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La force hydraulique turbine à plein régime

L'hydraulique est la source d'énergie la plus importante du pays. Keystone Archive

Depuis la seconde moitié du 19ème siècle, la Suisse utilise l'énergie hydraulique pour produire de l'électricité.

Près de 60% du courant domestique provient aujourd’hui de la «houille blanche», devenue un facteur de production de première importance.

58% de l’électricité produite en Suisse est fabriquée par des turbines à eau. C’est dire le profit que le pays a su tirer du château d’eau que représentent les Alpes.

Globalement, la force hydraulique est le premier agent énergétique de Suisse. Elle fournit au pays près de 13% de sa consommation annuelle d’énergie.

Toutes catégories confondues, la houille blanche est aussi un des facteurs de production les plus importants de Suisse. Elle assure à l’économie un approvisionnement sûr en électricité.

De plus, grâce à la législation qui en régit l’usage, cette énergie répond aux impératifs du développement durable, comme se plaît à le souligner l’Office fédéral de l’énergie (OFEN).

Globalement, la force hydraulique rapporte près de 11 milliards de francs par année aux cantons de montagne. A elles seules, les redevances et les taxes représentent un montant annuel de 410 millions de francs, dont quelque 40% reviennent aux communes.

Un démarrage plutôt lent

Lorsque l’on a commencé, au milieu du 19e siècle, à produire de l’électricité à grande échelle, on ne savait pas encore la transporter sur de longues distances comme on le fait aujourd’hui.

Il a donc fallu attendre les progrès dans ce domaine pour assister au développement de la force hydraulique. On s’est alors mis à construire des lacs de retenue en montagne, parfois en amenant l’eau des vallées voisines grâce à un système de canalisations.

Malgré cela, en 1910, l’électricité ne représente encore que 3,5% de l’énergie totale consommée en Suisse. Mais cette part ne va pas tarder à augmenter.

Jusqu’en 1945, on assiste à l’électrification du pays. Et les restrictions imposées sur les autres agents énergétiques du fait des deux conflits mondiaux et de la crise des années 30 vont grandement favoriser la force hydraulique.

Arrivée du nucléaire

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que la plus grande partie de l’Europe est en ruines, la production d’électricité hydraulique en Suisse continue de progresser rapidement. Une croissance qui se maintient jusqu’aux années septante.

Pour différentes raisons, la Suisse estime alors avoir atteint les limites de l’extension de la force hydraulique. S’engage alors un débat sur l’avenir énergétique du pays.

Comme de nombreux autres pays, la Suisse se décide finalement pour une technologie alors toute nouvelle: l’énergie nucléaire.

En 1969, on inaugure la centrale de Beznau I, suivie en 1971 de Beznau II et l’année suivante de Mühleberg. Aujourd’hui, les cinq centrales nucléaires du pays lui fournissent 36% de son électricité domestique.

A l’époque, le développement des installations hydrauliques se voit freiné par les nouvelles réglementations sur l’environnement. Dans de nombreuses régions, l’extension des usines existantes sert de prétexte à des affrontements politiques souvent violents.

Malgré cela, la houille blanche reste un agent énergétique efficace, surtout si on le compare à d’autres. C’est pourquoi les activistes de la protection de la nature ne se mobilisent généralement pas contre les projets d’extension ou de nouvelles constructions.

Pics de consommation

Grâce au progrès technique, et notamment aux nouvelles possibilités de stockage, la production d’électricité hydraulique est aujourd’hui capable de s’adapter aux pics de consommation saisonniers ou journaliers.

Ainsi, les usines utilisent durant la nuit une énergie bon marché pour pomper de l’eau de plaine et la faire remonter dans les lacs de retenue. Elles peuvent donc produire davantage de courant dans la journée et le revendre plus cher.

En Suisse, un peu plus de la moitié de l’électricité hydraulique provient des barrages alpins des Grisons, du Tessin, d’Uri et du Valais. Mais les usines de plaine, installées principalement dans les cantons de Berne et d’Argovie jouent aussi un rôle considérable.

Au début 2002, le pays ne comptait pas moins de 507 usines hydroélectriques, de tailles très diverses. Au palmarès des plus grosses entreprises suisses d’électricité figurent Atel (Compagnie Aar-Tessin), qui emploie plus de 7800 personnes, NOK (Centrales électriques du Nord-Ouest) et EOS (Energie Ouest Suisse) en Romandie.

Toujours plus

Depuis quelques années, la croissance de la demande de courant s’est quelque peu ralentie. Mais la tendance générale reste tout de même à la hausse.

Une tendance qui ne s’est démentie que durant les périodes de fort ralentissement conjoncturel, et particulièrement à l’occasion des chocs pétroliers du début des années septante.

En 2001, les Suisses ont consommé 53,7 milliards de kilowattheures, soit 2,6% de plus que l’année précédente. 30% environ de ce courant est utilisé par les ménages, 60% par l’industrie, le commerce et l’artisanat et le solde par le secteur des transports.

swissinfo, Rita Emch (traduction: Marc-André Miserez)

– La force hydraulique est le plus important agent énergétique domestique en Suisse.

– Elle couvre près de 13% des besoins en énergie du pays.

– Globalement, la force hydraulique rapporte près de 11 milliards de francs par année aux cantons de montagne.

– Plus de la moitié du courant produit par la force hydraulique vient de quatre cantons de montagne: Grisons, Tessin, Uri et Valais.

– La Suisse ne produit pas uniquement du courant pour ses propres besoins, elle en exporte.

– Depuis les années 70, elle est une des plaques tournantes du marché européen de l’électricité.

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