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Le défi des producteurs d’hydroélectricité

Le barrage de Grande Dixence dans le canton du Valais. picswiss.ch

Ballottés entre un marché libre européen et le non du peuple suisse à cette libéralisation, les grands exploitants romands se regroupent.

Désormais, Hydro Exploitation gère la quasi-globalité de la production de la Suisse de l’Ouest.

Fondée en juin 2002, par Energie Ouest Suisse (EOS), Grande Dixence (GD) et les Forces motrices valaisannes (FMV), la société Hydro Exploitation SA aura mis une année pour devenir opérationnelle.

C’est chose faite depuis cette semaine. Elle gère désormais les 25 plus gros ouvrages de production hydroélectriques, qui se trouvent essentiellement en Valais.

«A travers de cette union, nous voulons offrir des prestations techniques de bonne qualité à des coûts raisonnables», précise Claude Chabanel, directeur de Romande Energie et représentant de la Grande Dixence pour Hydro Exploitation.

D’où la nécessité, selon Claude Chabanel, de constituer un pôle centralisé. «Il regroupe, à Sion en Valais, toutes les compétences nécessaires au bon fonctionnement des exploitations».

Mais ce n’est pas tout. Hydro Exploitation a d’autres ambitions. Notamment celle d’attirer en son sein les ouvrages d’autres sociétés opérant en Valais et en Suisse romande, soit plus de 80 ouvrages de plus petites dimensions (centrales de rivières).

«Nos services, précise Claude Chabanel, peuvent effectivement être sollicités par tous les propriétaires d’installations».

Pas de licenciements

Toutefois, qui dit regroupement dit restructuration et très souvent pertes d’emplois.

Dans un premier temps, les 350 collaborateurs des trois sociétés (GD, EOS, FMV) vont intégrer Hydro Exploitation sans aucun licenciement, affirme la direction.

Cela dit, certains postes administratifs, laissés vacants suite à des départs à la retraite, ne seront pas repourvus.

Concurrence et libéralisation

Les producteurs d’électricité doivent obéir à une rude concurrence internationale (marché libre en Europe en juillet 2004), ainsi qu’à une situation délicate en Suisse. Le peuple a en effet refusé la libéralisation du marché lors d’une consultation le 22 septembre 2002.

De là à conclure que ce regroupement constitue une réponse directe à ces contraintes, il n’y a qu’un pas que se refuse à franchir Claude Chabanel.

«Cette synergie entre exploitants était décidée de longue date, dans le seul but d’améliorer la gestion technique des ouvrages hydroélectriques».

Pour appuyer son plaidoyer, le directeur de Romande Energie précise que «la gestion du courant et sa distribution reste l’apanage des propriétaires d’ouvrages».

Ainsi, l’électricité fournie par le barrage de la Grande Dixence est distribuée par cinq sociétés différentes dans toute la Suisse.

«En conséquence, que le marché soit libre ou non en Suisse, explique le directeur, n’a pas eu d’influence sur la création d’Hydro Exploitation».

Un choix de société

«Pour autant, conclut Claude Chabanel, le refus d’un marché libre par le peuple doit être pris en compte. Il faut simplement savoir si la Suisse énergétique doit rester un îlot isolé, ou si elle veut pouvoir commercer librement avec le reste du monde».

Quoiqu’il en soit, cette situation met quand même les producteurs d’électricité sous pression.

Hydro Exploitation en est conscient et compte bien mettre de nombreux atouts de son côté pour le futur.

Car parallèlement, Hydro Exploitation dispose d’une société de courtage, Avenis Trading. Sa mission consiste à acheter et à vendre l’électricité en Suisse et sur le marché international.

En fait, si les trois sociétés qui ont fondé Hydro Exploitation ont décidé d’isoler, dans des sociétés différentes, tous les métiers de l’électricité, c’est sans doute pour être apte à affronter un marché qui très probablement se libéralisera un jour.

swissinfo, Jean-Louis Thomas

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