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Les relations sino-suisses sont au beau fixe

Micheline Calmy-Rey durant sa rencontre avec Li Zhaoxing. Keystone

La ministre suisse des affaires étrangères a reçu jeudi à Berne son homologue chinois, qui a défendu la politique de son pays en matière de droits humains.

Cette visite de Li Zhaoxing a confirmé l’excellent état des relations entre les deux pays. L’incident de 1999 n’est désormais plus qu’un mauvais souvenir diplomatique.

Lors d’une courte escale en Suisse jeudi, le ministre chinois des affaires étrangères s’est entretenu avec son homologue suisse Micheline Calmy-Rey et le président de la Confédération Moritz Leuenberger.

Mis sur le grill par les journalistes sur la question des droits de l’homme, le ministre chinois a fait observer que «la Chine a signé beaucoup plus de conventions en matière des droits de l’homme que les Etats-Unis».

Li Zhaoxing a cependant reconnu que le processus est long, que la Chine y travaille intensément et qu’«il reste encore beaucoup à faire» dans ce domaine, en collaboration avec la Suisse notamment.

La cheffe du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) Micheline Calmy-Rey a confirmé que le dialogue mené par les deux pays depuis 1991 «a permis une meilleure compréhension» de part et d’autre.

Intensifier le dialogue

Selon la ministre, «la Suisse et la Chine souhaitent intensifier et structurer leurs relations basées sur deux principes: le dialogue politique, qui comprend la question des droits humains, la coopération économiques et la collaboration scientifique.»

«Durant notre rencontre, a aussi noté la ministre, nous avons mis la question des droits humains sur la table. Et nous pouvons dire qu’avec notre partenaire chinois, il est possible d’en parler sans tabou.»

Outre le domaine des droits de l’homme, l’économie, la science et l’éducation sont concernés par notre coopération, a indiqué la ministre.

«La Suisse est un des rares pays dont le solde de la balance commerciale avec la Chine est positif. Pour renforcer ces relations dans le cadre des pays de l’AELE, nous évaluons la possibilité de conclure un accord de libre-échange avec ce pays», explique la ministre.

Micheline Calmy-Rey souligne aussi la volonté «d’ouvrir prochainement une Swiss science house à Shanghai et celle de développer dès 2008 un programme commun dans le domaine de la recherche et l’éducation».

Une longue amitié

La visite en Suisse de Li Zhaoxing confirme que les relations entre les deux pays sont aujourd’hui excellentes, comme dans les années nonante, avant le couac diplomatique sur la question tibétaine du 24 mars 1999 à Berne.

Dès 1950, la Suisse fut l’un des tout premiers pays européens à reconnaître la République populaire de Chine. Un geste très apprécié par le régime communiste et qui a ouvert à la voie à un premier accord commercial (en 1974) et à un renforcement rapide des rapports économiques dès l’ouverture du marché chinois opérée après la mort de Mao.

Mais en 1999, alors que les deux pays s’apprêtaient à commémorer leurs 50 ans d’«amitié», un incident diplomatique est venu perturber l’intense dialogue mis sur pied au cours des années précédentes, un dialogue qui comprenait ponctuellement également la question des droits de l’homme.

Une manifestation pro-tibétaine faite durant la visite à Berne du président chinois Jiang Zemin avait provoqué la colère de l’hôte du gouvernement suisse. Celui-ci avait même déclaré que la Suisse «avait perdu un ami».

La diplomatie s’est alors appliquée à faire oublier cet épisode délicat. Pour leur part, les relations économiques entre les deux pays n’ont guère souffert de cette brouille.

Croissance des échanges

Au cours de ces dernières années, la Chine est devenue le deuxième partenaire économique de la Suisse en Asie, après le Japon. Il s’agit même du principal partenaire avec l’inclusion de Hong Kong.

Les exportations suisses vers le marché de la Chine continentale ont enregistré des croissances annuelles supérieures à 20%. Elles ont par conséquent plus que doublé depuis l’an 2000.

L’économie chinoise est particulièrement friande des machines suisses, qui représentent plus de 50% des exportations helvétiques vers l’Empire du milieu. Mais les Chinois apprécient également les montres, les médicaments et des produits chimiques.

Une croissance pratiquement analogue a aussi été enregistrée dans le secteur des importations de produits chinois, dont la valeur est passée de 418 millions de francs en 1990 à plus de 3 milliards en 2005. La Suisse importe surtout des machines, mais aussi des textiles.

Alors que la Suisse continue à faire affluer des capitaux vers la Chine – 5 milliards à la fin 2004 – l’industrie suisse du tourisme attire un nombre croissant d’hôtes chinois avec même un bond de 100% l’an dernier.

swissinfo

1950: la Suisse est parmi les premiers pays occidentaux à reconnaître la République populaire de Chine.

1974: premier accord commercial.

1980: le constructeur suisse d’ascenseurs Schindler conclut la première «joint venture» entre une firme chinoise et une firme suisse.

1996: première visite en Chine d’un président de la Confédération. Jean-Pascal Delamuraz se rend à Pékin et à Shanghai.

1999: incident diplomatique à cause d’une manifestation pro-tibétaine lors de la visite du président chinois Jiang Zemin à Berne.

2003: visite à Pékin du président de la Confédération Pascal Couchepin.

La Chine est le cinquième client de produits suisses dans le monde.
Les exportations suisses vers la Chine sont passées de 415 millions de francs en 1990 à 3,075 milliards en 2004.
Les importations sont passées de 418 millions en 1990 à 2,827 en 2004.
La Suisse est le 15ème investisseur en Chine avec un flux de capitaux équivalent à 5 milliards de francs à fin 2004.

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