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Le sel vaudois pour la chimie valaisanne

Nichée au creux de la montagne, la saline du 18ème siècle sert encore aujourd’hui à la cristallisation du sel de Bex. swissinfo.ch

De Port-Valais, on avance vers le fond du Chablais. Dans cette plaine encore relativement large, dominée par les silhouettes majestueuses du Grand Muveran, des Dents de Morcles et des Dents du Midi – le second icône alpin du Valais après le Cervin -, c’est le Rhône qui marque la frontière entre les deux cantons.

Entre les villes vaudoise de Bex et valaisanne de Monthey s’est tiré à la fin du 19ème siècle un trait d’union jamais interrompu depuis: la canalisation de saumure qui relie la mine de sel aux usines chimiques.
C’est au sel vaudois que la chimie valaisanne doit sa naissance. Du sel, la chimie tire le sodium et la soude. Et depuis sa fondation, la société des Produits chimiques de Monthey, entrée plus tard dans le giron de CIBA (Chemiche Industrie BAsel), puis éclatée en Novartis, Ciba SC, et plus tard encore Syngenta, a toujours consommé du sel de Bex.

Le «saumoduc» transporte de la mine à l’usine une eau chargée de 30% de sel (l’eau de mer en a 3%). La saumure est donc quasiment saturée, ce qui minimise l’énergie que Syngenta doit utiliser pour évaporer l’eau et cristalliser le sel. Sur quatre kilomètres de tuyau en PVC, ce sont en moyenne 20’000 tonnes de saumure qui passent le Rhône chaque année, sans autre aide que la différence d’altitude entre la mine et l’usine.

La saline de Bex assure ainsi la moitié de ses ventes. La facture, toutefois, n’est pas envoyée à Monthey, mais… à Bâle.
Le marché du sel en Suisse est en effet encore régi par l’antique règle du monopole. Bex n’a le droit de vendre son sel que sur territoire vaudois, tandis que les 25 autres Etats s’approvisionnent aux salines du Rhin. Pour vendre son sel en Valais, la saline vaudoise doit donc passer par un artifice juridique et le vendre d’abord à Bâle, qui le revendra à Monthey.

A Bex, on est pourtant fin prêt pour l’ouverture du marché. Et on vise le créneau des sels de table aux herbes bio, vendues sous un emballage élégant. C’est dans ce secteur, minuscule en termes de quantités écoulées, mais à forte valeur ajoutée, que la saline entend se faire sa place.
Ce n’est d’ailleurs pas par hasard qu’elle a nommé à sa tête il y a deux ans un ancien cadre de Nestlé.

swissinfo, Marc-André Miserez à Bex

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