Syngenta s’attaque au marché bio
Le plus grand fabricant au monde de produits agrochimiques introduit, en Corée du Sud, des légumes cultivés avec un minimum de pesticides.
Et, pour accéder au marché des produits bios, Syngenta s’associe avec le géant de la distribution Carrefour.
Cela peut sembler bizarre que le numéro un mondial de l’agrochimie se fasse l’avocat d’une moindre utilisation de pesticides. Quoi qu’il en soit, Syngenta (né de la fusion des activités agrochimiques de Novartis et d’Astra-Zeneca) pense que c’est dans son intérêt.
Cela dit, si l’on pulvérise moins de produits chimiques pour lutter contre les parasites, c’est aussi parce qu’ils sont plus modernes, plus sûrs et plus profitables.
Un marché en pleine expansion
«Le consommateur paie une prime pour des produits maraîchers de haute qualité qu’il considère comme meilleurs pour sa santé», observe un responsable de Syngenta à Séoul.
Ces légumes «pro environnement» sont testés, en ce moment même, dans les supermarchés sud-coréens de la chaîne française Carrefour.
«Les Coréens mangent beaucoup de légumes, note un représentant de Carrefour à Séoul. Et ils privilégient les produits naturels.»
Cette diversification de Syngenta dans les cultures bios s’explique. En effet, en 2001, le marché mondial des pesticides (évalué à 26 milliards de dollars) s’est contracté de 7% en valeur.
Motif? L’agriculture mondiale connaît l’une des conjonctures les plus mauvaises depuis les guerres napoléoniennes.
Ajoutez la volonté de l’Union européenne d’éliminer 400 pesticides considérés comme dangereux pour la santé et l’environnement. Et vous comprendrez pourquoi Syngenta veut introduire des produits chimiques plus sûrs pour la culture des légumes. A commencer par ceux qui se veulent biologiques.
Un intérêt partagé
«Si l’Union européenne interdit ces centaines de pesticides, affirme un analyste de la Deutsche Bank à Tokyo, le manque à gagner pour Syngenta sera de l’ordre de 280 millions de dollars.»
Et d’ajouter: «Si cette collaboration avec Carrefour en Corée du Sud est concluante, la firme suisse pourra augmenter tout à la fois sa part du marché des produits agrochimiques et sa marge bénéficiaire».
Les consommateurs sont prêts, surtout en Asie, à payer davantage pour des produits qualifiés de biologiques. Même s’ils savent que ces produits sont encore cultivés avec certains engrais et des pesticides de synthèse.
Cela dit, en Corée du Sud, Syngenta affirme qu’elle vérifie que les agriculteurs utilisent ses produits chimiques «pro environnement» et pas d’autres considérés comme nuisibles pour la santé.
En échange de cette garantie, Carrefour lui verse une redevance. Si cette première expérience s’avère concluante, la firme suisse entend la répéter dans d’autres pays.
swissinfo/Georges Baumgartner à Tokyo
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