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Quatre jours pour sortir de l’impasse à l’OMC

Le ministre suisse de l'Economie Joseph Deiss lors de la conférence de presse du G10 à Genève. Keystone

La conférence ministérielle l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à débuté jeudi à Genève. Elle va tenter de débloquer les négociation sur la libéralisation, notamment du marché agricole.

Le ministre suisse de l’Economie Joseph Deiss plaide pour la solution de compromis avancée par le groupe des pays importateurs agricoles (G10).

Le groupe des pays importateurs agricoles (Suisse, Liechtenstein, Japon, Corée du Sud, Norvège, Taïwan, Maurice, Israël et Islande) continue de s’opposer au plafonnement des droits de douanes sur les produits agricoles. Le G10 – c’est le nom donné à ce groupe – souhaite obtenir des exceptions pour un certain nombre de produits sensibles.

Ministre de l’Economie et de l’Agriculture, Joseph Deiss a clairement indiqué que le G10 était déterminé à défendre sa position sur des sujets cruciaux, tels que l’accès aux marchés. A ses yeux, la proposition du G20 (groupe mené par le Brésil et l’Inde) de réduire de 54% les droits de douane reste trop ambitieuse.

Pas acceptable

«La proposition du G20 n’est pas une base acceptable pour trouver une zone d’atterrissage», a affirmé Joseph Deiss en indiquant que le G10 est «au sud» de l’Union européenne, c’est-à-dire souhaite une moindre ouverture des marchés agricoles.

«Nous sommes arrivés à un moment crucial. La tâche est considérable, a déclaré le ministre suisse lors d’une conférence de presse. Nous sommes prêts à apporter notre contribution, mais nous sommes déterminés à défendre notre position.»

Interrogé sur la possibilité d’un accord, le chef de la délégation suisse Luzius Wasescha a quant à lui estimé à 7% les chances de succès. «Ce qui prouve que je suis optimiste, puisque certains journalistes évaluent les chances à 3%», a-t-il dit.

Les ministres du G10 ont néanmoins exprimé leur détermination à conclure le cycle lancé à Doha en novembre 2001. «Il est nécessaire que les principales puissances commerciales trouvent un terrain d’entente», a affirmé Joseph Deiss, une allusion aux revendications des Etats-Unis et de l’Union européenne qui se relancent la balle.

Lien étroit

Joseph Deiss a expliqué qu’il y a un «lien étroit» entre la formule de réduction moyenne des droits de douane agricoles et la liste des produits sensibles qui bénéficieront de droits plus importants. Le G10 et l’Union européenne discutent d’une liste commune de produits, a-t-il annoncé.

«Elle doit encore être approuvée, mais j’espère qu’elle sera prête pour la réunion de la green room», a dit Joseph Deiss. Le G10 veut aussi le maintien de la clause de sauvegarde.

La plupart des groupes (G6, G90, G33, G20, UE) se réunissaient jeudi avant que les négociations commencent vendredi en comité restreint («green room») avec le directeur général de l’OMC Pascal Lamy.

Point critique

Les 149 pays membres de l’OMC doivent se mettre d’accord sur les modalités chiffrées des réductions de droits de douane pour l’agriculture et les produits industriels. Or un échec pourrait se traduire par la ruine des négociations dites du Cycle de Doha qui durent maintenant depuis plus de quatre ans.

«Nous en sommes à un point critique et notre tâche est considérable, a jugé Joseph Deiss. Le coût d’un échec pourrait être sérieux pour l’économie mondiale dans son ensemble ainsi que pour les pays en voie de développement.»

Les ministres présents à Genève ont jusqu’à dimanche pour tenter de se mettre d’accord.

swissinfo et les agences

– Les 149 membres de l’OMC négocient une plus grande libéralisation des échanges commerciaux internationaux dans le cadre du «Cycle de Doha» lancé en 2001.

– Les négociations, qui devraient aboutir à la signature d’un accord au premier semestre 2007, butent surtout sur des divergences dans le dossier agricole.

– En décembre dernier, à Hong Kong, les ministres s’étaient entendus sur la suppression dès 2013 des subventions accordées aux exportations des produits agricoles.

– Les pays les plus développés s’étaient engagés à exempter de taxes et de contingentements 97% des produits provenant des pays les plus pauvres.

– La Suisse assume une position défensive dans le dossier agricole, mais milite pour une libéralisation des services et pour une diminution des taxes douanières sur les produits industriels.

Les paysans suisses se battent contre une libéralisation trop rapide du secteur agricole. Ils considèrent qu’il s’agit d’une nouvelle menace pour leurs exploitations.
Ces 15 dernières années, 30’000 exploitations ont fermé.
Aujourd’hui, 120’000 personnes travaillent dans l’agriculture contre 420’000 dans les années 60.
Mercredi dernier, une étude de l’OCDE indiquait que les paysans suisses étaient ceux qui recevaient le plus d’aides étatiques parmi les pays membres de l’organisation.

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