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Révélations sur le crash d’un avion Crossair

La question reste de savoir pourquoi les pilotes ont perdu le contrôle de l'appareil. Keystone

Le crash du Saab de Crossair le 10 janvier 2000 à Nassenwil (ZH) n'est pas dû à des défaillances techniques.

Pour l’heure, c’est la seule et unique certitude qui ressort des informations rendues publiques vendredi par les enquêteurs.

L’enquête sur le crash qui a coûté la vie aux trois membres d’équipage et aux sept passagers du vol LX498 est terminée.

Mais ses résultats complets ne seront publiés qu’à l’automne.

Pour l’heure, le Bureau d’enquêtes sur les accidents d’aviation (BEAA) a transmis une mouture provisoire de son rapport final aux parties concernées.

Les proches des victimes ont jusqu’au 12 septembre pour faire part de leurs objections.

«Aucun indice ne permet de conclure que l’aptitude à la navigabilité de l’avion était diminuée au moment de l’accident, ou que des défauts ou des pannes techniques aient pu concourir à l’accident», relève le BEAA.

Un pilote sous calmant

La question est donc de savoir pourquoi les pilotes ont perdu le contrôle de l’appareil.

A ce sujet, les enquêteurs ont confirmé que le commandant avait pris du Phenazepa, un calmant de marque russe, dont les effets seraient similaires à ceux du Valium.

Un emballage entamé a été retrouvé dans ses bagages et des traces de la substance active sont apparues dans ses muscles à l’autopsie.

Mais ces découvertes ne permettent pas de dire si le pilote était sous l’influence du médicament au moment de l’accident.

Le Phénazepam se dégrade très lentement et des traces peuvent subsister dans le corps plusieurs jours après que son effet a pris fin.

De plus, pris régulièrement, ce produit n’entraîne normalement pas de réduction des capacités.

Une autre culture

Les enquêteurs se sont aussi penchés sur la formation des pilotes et leurs connaissances techniques.

Certes, le pilote (moldave) et le copilote (slovaque) avaient reçu une formation leur permettant de manier des avions occidentaux.

Mais leur formation de base reposait sur la philosophie de vol russe.

Or, des différences existent, en particulier dans la conception des instruments et dans la représentation de l’horizon artificiel.

En outre, les Russes mettent l’accent sur les performances humaines plutôt que sur la technique.

Et ils ont généralement une confiance très limitée dans le pilotage automatique.

Cela pourrait expliquer pourquoi le commandant de bord avait renoncé à utiliser le pilote automatique.

Facultative à l’époque, son utilisation est devenue obligatoire lorsque les pilotes se trouvent dans une phase de vol impliquant énormément d’attention.

Un virage à droite

Enfin, selon les enquêteurs, le copilote a oublié d’introduire dans le système de gestion de vol la donnée nécessaire pour que l’avion effectue un virage vers la gauche, comme ordonné par la tour de contrôle.

L’appareil a alors amorcé un virage vers la droite. Il a ensuite entamé une descente en spirale.

Et il s’est écrasé dans un champ, deux minutes et dix-sept secondes après avoir décollé de l’aéroport de Zurich.

Des leçons à tirer

Le patron de l’ancienne Crossair André Dosé rappelle que la nouvelle compagnie Swiss n’a pas attendu ce rapport d’enquête pour prendre des dispositions.

Elle a notamment réalisé un audit des opérations aériennes sous la direction d’experts internationaux.

Résultat: la procédure de recrutement des pilotes a été modifiée, les formations initiales et continues ont été améliorées, et la répartition des tâches entre commandant et copilote a été corrigée.

swissinfo avec les agences

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