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Progrès modestes face aux «douze salopards»

Greenpeace demande aux fabricants d'ordinateurs de ne plus utiliser de produits chimiques dangereux. Keystone Archive

A Genève, la Suisse n'a pas obtenu les appuis suffisants sur sa formule pour une meilleure coordination dans la lutte contre les produits chimiques dangereux.

Mais au terme d’une semaine de travaux vendredi, la partie suisse relevait que les pays présents se sont engagés à faire progresser ce combat.

Les Suisses proposaient que les secrétariats des Conventions de Stockholm (produits chimiques les plus toxiques), de Bâle (exportation des déchets dangereux) et de Rotterdam (commerce des produits chimiques dangereux) soient dirigés par une seule personne.

Plus de 600 représentants de 130 pays, de l’industrie et des ONG étaient réunis depuis lundi à Genève pour cette deuxième conférence des Etats parties à la Convention de Stockholm.

Ladite convention, entrée en vigueur il y a deux ans, interdit une liste de douze produits chimiques et pesticides: les polluants organiques persistants (POP).

Ces «douze salopards» demeurent intact dans l’environnement à très longue échéance et s’accumulent dans les organismes vivants.

Au final, un membre de la délégation suisse a précisé à swissinfo que la proposition suisse n’avait pas bénéficié du consensus nécessaire pour être adoptée.

La proposition suisse s’est heurtée à de nombreuses objections. Divers pays ont eu peur d’une plus grande synergie et préféré trois petites conventions à un grand organisme plus indépendant. Aussi bien les Etats-Unis que des pays en développement ont critiqué ce projet.

Certains pays ont fait valoir qu’ils sont membres d’une Convention, et non de l’autre. Certains experts ont aussi dit redouter une perte d’autonomie sur le plan national.

Des résultats d’ici 2009

Le processus n’est pas enterré, fait toutefois remarquer le chef de la section des Affaires globales de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) Franz Perrez. Ce dernier relève que la collaboration entre les trois conventions s’améliore. Il dit espérer que la situation se décantera d’ici trois ans.

Autre représentant de l’OFEV, Georg Karlaganis indique à swissinfo qu’un groupe de travail doit maintenant réexaminer de nouvelles pistes afin de mieux coordonner les efforts de lutte. Il devrait présenter ses résultats d’ici 2009.

Le même Georg Karlaganis relève aussi certains progrès – une décision a notamment été prise pour interdire le DDT.

Cette décision a suivi de «longues discussions avec les pays touchés par la malaria», étant donné que ces derniers utilisent le DDT pour combattre la maladie.

Des critères rigoureux

En définitive, les délégations ont approuvé un accord-cadre qui permet des exemptions pour le DDT et les onze autres POP. Mais sur la base de «critères rigoureux».

Pour le reste, la conférence n’a pas beaucoup avancé sur le plan de la mise en oeuvre de la Convention, indique Franz Perrez. Explication: les résistances d’un certain nombre de délégations.

De grands pays en développement, comme l’Inde, la Chine et le Brésil, n’ont pas intérêt à une plus grande transparence et veulent garder les mains libres.

Un plan de mise en oeuvre

En vertu de la Convention de Stockholm, chaque Etat partie est tenu d’élaborer un plan de mise en oeuvre dans les deux ans qui suivent son adhésion. La Suisse a remis le sien à l’occasion de cette conférence.

Elle affirme dans son rapport avoir interdit la mise sur le marché et l’utilisation de dix POP de fabrication industrielle. Pour les autres substances, elle s’engage à éviter la formation involontaire de dioxines polychlorées et furanes au cours de certains procédés de combustion, comme l’incinération des déchets.

S’agissant des transformateurs et des condensateurs contenant des PCB, l’élimination des premiers est déjà achevée alors qu’elle est bien avancée pour les seconds, indique l’OFEV.

Plusieurs autres pays ont présenté leurs plans de mise en oeuvre. Les pays en développement sont cependant beaucoup moins avancés dans ce domaine et manquent de ressources financières pour utiliser des produits de remplacement.

swissinfo et les agences

Douze produits sont concernés par la Convention de Stockholm:
Aldrine, chlordane, DDT, dieldrine, endrine, heptachlore, mirex et toxaphène (pesticides) Dioxine et furanes (sous-produits industriels)
PCB (subtances chimiques et industrielles)
Les produits principaux devant y être ajoutés:
Ether pentabromodiphenylique, chlordécone, hexabromobiphenyl, lindane et sulfonate de perfluorooctane.

– La Convention de Rotterdam traite du commerce international de quelques produits chimiques dangereux. Selon ce traité, l’exportation des produits hautement toxiques est uniquement autorisée si le pays importateur y a donné son accord préalable en toute connaissance de cause.

– La Convention de Stockholm vise la réduction des polluants organiques persistants (POP), un groupe de composés chimiques qui se dégradent très lentement dans l’environnement (parmi lesquels le DDT, les PCD et la dioxine).

– La Convention de Bâle traite du contrôle des mouvements transfrontaliers et déchets dangereux et de leur élimination.

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