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Marine suisse en haute mer!

La magie de la mer? Une maquette à Prangins. swissinfo.ch

Le pavillon suisse flotte sur les océans… Car la Suisse a sa marine marchande, officiellement depuis 1941.

Le Musée national suisse, au Château de Prangins, lui consacre une exposition.

«Marine suisse». La chose sonne comme une galéjade marseillaise. «Oh, vé, peuchère, tu es de la marineu suisse? Fan de chichoune!» La Suisse n’a pas d’accès direct à la mer, chacun le sait. Et pourtant, la marine marchande battant pavillon rouge à croix blanche existe.

C’est à ce corps de métier et à cette histoire méconnus que l’extension romande du Musée national suisse, le château de Prangins (VD), consacre une exposition intitulée «Croix suisse en haute mer – la marine marchande suisse de 1941 à nos jours».

De l’état d’urgence à l’état de fait

Evidemment, les relations entre la Suisse et la mer remontent à bien avant cette date.

Dès le 17e et le 18e siècles, et dans le courant du 19e, la banque et le négoce sont largement engagés dans le commerce maritime. Des armateurs sont basés dans la Confédération, mais aucun bateau ne bat pavillon suisse.

«En 1941, la situation est devenue dramatique. Il n’y avait pour ainsi dire plus de flotte marchande neutre. La Suisse a donc été forcée, brusquement, de créer une flotte marchande», explique François de Capitani, conservateur du musée.

Ce sera donc, sur décision du gouvernement, l’arrêté fédéral d’urgence du 9 avril 1941, date officielle de la création de la marine marchande helvétique.

Les armateurs suisses font naviguer leurs bâtiments sous pavillon suisse, mais c’est la Confédération, dotée désormais d’un Office de la navigation, qui achète les bateaux pour assurer l’approvisionnement du pays.

Les océans, faut-il le rappeler, ne sont pas de tout repos, à l’époque. La neutralité des bateaux suisses a-t-elle été respectée? «En général, oui. Il y a eu des accidents, un bateau a été bombardé. Mais en principe, chaque jour, la Suisse communiquait aux amirautés des deux parties la position des bateaux suisses afin d’éviter des agressions», répond François de Capitani.

Parallèlement, le Comité international de la Croix-Rouge se dote de trois bateaux pour assurer le lien entre les prisonniers de guerre, les internés et leurs pays d’origine.

Le droit d’urgence en matière maritime a été remplacé en 1957 par la loi fédérale sur la navigation maritime sous pavillon suisse. Non sans quelques remous, d’ailleurs.

Prangins by the sea

L’exposition du Musée national suisse s’étend sur deux salles. La première, à l’ambiance bleutée, est décorée de pavillons nautiques. Et si les murs arborent plusieurs panneaux explicatifs, c’est vers les superbes maquettes que se dirige d’abord le regard.

Car les armateurs aiment à faire réaliser une maquette de chaque bateau qu’ils possèdent… Alors la flotte helvétique s’expose là, bateaux marchands des années quarante, ou monumental porte-containers d’aujourd’hui…

Dans la salle voisine, hormis le gigantesque modèle réduit du «Neuchâtel», réalisé par son capitaine, le souvenir est moins rutilant, davantage patiné par les embruns et axé sur une mémoire vécue. Drapeau suisse usé par les vents, éléments de bateaux de la Croix-Rouge, vestes de sauvetage, équipements radio d’époque.

Ou des documents de marins, comme ce livre de bord, touchant, où figurent des dessins illustrant des «Rettungsboots-Uebungen», c’était sur le Rio Grande, le 27 mai 1957…

Des films illustrent également la vie à bord.

Aujourd’hui

Le présent de la marine nationale suisse, c’est environ 26 navires – cargos, porte-containers, citernes. Environ, car le nombre de bâtiments fluctue régulièrement. Mais de nombreux bateaux étrangers sont également gérés par des armateurs suisses.

Dans les années 40, la flotte suisse comptait 14 bateaux. Il y a eu une énorme augmentation de leur nombre dans les années 50 et 60, «grande époque de la marine suisse». Puis une diminution dès les années 80. Par contre, le tonnage, lui a augmenté de manière stupéfiante.

«Les capacités de transport, à l’époque de la guerre, étaient beaucoup plus limitées qu’aujourd’hui, avec les immenses bateaux qui naviguent actuellement», constate François de Capitani.

Augmentation du fret… Mais quasi-disparition des marins suisses. Aujourd’hui, ils ne seraient plus qu’une douzaine sur plus de 400 navigants… Le métier n’est pas assez connu en Suisse, avance François de Capitani.

Ou alors la mer ne ferait-elle plus rêver les continentaux que nous sommes? Si. Mais en version plus aseptisée. Et puis la concurrence existe, sur mer comme sur terre: sans doute les prétentions salariales ne sont-elles pas les mêmes chez les matelots d’ici et les matelots d’ailleurs.

swissinfo, Bernard Léchot

«Croix suisse en haute mer – la marine marchande suisse de 1941 à nos jours». Musée national suisse – Château de Prangins, jusqu’au 1er février 2004.

– Le Musée national suisse, au Château de Prangins, propose une exposition intitulée «Croix suisse en haute mer – la marine marchande suisse de 1941 à nos jours».

– Car si la Suisse a toujours eu des liens commerciaux avec le trafic maritime, c’est en 1941 qu’a été officiellement créée la marine marchande helvétique.

– Aujourd’hui, ce sont environ 26 bateaux (cargos, porte-containers, citernes) qui sillonnent les mers en battant pavillon rouge à croix blanche.

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