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Le cyber-achat n’est pas entré dans les mœurs

Alors que le chiffre d'affaires du commerce en ligne explose aux Etats-Unis et en Europe, la Suisse reste à la traîne.

Malgré une forte croissance des ventes, la rentabilité des sociétés spécialisées dans le B2C reste aléatoire.

Les fêtes de fin d’année devraient voir des centaines de milliers d’Européens effectuer leurs premiers achats sur Internet. La mauvaise conjoncture économique n’y changera rien, au contraire.

C’est, en tout cas, ce que prédisent les études de Jupiter Research et de Forrester, les deux principaux instituts de prévisions en matière de commerce électronique.

Durant la période de Noël, en Europe, le chiffre d’affaires des ventes sur Internet devrait atteindre entre 4,5 et 7,6 milliards d’euros, soit une hausse comprise entre 55 à 86% par rapport à 2001.

Jupiter évalue que 52 millions d’Européens effectuent actuellement des achats en ligne. Et ce chiffre devrait presque tripler d’ici cinq ans.

«Les investissements réalisés pour mettre en place des sites de vente aux particuliers sur Internet (B2C) commencent à porter leurs fruits», estime l’étude.

Résultat, le chiffre d’affaires du B2C en Europe devrait croître de 20 milliards d’euros en 2002 à 80 milliards en 2007. Aux Etats-Unis, les ventes vont dépasser les 72 milliards de dollars cette année. La hausse est de 41%.

Les Suisses restent prudents

A noter que le commerce électronique connaît un grand succès Outre-Manche. Puisque 64% des internautes britanniques fréquentent des sites de ventes sur Internet, contre 63% des internautes allemands et 55% des Français. Les Helvètes sont loin derrière avec un taux de seulement 38%.

Une étude de l’Université de Saint-Gall estime que les Suisses figurent parmi les surfeurs les plus assidus. Mais elle ajoute qu’ils rechignent à effectuer leurs achats sur Internet, notamment pour des raisons de sécurité du mode de payement.

Sans surprise, les produits les plus demandés sur le Net concernent l’informatique grand public et les loisirs (livres, DVD, vidéos, CD, etc.), deux secteurs qui couvrent à eux seul un tiers des ventes. Les voyages à bas prix, l’électronique et les jouets sont, eux aussi, très prisés.

En revanche, l’alimentaire est plutôt boudé, surtout en Suisse où les achats par Internet y sont proportionnellement 20 fois moins importants qu’en Angleterre. Ceci, probablement, à cause d’une forte densité des points de ventes au détail sur le territoire helvétique.

L’internaute cherche le meilleur prix

La crise économique semble inciter les consommateurs à se rendre sur Internet pour faire la chasse aux bonnes affaires et aux promotions.

Généralement, le cyber-acheteur est un client averti qui profite des moteurs de recherches d’Internet pour comparer les prix et faire jouer la concurrence, beaucoup plus que lors d’un achat traditionnel.

Le géant américain de la vente en ligne Amazon estime qu’il y a un engouement des clients pour les offres à prix réduits. Les sites qui offrent la livraison gratuite ou un petit cadeau suite à un achat sont les plus courus.

Conséquence, même si les chiffres d’affaires s’envolent, la plupart des supermarchés en ligne courent toujours après les bénéfices. Selon un rapport de la CNUCED, malgré la croissance, l’e-commerce représente moins de 3% des ventes de détail.

Aux Etats-Unis, où le B2C entre pourtant dans une phase de maturité, chaque client dépense en moyenne seulement 433 dollars par an sur la Toile. La rentabilité des sites reste médiocre avec une marge brute de 19% en moyenne, contre 34% pour le reste de l’industrie.

En résumé, des deux côtés de l’Atlantique, on est loin de l’eldorado promis dans les années de l’euphorie Internet.

swissinfo/Luigino Canal

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