Un avenir plein de défis pour La Poste
L'évolution technologique pose la question de l'avenir du service postal.
Cette question est au centre de la Conférence 2002 de l’Union postale universelle (UPU) qui s’est ouvert mardi à Genève.
«Cher ami, je prends la plume pour t’écrire…» Il y a quelques années encore, une telle phrase était associée à l’image d’une lettre. Aujourd’hui, en cette ère de communication globale, un tel message est de plus en plus souvent confié au courrier électronique.
L’impact des nouvelles technologies de communication change notre mode de vie. Des entreprises comme la poste sont donc obligées de s’adapter à de nouvelles exigences et de développer de nouvelles stratégies pour l’avenir.
Pour corser le tout, les postes doivent faire face à un autre défi: celui de la libéralisation du marché. Traditionnellement aux mains de l’Etat et évoluant dans une situation de monopole, les postes doivent désormais tenir compte de la concurrence.
Les lettres ne sont pas encore mortes
Selon des études de l’UPU, le volume du courrier traditionnel devrait encore augmenter de 2% par an jusqu’en 2005. Mais cette augmentation ne doit pas faire illusion.
En effet, porté par Internet et le courrier électronique, le marché global des communications se développe beaucoup plus rapidement que le marché postal.
Ajoutée au phénomène de libéralisation, cette tendance va entraîner une diminution du courrier envoyé par la poste, du moins aux Etats-Unis et en Europe.
Cependant, diminution ne signifie pas mort. Contrairement à ce que peut laisser croire le film hollywoodien «Vous avez un message», il y a encore des gens qui préfèrent déclarer leur flamme sur des lettres de papier.
Le courrier électronique ne semble pas encore en mesure de véhiculer les même émotions qu’une lettre qui passe de mains en mains. Il est donc presque certain qu’à l’avenir, les enveloppes et les timbres continueront à exister aux côtés du courrier électronique.
La révolution Internet
Pour la poste, Internet représente davantage une opportunité de développement qu’une menace.
«Lorsque nous commandons une marchandise sur le web, le colis qui nous parvient existe physiquement», fait remarquer Claude Defoundoux, responsable de la planification stratégique à l’UPU.
Pour ce qui est de la distribution des colis, la poste peut se prévaloir de son expérience et de celle de ses facteurs. Mais il s’agira aussi d’utiliser les nouvelles technologies pour améliorer la qualité des services postaux et pour en diminuer les coûts.
Aujourd’hui, il est par exemple déjà possible de remplacer le bon vieux timbre-poste par un affranchissement électronique ou de suivre en ligne l’acheminement de colis ou de lettres recommandées.
S’adapter à la clientèle
«Aujourd’hui, c’est la société dans son entier qui est le client de la poste, déclare Claude Defoundoux. Cela va des simples particuliers aux multinationales.»
«La poste ne doit pas oublier le client de base, mais elle doit aussi chercher à répondre d’une façon adaptée aux exigences de clients importants comme les grandes entreprises», poursuit-il.
En Suisse, les privés et les petites et moyennes entreprises ne représentent que le 19% du chiffre d’affaire de La Poste, affirmait récemment le président de son conseil d’administration Anton Menth. Les autres 81% proviennent des grandes entreprises.
Concilier les exigences de ces deux types de clientèle constitue donc un autre défi pour La Poste. Mais le danger, c’est que la dure loi du marché lèse les intérêts de la clientèle la moins intéressante au point de vue économique.
C’est en tout cas le souci des syndicats, et, plus généralement, de la gauche. Samuel König, porte-parole du Syndicat de la communication, reconnaît que la poste doit réfléchir en termes de marché. Il souhaite cependant qu’elle continue «à desservir toutes les régions de Suisse de la même façon, si nécessaire avec l’aide de l’Etat».
swissinfo/Doris Lucini
Dans le monde, la poste emploie 5 millions de personnes.
Elle compte 660 000 établissements postaux.
Elle compte 430 milliards d’envois par année.
L’Union postale universelle a été fondée en 1874. Elle est une agence de l’ONU depuis 1948. Le siège mondial de cette organisation qui regroupe 189 pays se trouve à Berne.
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