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Guerre des tarifs à l’aéroport de Genève

Genève est accusé de favoriser la compagnie EasyJet. Keystone

Lufthansa, KLM et Air France sont les fers de lance de l’opposition à l’aéroport de Genève Cointrin, qui se propose d’abaisser ses taxes pour les passagers volant avec les compagnies à bas coût.

Les autorités aéroportuaires décideront de l’avenir de leur projet courant juillet.

Les plans de Cointrin sont au centre de la controverse. L’aéroport envisage de réduire les taxes de passager pour les compagnies low-cost et de les augmenter pour les transporteurs traditionnels.

Les premières bénéficieraient d’une déduction de 14 francs pendant que les seconds verraient grimper la taxe en question de 3 francs, à 19 francs au moins.

Cette stratégie n’est pas due au hasard. Elle vise à bétonner la position de Genève comme plate-forme utilisée par les compagnies à bas coûts, toujours occupées à s’octroyer de larges parts du marché aérien.

Ces «nouveaux» transporteurs représentent actuellement un quart du trafic aérien total à Genève. Et l’aéroport s’attend à voir progresser leur part à 30-35% ces dix prochaines années.

Concrètement, le plan des autorités aéroportuaires genevoises prévoit de «formater» le plus ancien des deux terminaux de Cointrin aux besoins de ces compagnies. Et parmi elles, EasyJet.

Une infrastructure de base

«Un investissement relativement faible – environ 10 millions de francs – sera suffisant puisque ce terminal ne sera équipé que d’une infrastructure de base», explique à swissinfo le porte-parole de l’Aéroport international de Genève.

«A partir de là, nous pouvons offrir aux compagnies à bas coûts des taxes réduites», indique Philippe Roy, soulignant au passage qu’il s’agirait d’une première en Europe.

Le même Philippe Roy admet qu’EasyJet a mis les responsables de Cointrin sous pression, les enjoignant à proposer des conditions plus avantageuses.

Le porte-parole relève aussi que l’aéroport ne peut voir diminuer ses rentrées financières sans réduire ses services, au sein d’un terminal séparé.

«Notre réponse à EasyJet a toujours été la même, souligne Philippe Roy. Utiliser la même infrastructure que les autres transporteurs aériens implique pour elle de payer les mêmes taxes.»

S’agissant de la hausse de la taxe pour les passagers volant sur les compagnies traditionnelles, Philippe Roy indique qu’elle servira à financer les améliorations apportées au terminal principal de Genève, qui sera notamment équipé de nouveaux salons.

Un avantage injuste

Selon les responsables de Cointrin, la tarification qu’ils se proposent d’appliquer serait compétitive face à l’offre des autres aéroports européens. Elle est censée entrer en vigueur le 1er septembre prochain.

Mais malgré les propos apaisants de Cointrin, Air France, KLM, Lufthansa et d’autres crient à l’inégalité de traitement.

Pour les trois transporteurs traditionnels, qui assurent 20% du trafic passagers à Genève, la tarification différenciée octroie un avantage concurrentiel injuste aux compagnies low-cost.

«Il apparaît très clairement que cette solution est destinée à répondre aux attentes d’EasyJet», a indiqué à la Tribune de Genève Werner Kellerhals, représentant de Lufthansa.

Ce à quoi les autorités aéroportuaires genevoises rétorquent que leur plan implique aussi une ristourne (jusqu’à 40%) pour les compagnies traditionnelles, en fonction de la croissance des montants collectés au titre de la taxe de passager.

Mais ces compagnies ne transigent pas. Plutôt que sur les caractéristiques des transporteurs, elles en appellent à un système de rabais basé exclusivement sur la croissance du trafic.

swissinfo et les agences

– Les autorités aéroportuaires de Genève décideront en juillet si elles «formatent» leur plus ancien terminal aux besoins des compagnies à bas coûts.

– Le cas échéant, elles réduiront leur taxe pour les passagers volant avec ces compagnies.

– Les transporteurs traditionnels estiment que ce plan octroie un avantage injuste aux compagnies low-cost.

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