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Prix trop élevés: la faute aux cartels

Actuellement, une bonne partie de l'argent des consommateurs suisses file à l'étranger. swissinfo C Helmle

Le Parlement fédéral doit débattre d'une nouvelle loi sur les cartels.

Grâce à une interdiction des accords cartellaires, les prix pourraient dégringoler en Suisse

Durant ces dix dernières années, les Suisses ont payé de nombreux biens de consommation plus chers que leurs voisins étrangers.

Normal, en matière de garantie et de qualité des produits, ils seraient plus exigeants.

N’empêche, depuis longtemps déjà, les organisations de consommateurs montent aux barricades. Et, depuis le début de cette année, c’est la presse qui a pris le relais.

Bref, tout le monde attend une nouvelle loi sur les cartels. Reste à savoir à quelle sauce sera mangé ce projet et surtout quand les prix baisseront.

Le tourisme des consommateurs

«Les cartels ne sont rien d’autre qu’une organisation de voleurs qui opèrent au détriment des consommateurs, lance la sociale-démocrate Simonetta Sommaruga. Le maintien de prix trop élevés est dommageable.»

Et d’ajouter. «Le tourisme des consommateurs affaiblit l’économie, le commerce et les entreprises suisses.».

C’est vrai, actuellement, une bonne partie de l’argent des consommateurs suisses file à l’étranger. Notamment dans les régions frontalières.

Michael Beer habite dans la région de Bâle. Il se rend tous les deux mois dans un supermarché allemand. «Les articles de marque, dit-il, sont les mêmes qu’en Suisse, mais leurs prix sont plus bas.»

En Suisse, par exemple, un produit de douche coûte 6,50 francs. Alors qu’en Allemagne voisine le consommateur en achète deux flacons identiques pour 3 euros seulement (4,50 francs).

Résultat: chaque année, à cause de la politique des prix pratiquée en Suisse, quelque 5 milliards de francs sont dépensés à l’étranger.

Il s’agit d’un gros manque à gagner pour l’économie helvétique. D’autant que les consommateurs ne sont pas les seuls à en faire les frais. Les hôteliers, les restaurateurs, les distributeurs sont eux aussi touchés.

Une étude de l’Institut bâlois de recherche sur la conjoncture démontre que le prix des marchandises qu’ils importent est environ 30% plus cher que dans le reste de l’Europe.

Raison pour laquelle, malgré des marges serrées, Migros peut vendre à Annemasse (France) ou à Lörrach (Allemagne) les mêmes articles qu’en Suisse à un meilleur prix.

Accords verticaux ou horizontaux

Les achats à des prix de gros sont fondés sur ce que l’on appelle les accords verticaux. Le fabricant indique aux grossistes dans quelles régions et à quels prix ils doivent revendre un produit.

Il s’agit, en l’occurrence, d’un cartel vertical qui fonctionne du haut vers le bas. C’est le cas, par exemple, pour les autos et les montres.

Mais il y a également le cartel horizontal. Dans ce cas, différents fournisseurs harmonisent leur concurrence et s’entendent sur les prix.

Lorsque ce genre d’accord tombe, la concurrence augmente. Et logiquement les prix chutent.

Mais tout devrait changer bientôt. La révision de la loi sur les cartels devrait en effet permettre les importations parallèles et interdire les accords verticaux et horizontaux.

Et, en cas d’infraction, les amendes devraient être sévères. Elles pourraient atteindre jusqu’à 10% du chiffre d’affaires enregistré par le contrevenant au cours des trois dernières années.

Ailleurs, de telles peines sont tout à fait normales. Pour preuve, l’amende salée infligée il y a quelques mois par l’Union européenne et les Etats-Unis à Roche pour un accord passé sur le prix des vitamines.

Aujourd’hui, en Suisse, la commission de la concurrence (ComCo) peut réagir contre les infractions au droit cartellaire uniquement en cas de récidive. Mais, après la révision de la loi, elle pourra prononcer des peines salées dès la première entorse au règlement.

swissinfo/Christian Raaflaub

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