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La bataille pour la dépouille de SAirGroup est engagée

«D’une façon ou d’une autre, les créanciers n’ont aucune chance de récupérer la totalité de leurs billes. Et ils le savent». Keystone

Les créanciers réclament 38 milliards de francs à l'ancien SAirGroup. Qui ne dispose que de 1,56 milliard de francs.

SAirGroup – en sursis concordataire – évalue ses dettes à 11,95 milliards de francs. Autrement dit, quelque 26,1 milliards de francs du montant global réclamé par les créanciers sont contestés.

«Plusieurs sociétés de SAirGroup sont en sursis concordataire», explique Filippo Beck, associé au commissaire au sursis.

Selon lui, certains créanciers «ont probablement fait valoir leurs droits auprès de plusieurs d’entre elles. Ce qui pourrait expliquer les écarts existant entre les sommes demandées et les dettes reconnues par le groupe».

Reste un chiffre clair: celui de la couverture à disposition pour régler les dettes de SAirGroup. Il s’élève à quelque 1,56 milliard de francs.

Des broutilles à se partager

«Le dividende devrait avoisiner les 3,6% si toutes les créances sont reconnues, affirme Filippo Beck, associé du commissaire provisoire au sursis. Dans le meilleurs des cas, il atteindra les 12,2%».

En d’autres termes, «les créanciers n’auront que des broutilles à se partager», commente Pierre Condom, directeur d’Interavia. Et dans ce genre d’affaires, «le jeu est toujours identique», dit-il.

«Dans la mesure où la somme à disposition pour le règlement de la dette sera attribuée au prorata des réclamations, les créanciers ont tendance à gonfler leurs factures pour tenter de récupérer un maximum», souligne encore Pierre Condom.

«D’une façon ou d’une autre, les créanciers n’ont aucune chance de récupérer la totalité de leurs billes. Et ils le savent», conclut Pierre Condom.

Les droits des créanciers

La première assemblée des créanciers se tiendra fin juin 2002. Et sa composition sera déterminante. Il appartient, en dernier lieu, aux créanciers d’approuver ou non le plan de règlement de leurs prétentions. En cas de désaccord, ce sera aux tribunaux de trancher.

«Les premiers servis seront les employés, souligne l’avocat Zurichois Hans-Jacob Heitz, instigateur de l’association de défense des anciens actionnaires SAirGroup. Les autres créanciers, eux, sont sur un même pied d’égalité».

Excellente opération des banques

Mais les intérêts de ces derniers pourraient être fort différents après le rachat par les deux banques créancières UBS et Credit Suisse de la part de 70% que SAirGroup détenait dans Crossair.

Les deux banques ont en effet réalisé une excellente opération. Les titres achetés pour un montant de 258,8 millions de francs ont en effet acquis une forte plus-value en quelques jours seulement.

Certains créanciers se sont sentis lésés dans cette affaire. Ils ont même soupçonné SAirGroup d’avoir privilégié les deux banques à leur détriment.

De quoi faire grincer des dents lors du partage des derniers actifs du groupe.

swissinfo/Vanda Janka

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