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Le PS lance la campagne sur les bénéfices de la BNS

Les ténors du Parti socialiste se lancent dans la bataille. Keystone

Les socialistes montent au front pour défendre l'initiative qui propose d'affecter une partie des bénéfices de la Banque nationale (BNS) au financement des retraites.

Le gouvernement et une majorité du Parlement sont contre ce projet qui sera soumis au vote le 24 septembre et qui veut modifier la clé de répartition des bénéfices de la BNS.

Un jour avant le gouvernement, le Parti socialiste (PS) a démarré sa propre campagne en faveur de l’initiative populaire «Bénéfices de la Banque nationale pour l’AVS».

Ce texte a été lancé en 2002 par le Comité pour la sécurité de l’AVS (COSA), qui réunit des politiciens socialistes, verts, démocrates-chrétiens, chrétiens-sociaux et évangéliques.

Il demande de verser les bénéfices annuels de la BNS à l’AVS, à l’exception d’un milliard de francs réservé aux cantons.

Actuellement, les cantons et la Confédération se répartissent 2,5 milliards de francs par an, à raison de deux-tiers/un tiers.

Un à deux milliards de plus

En cas de oui lors de la votation du 24 septembre prochain, estime le président du PS Hans-Jürg Fehr, l’AVS toucherait entre un et deux milliards de francs supplémentaires par an dès 2007.

De quoi consolider ce premier pilier du système suisse de prévoyance sociale et le préparer à faire face aux coûts liés à l’évolution démographique, sans avoir besoin de recourir à une hausse de la TVA ou des cotisations salariales pendant dix ans au moins.

De quoi éloigner également, selon les défenseurs de l’initiative, la menace d’un relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans.

Le démantèlement social

En cas de non, estiment les socialistes, la question du vieillissement de la population resterait entier.

«On voit déjà maintenant que la majorité bourgeoise, emmenée par le ministre de l’Intérieur Pascal Couchepin, entend résoudre ce problème en réduisant les rentes, notamment en supprimant leur adaptation au renchérissement», avertit Hans-Jürg Fehr.

Et le président du PS de dénoncer la politique de «démantèlement social» menée par le Parti radical (droite) et l’UDC (droite dure).

Des craintes «ridicules»

«En 2020, 20% de la population aura 65 ans et plus et cette proportion passera à 25% en 2040», rappelle la députée Géraldine Savary. Et il serait injuste que les jeunes qui cotisent aujourd’hui ne puissent profiter demain d’une rente appropriée.

En consolidant l’AVS, on évite une «guerre des générations». L’initiative profitera à l’ensemble de la population, sans coûter un sou à l’économie, argumente encore la députée socialiste.

«De quoi les cantons, le patronat et les banquiers ont-ils peur?» lance de son côté le sénateur Michel Béguelin.

Pour lui, prétendre que l’indépendance de la BNS serait remise en cause est «ridicule», puisqu’elle restera garantie par la Constitution. En clair, la BNS continuera à définir sa politique monétaire et à fixer le montant des bénéfices distribués.

Les cantons n’ont pas à se plaindre

Quant aux cantons, ils continueront à toucher un milliard de francs par an sur les bénéfices de la BNS. C’est certes moins que les montants versés ces dernières années, mais toujours deux fois plus que ce qu’ils ont reçu en moyenne dans les années 90, souligne le député Rudolf Rechsteiner.

Après avoir touché un pactole de 14 milliards de francs l’an dernier sur les ventes d’or excédentaire de la BNS, conclut Hans-Jürg Fehr, «les cantons sont les derniers à avoir le droit de se plaindre».

swissinfo et les agences

– Généralement connue sous le sigle AVS, l’assurance-vieillesse et survivants forme le premier des trois piliers du système de prévoyance sociale suisse.

– L’AVS est obligatoire. Elle est financée à 80% par les cotisations des salariés et des employeurs. Le reste des fonds provient de la Confédération et des cantons.

– Elle doit permettre à la personne assurée de se retirer de la vie professionnelle à l’âge prévu (65 ans pour les hommes, 64 ans pour les femmes) en lui garantissant un certain minimum matériel.

– La rente de survivants doit, elle, empêcher que le décès d’un parent ou d’un conjoint n’entraîne des difficultés financières trop lourdes pour la famille.

En 2005, la BNS a réalisé un bénéfice total de 12,8 milliards de francs (contre 400 millions en 2004).
Bénéfice des ventes d’or: 7,5 milliards.
Bénéfice des placements en monnaies étrangères: 5,3 milliards
Bénéfice des placements en francs suisses: 300 millions de francs.

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