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Fumer n’est plus dans l’air du temps

64% des sondés sont pour une interdiction de fumer dans les cafés et les restaurants. Keystone

Selon un sondage de l'Université de Lausanne, plus de trois quarts des Suisses souhaitent une interdiction de fumer dans tous les locaux publics.

Ce sondage est publié un jour après la décision de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de ne plus recruter de fumeurs. Une décision pour l’exemple, mais controversée.

80% des non-fumeurs ou ex-fumeurs souhaitent une interdiction de fumer dans les lieux publics fermés. Mais la proposition séduit aussi parmi les fumeurs: 62% y sont favorables, selon le sondage présenté vendredi par Ligue suisse contre le cancer.

Une large majorité des personnes interrogées s’est aussi exprimée en faveur d’une interdiction de fumer dans tous les lieux de travail (62%) et dans les cafés et restaurants (64%, mais seulement 34% chez les fumeurs).

Thomas Cerny, président du comité de la Ligue suisse contre le cancer, qualifie le résultat du sondage d’«impressionnant et révélateur». La ligue constate que la plupart des personnes vivant en Suisse ne considèrent plus comme normal de subir la fumée des autres.

A l’échelle nationale

Pour Fabio Levi, médecin-chef de l’Unité d’épidémiologie du cancer de l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive, les conditions semblent donc favorables à l’introduction à l’échelle nationale d’une règlementation interdisant de fumer dans tous les locaux publics et de travail.

La voie a déjà été ouverte. Depuis le 1er décembre, on ne peut plus fumer dans les trains helvétiques. Et plusieurs cantons ont déjà pris ou prévu des interdictions de fumer dans les établissements publics, à l’image du Tessin, où le parlement a pris une décision en ce sens en octobre dernier.

La Lega (droite populiste), qui a lancé un référendum, avait jusqu’à vendredi pour récolter les 7’000 signatures nécessaires. La Chancellerie devrait indiquer la semaine prochaine si le référendum a abouti ou non.

L’exemple du Tessin

Devant les médias, Patrizia Pesenti, directrice du Département de la santé et des affaires sociales du canton du Tessin, s’est réjouie du résultat du sondage. «D’une part, il nous rassure dans les choix que nous avons faits. D’autre part, il nous pousse à croire que d’autres cantons voudront suivre notre exemple.»

En Italie, l’interdiction introduite en janvier n’a pas créé de problèmes particuliers, selon Patrizia Pesenti. Des enquêtes réalisées ces derniers mois ont montré que de nombreux fumeurs avaient décidé d’arrêter suite à cela.

L’exemple de l’Italie et d’autres pays comme l’Irlande ou la Norvège démontre qu’une fois la restriction entrée en vigueur, elle est soutenue par une proportion croissante de la population, ajoute le professeur Fabio Levi.

Pour la Ligue suisse contre le cancer, moins la cigarette sera tolérée dans les lieux publics, plus le nombre de victimes du cancer du poumon et des maladies respiratoires reculera.

En Suisse, où environ 30% de la population fume, on estime à 8000 le nombre de décès provoqués par la consommation de tabac et à au moins 300 ceux dus à la fumée passive.

Décision controversée

Les résultats de ce sondage tombent au lendemain de la décision de l’Organisation mondiale de la santé. Sise à Genève, l’OMS a annoncé jeudi qu’elle ne plus recruterait plus de fumeurs. Une première au sein des organisations internationales.

La nouvelle directive, entrée en vigueur jeudi, ne concerne pas le personnel qui travaille déjà pour l’organisation, mais uniquement les nouveaux candidats.

Les avis de vacance de poste portent désormais la déclaration suivante: «L’OMS est un espace non fumeur. L’organisation ne recrute pas de consommateurs de tabac sous quelque forme que ce soit».

Dans leur offre, les candidats doivent indiquer s’ils fument ou consomment du tabac. Et si tel est le cas, ils doivent préciser s’ils ont l’intention de continuer. Si le demandeur d’emploi répond par l’affirmative, sa candidature ne sera alors pas prise en considération. Peu importe ses qualifications…

Cette décision de l’OMS a suscité la controverse, certaines voix dénonçant une discrimination à l’égard des fumeurs. Selon le droit suisse, ce n’est pas le cas. En effet, la législation évoque uniquement la discrimination de nature sexiste, raciale ou religieuse.

swissinfo et les agences

80% des non-fumeurs ou ex-fumeurs sont pour une interdiction de fumer dans les locaux publics. 62% des fumeurs y sont favorables.
62% des sondés sont pour une interdiction de fumer dans tous les lieux de travail.
64% soutiennent une interdiction de fumer dans les cafés et restaurants (seulement 34% chez les fumeurs).

– Le sondage a été réalisé en septembre 2005 auprès de 2000 personnes de 15 à 74 ans, domiciliées en Suisse.

– Il a été mené par l’institut de sondage italien DOXA, mandaté par l’Institut universitaire vaudois de médecine sociale et préventive.

– Les résultats ont été présentés vendredi par la Ligue suisse contre le cancer.

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