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Les vignerons n’ont pas à rougir de leur cuvée

La Suisse produit désormais plus de rouge que de blanc. Keystone Archive

Les vins suisses du millésime 2004 sont aussi prometteurs que ceux de 2003, qui fut une année exceptionnelle.

Les vendanges ont donné davantage de moût que l’an passé. Le beau temps de cet automne a compensé un été maussade et favorisé la maturation du raisin.

«Le millésime 2004 aura été celui de toutes les peurs», explique Philippe Herminjard, de la Section cultures spéciales et économie vinicole de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG).

Jusqu’à la fin du mois d’août, les mauvaises conditions météo laissaient présager une petite année en comparaison de l’excellent millésime 2003. «Heureusement, le mois de septembre a été exceptionnel et propice à la maturation du raisin», ajoute le spécialiste de l’OFAG..

Parfois même meilleur que 2003

«Le millésime 2003 a été excellent, mais pas forcément homogène. Avec le 2004, on est à nouveau au-dessus de la mêlée, avec des vins plus immédiatement appréciables», ajoute Philippe Herminjard.

Ainsi, l’année 2003 avait été fameuse dans les régions les moins favorisées, de Genève à Schaffhouse. Mais dans le Lavaux, le Chablais ou le Valais, les vignes ont parfois souffert de la sécheresse.

Cette année, c’est un peu l’inverse. Le Chasselas 2004, par exemple, pourrait bien dans un premier temps présenter un équilibre et une vivacité supérieurs à celui de 2003.

Directeur de l’Interprofession valaisanne de la vigne et du vin, Pierre Devanthéry confirme: «Nous avons eu une vendange normale en quantité. La qualité est excellente, dans la ligne du millésime 2000, qui avait été exceptionnel. Rien à envier à l’année 2003».

Le rouge progresse

Les dernières vendanges ont donné 116 millions de litres de moût, soit près de 19 millions de litres de plus que l’an dernier. Les vignerons ont produit 60,5 millions de litres de vin rouge et 55,4 millions de litres de blanc.

Jusqu’aux vendanges 2002, la Suisse produisait davantage de blanc que de rouge. Cette année, la surface des blancs a reculé de 77 hectares et le rouge en a grignoté 84.

Ce changement découle de l’adaptation de la production à la demande, grâce notamment au soutien aux reconversions du vignoble apporté par la Confédération et certains cantons.

Le Chasselas et le Müller-Thurgau laissent ainsi de plus en plus la place à des cépages mieux adaptés aux goûts des consommateurs.

Des vins de gastronomie


Cette évolution favorise l’émergence des spécialités. En Valais, par exemple, où se trouvent près du tiers des vignes suisses, on joue à fond la carte du cépage local «oublié».

«Notre climat exceptionnel est très favorable aux spécialités, note Pierre Devanthéry. Désormais, elles représentent plus d’un cinquième de la production du canton, avec une belle progression des deux cépages vedettes que sont la Petite Arvine et le Cornalin».

«Pour mémoire, ajoute le directeur de l’Interprofession valaisanne, nous avons bénéficié entre avril et octobre de 1546 heures de soleil. C’est certes 200 de moins qu’en 2003, mais 100 de plus qu’en 2002».

En Suisse alémanique et en région fribourgeoise ou genevoise, le Pinot gris ou blanc, ainsi que le Gamaret et le Garanoir, dans les rouges, commencent à se faire leur place.

Le vignoble genevois se veut d’ailleurs très «international». «On y trouve quasiment tous les cépages du monde», relève Philippe Herminjard. Dans le canton de Vaud, par contre, on reste passablement fidèle au Chasselas.

Globalement, ces évolutions favorisent la qualité, ce qui permet à l’OFAG de noter que «les vins suisses se profilent toujours plus comme des vins de gastronomie».

swissinfo et les agences

Avec 5200 hectares, c’est le Valais qui a la plus grande surface de vignes du pays.
Vaud vient en seconde position, avec 3900 hectares.
En Suisse alémanique, le canton de Zurich vient en tête, avec un peu plus de 600 hectares.
Le Tessin a environ 1100 hectares de vigne.

– La vendange 2004 a produit 116 millions de litres de moût, soit 18,9 millions de litres de plus qu’en 2003.

– En 2003, les vignerons suisses ont produit pour la première fois plus de vin rouge que de vin blanc. Cette différence s’est encore creusée cette année: 60.5 millions de litres de rouge et 55.4 millions litres de blanc.

– La tendance est également à adopter de nouveaux cépages afin de mieux répondre à la demande de la consommation actuelle

– La production annuelle du vignoble helvétique tourne généralement autour de 200 millions de bouteilles. Seuls 1% des vins suisses sont exportés à l’étranger.

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