Des perspectives suisses en 10 langues

Fusion avortée de Novartis avec Aventis

Novartis s'était lancé dans la course jeudi dernier, sans préciser de montant. Keystone

Le groupe pharmaceutique bâlois ne reprendra pas le groupe franco-allemand, racheté par son concurrent français Sanofi-Synthélabo.

Si Paris a finalement décidé du sort de la transaction, le groupe bâlois a nettement fait monter les enchères.

Le conseil de surveillance du groupe pharmaceutique franco-allemand Aventis a voté dimanche en faveur d’une nouvelle offre publique d’achat présentée par le français Sanofi-Synthélabo, mettant fin à une lutte de trois mois entre les deux concurrents.

Quelques heures après la diffusion de la nouvelle, Novartis a communiqué n’avoir jamais fait d’offre sur le laboratoire franco-allemand Aventis. Le groupe bâlois a d’emblée écarté vouloir surenchérir sur l’offre améliorée de Sanofi-Synthélabo.

«Novartis était entré en négociations à la demande unanime du conseil de surveillance d’Aventis pour proposer une alternative à l’offre hostile de Sanofi sur Aventis», précise le communiqué du groupe bâlois.

Faire monter l’enchère?

Reste à savoir quelle a été sa véritable volonté. «Je n’étais pas absolument convaincu que Novartis voulait acheter Aventis», a commenté Stéphane Garelli, directeur de l’IMD à Lausanne. «Novartis a fait monter le prix, c’est de bonne guerre.»

«De mon point de vue, la priorité de Novartis reste Roche», a-t-il poursuivi.

Gestionnaire de fonds à la Banque cantonale vaudoise (BCV), Nicolas Bürki ne va pas si loin, mais constate que Novartis a «effectivement parfaitement joué son rôle de chevalier blanc».

Des milliards en plus

Le prix de la transaction entre Sanofi et Aventis a finalement été augmenté de 7 milliards d’euros (10,9 milliards de francs) à 69 euros par action d’Aventis. M. Bürki estime en revanche que l’intérêt de Daniel Vasella, patron de Novartis, pour Aventis était réel.

La nouvelle offre de Sanofi-Synthélabo prévoit également la constitution d’une nouvelle direction formée de huit membres issus de Sanofi et d’autant venant d’Aventis.

La présidence serait assurée par Jean-François Dehecq, l’actuel PDG de Sanofi et la vice-présidence reviendra à un dirigeant d’Aventis. En tous les cas, ce ne sera pas Igor Landau, l’actuel président du directoire du groupe franco-allemand.

Fin janvier, Sanofi-Synthélabo avait fait une offre sur son concurrent franco-allemand pour un montant estimé à 47,8 milliards d’euros. Le conseil de surveillance d’Aventis l’avait vivement rejetée, la jugeant insuffisante.

Impulsion de Sarkozy

Jeudi, le groupe pharmaceutique suisse Novartis s’est lancé lui aussi dans la bataille, mais sans divulguer ses propositions. Selon le Wall Street Journal, Novartis était prêt à mettre sur la table 56 milliards d’euros.

Sous l’impulsion du ministre des Finances Nicolas Sarkozy, les deux patrons d’Aventis et de Sanofi-Synthélabo, Igor Landau et Jean-François Dehecq, qui ne s’étaient pas parlé depuis début janvier, ont accepté de renouer le dialogue en se rencontrant vendredi.

«Exception française»

«Il y a une longue tradition d’interventionnisme en France, ce n’est pas vraiment surprenant que cette fusion se soit finalement dénouée de la sorte», a analysé le professeur Garelli.

«La France a toujours affiché sa volonté de conserver ses centres de décision sur son territoire. Quelque part, ce comportement est anachronique», poursuit M. Garelli.

Petit bémol toutefois: le professeur de l’IMD estime que si la Suisse faisait partie de l’Union européenne (UE), «il n’est pas sûr que la France eût réagi de la même manière». Cela montre les limites de la voie solitaire.

Les critiques de M. Garelli ne sont pas isolées. En présentant mercredi dernier les résultats trimestriels de son groupe, le patron de Roche, Franz Humer, a estimé que les termes de «champion national» n’avaient pas leur place «dans le contexte d’une industrie globale».

Pas de blocage

De son côté, la Commission européenne a annoncé qu’elle donnait son feu vert à ce rachat. Elle estime n’avoir aucune raison d’ouvrir une action à l’encontre de la France, estimant qu’il n’y a pas eu blocage.

«Si le gouvernement français avait adopté des mesures visant à bloquer un rachat par Novartis, nous aurions eu à examiner la compatibilité de ces mesures avec la liberté des mouvements de capitaux», a déclaré Jonathan Todd, porte-parole de la Commission.

Notons enfin que l’échec de Novartis dans cette affaire s’est traduit par une flambée en Bourse. L’action du géant bâlois bondissait de 4,1 % à 58,40 francs à la mi-journée.

swissinfo et les agences

Le rachat du franco-allemand Aventis par le groupe français Sanofi-Synthélabo met fin à trois mois de conflit entre les deux concurrents.
Il donnera naissance au 1er groupe pharmaceutique européen et au 3e groupe mondial, en termes de chiffre d’affaires.
Fin janvier, Sanofi-Synthélabo avait fait une offre estimée à 47,8 milliards d’euros (60,43 euros par action), rejetée par Aventis.
Jeudi dernier, le groupe suisse Novartis s’était lancé de son côté, mais sans divulguer ses propositions (estimées à 56 milliards d’euros).
Le nouveau prix de rachat proposé par Sanofi-Synthélabo s’élève à 54,5 milliards d’euros, soit 69 euros par action et 14 % de mieux que la première offre.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision