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La chute d’une ex-étoile montante

Lukas Mühlemann avait pourtant réalisé un début de parcours sans fautes. Keystone

En cumulant les présidences du conseil d'administration et de la direction du Credit Suisse Group (CSG), Lukas Mühlemann était arrivé au sommet de sa carrière.

Plus dure est la chute pour ce Zurichois de 52 ans.

L’accumulation des déboires a fini par avoir raison de Lukas Mühlemann. En mai dernier, l’assemblée des actionnaires du CSG n’avait pas ménagé ses critiques contre celui qui cumulait encore les rôles de ténor et de chef d’orchestre de la banque.

En vrac, les actionnaires lui reprochent alors son rôle d’administrateur dans la débâcle de Swissair, son passage au conseil de la Banca General de Negocios, accusée par la justice argentine d’avoir organisé la fuite des capitaux, les fortes amendes infligées au groupe au Japon et aux Etats-Unis ou les pertes dans l’effondrement d’Enron.

Un cinquième de l’assemblée vote alors pour l’abandon de la double casquette. Lukas Mühlemann, sifflé par la salle au moment où il refuse de dévoiler le montant de son salaire, s’en sort de justesse.

Il promet alors au CSG «un bénéfice considérablement plus élevé en 2002 que ce qu’il a été en 2001».

Une ascension fulgurante

Avant de devenir ce grand patron aux abois, Lukas Mühlemann avait pourtant réalisé un début de parcours sans fautes.

Titulaire d’un diplôme de la Haute-Ecole de Saint-Gall et d’un Master of Business Administration de l’université de Harvard, il entre à 27 ans, au cabinet de conseils McKinsey & Company (Suisse). Au sein de cette société, il va être successivement partenaire, puis directeur et enfin directeur général.

En 1994, Lukas Mühlemann devient patron de la Suisse de Réassurances (Swiss Re). Et vend toutes les filiales non actives dans la réassurance.

Recentré sur ses activités de base, le groupe voit sa valeur boursière monter en flèche. Fin 1994, le magazine Bilanz décerne à Lukas Mühlemann le titre d’«étoile montante» de l’année.

Le début de la fin

Au début de 1997, Lukas Mühlemann remplace Rainer Gut comme président de la direction du Credit Suisse.

En août, le CSG rachète la Winterthur Assurances pour devenir l’une des plus grandes entités mondiales de bancassurance et de services financiers. Les exercices 1998 et 1999 sont marqués par des bénéfices record.

Début 2000, le Zurichois succède à Rainer Gut en tant que président du conseil d’administration tout en demeurant président de la direction du CSG. Un cas de double casquette unique dans le paysage bancaire suisse, toléré par les autorités uniquement parce que le CSG est également actif dans les assurances.

En novembre 2000, le groupe rachète la banque d’investissement américaine Donaldson, Lufkin & Jenrette et l’intègre au Credit Suisse First Boston (CSFB).

Après de bons résultats en 2000, le CSG voit son bénéfice fondre en 2001. C’est le début de la fin pour Lukas Mühlemann.

Le 3 juillet dernier, l’homme fort du CSG annonce renoncer à son mandat de président du conseil d’administration pour ne garder que la direction générale… qu’il finit par abandonner deux mois et demi plus tard.

swissinfo avec les agences

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