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La Romandie défend ses vignerons

La présence de nombreux vins étrangers en suisse ne plait pas à tous les vignerons romands. Keystone Archive

Face aux vins étrangers, les producteurs sont soumis à une «concurrence déloyale inadmissible.» Les cantons romands interpellent le ministre de l'agriculture.

Selon eux, Berne est plus libérale que ce qu’imposent les règles de l’OMC. Cela doit cesser.

Pour pousser leur cri de révolte, les responsables de l’économie publique de cinq cantons romands ont choisi le Château d’Aigle, au cœur du domaine viticole du Chablais vaudois.

Ils y ont dévoilé le contenu d’une lettre adressée au ministre de l’économie Joseph Deiss, qui dénonce la politique d’importations de vins étrangers en Suisse, jugée nettement trop libérale.

Dans ce domaine, la Confédération est allée plus loin que ce que prescrivent les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Pour Jacqueline Maurer-Mayor, Conseillère d’Etat vaudoise en charge de l’agriculture, il en découle une «concurrence déloyale inadmissible» des crus étrangers face aux produits indigènes.

Un contingent au lieu de quatre

Les autorités suisses sont dans l’erreur, clament les représentants des cinq cantons. En 2001 en effet, la Confédération a décidé de globaliser les contingents d’importations de vins rouges et de vins blancs.

Or, les règles de l’OMC permettent d’avoir quatre contingents distincts: un pour les blancs en vrac, un pour les blancs en bouteille, un pour les rouges en vrac et un pour les rouges en bouteille.

Et cette pratique avait encore cours jusqu’en 1994. Mais Berne l’a abandonnée par étapes, jusqu’à la globalisation totale décidée en 2001.

Des prix bradés

Résultat: les importations de vins blancs en vrac ont fait un bond de 52% et leur prix a chuté de 46%. L’an dernier, le prix moyen du litre de vin blanc importé en vrac était de… 74 centimes !

«Aucun pays au monde n’est capable de produire à ce prix», s’exclame Pierre-Yves Felley, directeur de la Fédération suisse des vignerons. Et surtout pas la Suisse.

Depuis 2001, la consommation de vin blanc étranger a augmenté de 8%, tandis que parallèlement, celle de vin blanc indigène a reculé de 10%.

Exigences fermes

Si le Conseil fédéral persiste dans cette politique, les conséquences seront catastrophiques pour la viticulture suisse, plaide le conseiller d’Etat valaisan Wilhelm Schnyder.

En conséquence, les cinq cantons demandent le retour au principe des quatre contingents et avertissent qu’ils «ne pourront pas accepter une fin de non-recevoir» à leur demande.

Les cantons exigent également une augmentation des taxes pour l’importation de vins hors contingents. Le tarif de l’OMC est de 5 francs 10 par bouteille de vin blanc, alors que Berne se contente de 3 francs par bouteille.

Ici aussi, la Suisse se montre «plus royaliste que le roi», commente Wilhelm Schnyder.

Des emplois en danger

La situation actuelle est également préoccupante d’un point de vue économique et social. La viticulture suisse génère l’équivalent de 9000 emplois à plein temps et compte 11 500 PME, précise Jacqueline Maurer-Mayor.

Les cantons demandent donc à Berne de faire machine arrière et de s’en tenir aux règles de l’OMC.

Et si ces mesures ne suffisent pas, ils réclament l’introduction de restrictions d’importations durant quatre ans. Les accords de l’OMC laissent en effet cette possibilité aux pays membres.

swissinfo et les agences

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