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Les firmes suisses ciblent les nouveaux Européens

Blesk, la version tchèque d'un produit suisse, lancée par l'éditeur Ringier. swissinfo.ch

Pour qui accepte le risque, les nouveaux membres de l’Union européenne (UE) sont une véritable terre d’élection. Plusieurs entreprises suisses y font déjà des affaires lucratives.

Parmi les centaines de firmes qui ciblent les 74 millions de nouveaux citoyens de l’UE figurent déjà Ringier, Hiestand et Novartis.

En Lituanie, Pologne, Slovaquie, Hongrie et dans d’autres pays de l’ex-bloc soviétique, la croissance économique atteint les 6% annuels. Ce qui profite immanquablement aussi à l’économie helvétique.

«Actuellement, les exportations de biens suisses vers l’ex-Europe de l’Est, ancienne Allemagne de l’Est non comprise, représentent presque 5% du total de notre commerce extérieur. Ce qui n’est de loin pas insignifiant», indique Stephan Meier, de l’Office suisse d’expansion commerciale (OSEC).

Désormais, la Pologne figure au onzième rang des principaux marchés européens de la Suisse, la République Tchèque au quatorzième, et la Hongrie au dix-septième.

Depuis l’effondrement du système communiste, les entreprises sont toujours plus nombreuses à investir directement dans ces pays.

Parmi elles, Ringier, éditeur du tabloïd alémanique à succès Blick et de l’hebdomadaire romand L’Illustré.

La semaine dernière, le groupe de presse helvétique a indiqué que les 11 journaux et 32 magazines en sa possession en République Tchèque, en Slovaquie et en Hongrie représentent plus du quart de son chiffre d’affaires. Autrement dit, quelque 227 millions de francs.

Petits et grands

Parmi les autres pionniers suisses dans la région, il faut citer le spécialiste de la préfabrication de produits boulangers Hiestand. Lequel s’est offert une boulangerie à Varsovie dès 1989.

Actuellement, la firme argovienne fabrique des produits congelés pour un montant de 20 millions de francs au sein d’une usine inaugurée il y a quatre ans en dehors de la capitale polonaise.

De la même manière, avec ses machines, Rieter sert l’industrie tchèque du textile depuis maintenant dix ans.

Ces «petits» ne sont évidemment pas les seuls à s’être laissés séduire par les opportunités à l’Est du continent. Des multinationales comme Nestlé, ABB ou Novartis sont également bien présentes dans ces régions.

Un pouvoir d’achat en hausse

Et la liste est vouée à s’allonger, estime Stephan Meier. «Les nouveaux membres de l’UE ont beaucoup de chemin à faire. Leur faible niveau de développement économique peut faire espérer des niveaux de croissance élevés – un peu comme en Chine.»

Stephan Meier rappelle aussi qu’en Suisse, le marché stagne. Ce qui pousse les entreprises du cru à investir à l’étranger. «Même avec la meilleure volonté du monde, il serait impossible pour la Suisse de croître aussi vite que ces pays».

Pour les entreprises suisses, la proximité est un facteur crucial qui rend les nouveaux membres de l’UE particulièrement attrayants. Il faut en effet à peine une heure d’avion depuis Zurich pour rejoindre Prague ou Varsovie.

Qui plus est, la classe moyenne de ces pays croît tous les jours, et avec elle, la demande pour les produits des pays occidentaux.

Aux dires de Stephan Meier, une secrétaire multilingue bien formée, employée par une société étrangère à Budapest, dispose potentiellement d’un pouvoir d’achat équivalent à celui de ses collègues de Berlin ou Munich.

L’élargissement: positif

Cela étant, l’entrée de ces pays dans l’UE est cruciale. Ils seront en effet contraints de lever toute une série de barrières administratives et techniques qui rendaient jusqu’ici la vie dure aux investisseurs européens.

Pour leur part, les firmes helvétiques profiteront du même accès à ces marchés qu’actuellement au sein de l’Union. Ce qui n’exclut pas les craintes de voir les concurrents français, allemands et d’autres pays membres profiter d’avantages peut-être déterminants.

Contrairement à leurs consœurs suisses, les entreprises de l’Union pourront par exemple profiter des fonds de développement européens destinés au ex-pays de l’Est. Ce dont certains groupe d’intérêts se sont déjà plaints.

Mais Stephan Meier est de l’avis que, tout bien pesé, l’élargissement de l’UE sera positif pour la plupart des entreprises. Sans compter que sur le plan politique, la création de nouveaux emplois à l’Est devrait prévenir un afflux de travailleurs vers l’ouest du continent.

«Nos investissements à l’étranger créent des emplois dans ces pays, explique Stephan Meier. Mais ils contribuent aussi à sauver l’emploi en Suisse (tâches administratives, créatives, etc.). Il ne faut donc pas trop craindre d’être submergés par les demandeurs d’emplois de l’est».

swissinfo, Jacob Greber
(traduction: Pierre-François Besson)

– Ringier, Hiestand, Novartis, Nestlé et Roche font partie des centaines d’entreprises qui ont déjà investi dans les nouveaux pays membres de l’Union européenne.

– L’arrivée de 74 millions de consommateurs potentiels est perçue comme une chance à saisir en termes commerciaux et financiers.

– Les produits suisses exportés vers les nouveaux membres de l’UE représentent actuellement presque 5% du total des exportations helvétiques.

– La Pologne figure au onzième rang des principaux marchés européens de la Suisse, la République Tchèque au quatorzième et la Hongrie au dix-septième.

– Ringier – l’éditeur du Blick et de l’Illustré – tire un quart de son chiffre d’affaires de ses investissements à l’Est.

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