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L’UBS ne craint pas les Yakusa

Keystone Archive

Mitsubishi Corp et l'UBS coteront à la bourse de Tokyo un fonds d'investissement spécialisé dans l'immobilier. Un domaine gangrené par la pègre nippone.

C’est une première au Japon. Et elle n’est pas sans risques. Mais l’UBS compte beaucoup sur son rapprochement avec Mitsubishi Corp, véritable Etat dans l’Etat.

Les deux groupes ont annoncé mercredi que l’opération de cotation allait se faire le 12 mars prochain avec un fonds d’investissement de 309 millions de dollars. Ce fonds est censé encourager la clientèle individuelle à reprendre le chemin d’une bourse en crise depuis 18 ans.

Calqué sur le modèle américain

L’autre but de cette opération inédite est de réanimer un marché immobilier japonais incapable de résoudre les excès de la bulle spéculative de la fin des années 80.

Calqué sur le modèle américain Reit (real estate investment trust), ce fonds d’investissement est une nouveauté au Japon. Ce qui explique l’importance de ce rapprochement helvético-japonais.

L’apport de Mitsubishi paraît évident. En tant qu’important propriétaire foncier, il devra identifier les actifs immobiliers susceptibles d’être rachetés par le fonds. La même évidence s’impose pour l’UBS. Compte tenu de son expérience internationale dans ce domaine, elle assurera la gestion de ce fonds.

Ce type de produit financier offre un rendement basé sur les loyers générés par les immeubles en sa possession. Plus la possibilité de son appréciation à la bourse de Tokyo. Mitsubishi Corp UBS Realty, le nom de ce fonds nippo-suisse, pense pouvoir assurer aux investisseurs un rendement de 5% a 6% par an.

Selon Hidenori Asai, un vice-président de Mitsubishi Corp, les immeubles intégrés dans le fonds ont été loués pendant dix ans à des sociétés «sûres». Entendez par là qu’elles ne risquent pas de faire faillite. Ou de ne plus être en mesure de payer leurs loyers.

«Cette aventure n’est pas sans risques pour l’UBS. Le marché japonais de l’immobilier est placé sous la haute influence de la mafia. Mitsubishi est certes un Etat dans l’Etat au Japon. Mais il ne peut pas ignorer les Yakuza», déclare un analyste de Daiwa Securities à Tokyo.

Goldman Sachs avait renoncé

Justement, ce risque Goldman Sachs n’en a pas voulu. En novembre dernier, la grande banque d’affaires américaine devait précéder l’UBS dans la cotation à la bourse de Tokyo d’un fonds de 800 millions de dollars. Au dernier moment, elle y a renoncé.

D’après les observateurs du marché, Goldman Sachs avait des doutes sur «la qualité» des immeubles qu’on lui avait proposé. Et leur capacité à produire un rendement adéquat.

Depuis son niveau record au début des années 90, le marché immobilier japonais a perdu les trois quarts de sa valeur. Les transactions restent rares. Surtout, les immeubles présentant le plus d’intérêt pour un acheteur sont sous le contrôle de la pègre.

Georges Baumgartner, Tokyo

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