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H-R.Merz demande le retrait des plaintes contre UBS

Keystone

Hans-Rudolf Merz a appelé à Washington à l'abandon des plaintes pénales contre UBS dans l'affaire d'évasion fiscale. Le président de la Confédération a rencontré le ministre américain Timothy Geithner en marge des réunions du FMI et de la Banque Mondiale.

Hans-Rudolf Merz a exprimé son «optimisme» samedi soir à Washington quant aux chances de succès des négociations qui s’ouvriront mardi à Berne entre Américains et Suisses autour d’un nouvel accord bilatéral de double imposition.

«Je suis optimiste sur le fait que l’on trouvera un bon accord. Parce que les intérêts mutuels sont grands entre la Suisse et les Etats-Unis et parce que nous avons une obligation de trouver un accord avec le partenaire-clé que sont les Etats-Unis», a déclaré à swissinfo le président de la Confédération, qui est aussi ministre des Finances.

Une affaire qui a «heurté la Suisse»

Samedi matin, Hans-Rudolf Merz avait rencontré Timothy Geithner, le nouveau ministre américain des Finances et de l’Economie. Il en avait profité pour demander à l’Administration Obama d’abandonner les poursuites judiciaires contre UBS dans le cadre de l’affaire d’évasion fiscale qui a secoué la première banque suisse.

Le président suisse a indiqué à Timothy Geithner que l’affaire a «heurté la Suisse et UBS» et a prévenu que si les poursuites judiciaires continuaient, la perspective d’aboutir à un accord de double imposition serait affectée. «Je pense que M.Geithner est conscient du fait que ces procédures ouvertes aux Etats-Unis pourraient être un obstacle au processus politique d’accord de double imposition», a estimé le président de la Confédération.

Selon Hans-Rudolf Merz, Timothy Geithner aurait été sensible à l’appel de la Suisse à propos d’UBS. Mais interrogé de son côté, le ministère américain des Finances et de l’Economie s’est gardé de tout commentaire sur la requête helvétique.

Des réunions dominées par la crise

L’entretien entre Hans-Rudolf Merz et Timothy Geithner s’est déroulé en marge des réunions de printemps du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale qui, comme celles de l’automne dernier, ont été dominées par la crise économique mondiale.

Le FMI, de même que les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales de ses Etats-membres, n’entrevoient pas de début de reprise de l’économie mondiale avant l’an prochain. «Nous ne sommes pas encore au fond du trou, le fond du trou, ce sera en 2010», a indiqué à swissinfo Jean-Pierre Roth, le patron de la Banque Nationale Suisse.

«2009 sera une année difficile, mais 2010 sera certainement l’année la plus difficile, notamment avec des taux de chômage qui vont vers des niveaux records», prédit Jean-Pierre Roth. Le patron de la BNS note toutefois des «éléments positifs ces dernières semaines», en particulier «la légère reprise des marchés boursiers» et «certains signes de stabilisation aux Etats-Unis», comme, par exemple, la baisse des inventaires de maisons invendues.

Un optimisme très nuancé

En ce qui concerne la Suisse, Jean-Pierre Roth affirme que «l’économie suisse s’en tire un petit peu mieux, notamment comparée à l’Allemagne, grâce à une bonne dynamique de la consommation». Néanmoins, Jean-Pierre Roth fait preuve d’un optimisme très nuancé quand il déclare que «vers 2010, la Suisse sera peut-être dans une situation où un retournement du cycle pourra être perçu».

Le mois dernier, une mission d’experts du FMI a rendu un rapport qui, tout en saluant l’action déjà menée par le gouvernement suisse et la BNS contre la crise, conseillait à Berne de prendre des «mesures non conventionnelles» pour faire face à des «circonstances exceptionnelles». Dans leur rapport, les économistes du FMI estiment en effet que «des risques continuent de peser sur les grandes banques», notamment parce que tous leurs «avoirs toxiques» n’ont pas été éliminés.

Ils préviennent aussi que «la crise financière engendre des pressions dans d’autres domaines du secteur financier suisse», en particulier dans les compagnies d’assurance-vie et de ré-assurance, ainsi que dans les fonds privés de pension. Ils recommandent aussi que le régime de garantie des dépôts bancaires soit «révisé pour assurer le paiement et une protection adéquate des déposants en cas d’effondrement, quelle que soit la taille de la banque».

Surveillance appropriée

Interrogé par swissinfo sur le fait de savoir s’ils jugent le rapport de mission du FMI alarmant ou alarmiste, Hans-Rudolf Merz et Jean-Pierre Roth s’abstiennent de caractériser le rapport. Mais ils soulignent que les autorités suisses sont parfaitement conscientes des problèmes évoqués et qu’elles agissent pour les résoudre.

«Ce rapport du FMI pose effectivement certaines questions que nous reconnaissons aussi», affirme le patron de la banque centrale suisse, avant d’ajouter qu’on «ne peut pas dire que rien n’a été fait pour gérer les avoirs toxiques».

«Ce qui est important, c’est de surveiller les assurances et les banques. Les autorités suisses les surveillent de manière appropriée», renchérit le président de la Confédération. «Selon nos informations, les compagnies d’assurance suisses sont plus ou moins en bonne santé, surtout en comparaison avec les compagnies d’assurances étrangères», assure Hans-Rudolf Merz. «Pour le moment, je suis à l’aise et je pense qu’il n’y a pas lieu de mettre à nouveau des fonds à disposition pour UBS», conclut-il.

swissinfo, Marie-Christine Bonzom à Washington

La Suisse est prête à soutenir les ressources du Fonds monétaire international (FMI) à hauteur de 10 milliards de Francs, a indiqué le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz lors de sa visite à Washington.

En débloquant cette ligne de crédit, la Suisse espère conserver son siège au sein du conseil exécutif de l’organisation.

Au total, le FMI a obtenu un accroissement de ses ressources de 750 milliards de dollars lors de l’Assemblée de printemps du FMI et de la Banque mondiale.

Rôle. Comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) été fondé en 1945.Le FMI s’occupe avant tout de coopération monétaire, de stabilité financière et de prévention des crises économiques.

Décisions. Le FMI a 185 pays membres. Chacun contribue au capital de l’institution en proportion du poids de son économie. Ce poids lui donne aussi une quote-part lors des votations internes.

La Suisse est membre de l’organisation depuis 1992.

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