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Retour dans les chiffres noirs pour UBS

Le patron d'UBS Oswald Grübel affiche un optimisme prudent. Keystone

UBS pourrait délocaliser une partie de ses activités afin d’échapper à un durcissement des réglementations. Objectif: préserver sa compétitivité en transférant les opérations à risque dans un pays moins sourcilleux. Cette annonce a été faite lors de la présentation du premier résultat positif depuis 2006.

Mardi à Zurich, le grand patron Oswald Grübel s’est plaint des inégalités en matière de régulations qui vont probablement affecter le système bancaire. Alors que divers pays appliquent leurs propres règles pour parer à un nouvel effondrement financier, la Suisse est en train de confectionner des conditions extrêmement sévères.

Plus strictes que les conditions prévalant au niveau international, les propositions («Swiss finish») émises par la Suisse exigent d’UBS et de Credit Suisse des réserves en capitaux trois fois supérieures aux standards internationaux.

Pour échapper à cette exigence coûteuse, Oswald Grübel envisage de déplacer la banque d’investissement du groupe dans un autre pays.

Pas de séparation

«Si, en matière de capital, les exigences d’autres pays ne dépassent pas la moitié des conditions suisses, nous pourrions avoir à mener certaines opérations dans ces pays afin de rester compétitifs», a précisé Oswald Grübel lors de la publication des résultats annuels d’UBS. De même pour la gestion de fortune par exemple, si la clientèle s’intéresse à des produits plus risqués, nous devrons pouvoir y répondre ailleurs (qu’en Suisse)».

Tout en évoquant des destinations telles que la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis, Oswald Grübel a reconnu toutefois qu’il faudra encore attendre des mois pour connaître le détail des nouvelles régulations. Le parlement doit notamment se prononcer cette année.

Le patron du géant bancaire a précisé qu’une délocalisation partielle n’aboutirait ni à une scission du groupe, ni à une dissolution de sa stratégie d’étroite coopération entre divisions. Mais il s’est refusé à donner des détails concrets.

Retour aux chiffres noirs

 

Cela dit, UBS a renoué avec les chiffres noirs l’an dernier, pour la première fois sur un exercice entier depuis 2006. Le numéro un bancaire helvétique a dégagé un bénéfice net de 7,16 milliards de francs, contre une perte de 2,74 milliards en 2009.

Au vu des 29 milliards de pertes cumulées entre 2007 et 2009 au titre de la crise financière, puis du conflit fiscal avec les Etats-Unis, le redressement est spectaculaire. Toutefois, Oswald Grübel s’est voulu prudent en présentant ces résultats 2010.

La performance d’ensemble n’est pas entièrement satisfaisante et la banque devrait encore s’améliorer, a conclu l’Allemand.

En matière de bonus, UBS allouera 4,32 milliards au titre de l’exercice 2010, un montant inférieur de 10% à celui de l’année précédente.

UBS a été la banque européenne la plus touchée par la crise des subprime, avec une perte d’environ 50 milliards de dollars entre la fin de 2007 et 2009.

2008 a été le pire exercice, avec des pertes totalisant 21 milliards de francs suisses.

Entre 2008 et 2010, la crise de confiance de la clientèle a coûté plus de 200 milliards de francs. En 2010, le retrait d’actifs est tombé à 14,3 milliards.

UBS a également été frappée par une amende de 780 millions de dollars au fisc américain en 2009.

De plus, la banque a été forcée de transmettre des informations sur des milliers de clients aux Etats-Unis.

En 2010, le Parlement suisse a ratifié l’accord passé entre la Suisse et les Etats-Unis sans qu’UBS doive répondre en Suisse de violation du secret bancaire.

Confirmant le retour à la confiance de la clientèles d’UBS, l’afflux net d’argent frais s’est monté à 7,1 milliards de francs entre octobre et décembre, contre 1,2 milliard trois mois plus tôt.

(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

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