse

Les caméras italiennes placées aux frontières avec la Suisse ont prouvé leur efficacité. Elles resteront donc en place. Keystone Archive

Fin ce mercredi de l'amnistie fiscale pour les capitaux italiens planqués en Suisse. Des milliards de francs sont retournés dans la péninsule.

Introduit à fin 2001, le «scudo fiscale» – le bouclier – a été pensé et mis en place par Giulio Tremonti. Le ministre des Finances mène depuis quelques mois une lutte acharnée contre les banques suisses et leur secret.

Dans les 56 banques tessinoises, la grande partie des 400 milliards de francs gérés ont principalement été placés par la clientèle italienne. Ainsi, à Lugano, UBS et BSI – Banque de la Suisse italienne, spécialisée dans la gestion des capitaux – estiment que seuls 10% des avoirs italiens ont repris le chemin de la Péninsule.

La stratégie «on shore»

Au total, à fin mars, 18 milliards de francs (12 milliards d’euros) – sur les quelque 34 milliards (22,7 milliards d’euros) rentrés jusqu`à ce moment-là de l’étranger- ont quitté les banques tessinoises.

Or, en Italie, les banques suisses – UBS en tête – ont ouvert une série de nouvelles filiales, ces derniers mois. Elles prévoient ainsi de récupérer la moitié des capitaux italiens rapatriés de Suisse grâce à la stratégie «on shore».

Les succursales italiennes du Credit Suisse feront de même: 10% seulement de fonds privés italiens ont quitté l’établissement par la grande porte. Une bonne partie reprendra le chemin des filiales disséminées dans la botte.

Pour une autre grande banque exclusivement tessinoise, la Banque du Gothard, les prévisions sont les mêmes. Le directeur de cet établissement estime toutefois que le retour des capitaux italiens au bercail est aussi dû à une meilleure situation économique et politique dans le pays.

L’action de Giulio Tremonti a pourtant connu un départ en sourdine. L’amnistie aurait dû prendre fin le 28 février. Le gouvernement a décidé de repousser l’échéance au 15 mai. Une mesure qui avait suscité les vives critiques de la gauche.

Elle a cependant porté quelques fruits puisque, sur les 50 milliards d’euros prévus par le gouvernement, 30 à 35 (45 à 50 milliards de francs) devraient effectivement être rapatriés.

Une quasi-impunité des responsables

Il y a quelques jours, le vice-ministre des Finances, Mario Baldassari a annoncé qu’à fin mars 22,7 milliards d’euros (34 milliards de francs environ) avaient réintégré les coffres des banques italiennes.

Le décret Tremonti prévoit une quasi-impunité pour les responsables d’évasion fiscale: les contribuables italiens qui feront rentrer leurs capitaux dans les délais, devront payer un impôt de 2,5%, prélevé à la source du montant rentré. Le placement physique des fonds rapatriés dans les banques italiennes devra avoir lieu avant le 30 juin.

Au Tessin, l’amnistie fiscale n’a pas eu que des retombées financières: pour mieux surveiller les fuites de capitaux, le gouvernement Berlusconi avait placé des caméras vidéo aux frontières italo-tessinoises.

Elles ont servi, durant ces deux derniers mois, à arrêter des hommes d’affaires aux mallettes pleines de billets mais elles ont aussi permis d’intercepter des trafiquants et autres contrebandiers.

Passé le décret Tremonti, elles resteront donc en place comme l’a indiqué la Guardia di finanza (police financière) de la douane de Chiasso.

swissinfo/Gemma d’Urso à Lugano

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