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Hausse modérée mais discutée des primes maladie

Nouvelle saignée pour les ménages en matière de santé. Keystone

Les assurés paieront en moyenne 4,3% de plus pour leur assurance maladie en 2004. La hausse des primes est toutefois inférieure à celle des années précédentes.

La facture sera évidemment fonction de l’âge et du lieu d’habitation.

On observe une accalmie sur le front de l’assurance maladie. La hausse moyenne des primes pour 2004 n’atteint pas les 9,6% de l’année précédente.

Selon le chiffre publié vendredi par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS), l’augmentation moyenne (4,3%) est même en recul de plus de 5 points par rapport aux deux dernières années.

L’augmentation des primes pour adulte oscillera entre 0,8% et 7,2% l’an prochain. Pour les jeunes de 19 à 25 ans, elle pourra atteindre jusqu’à 14,8%.

Pour les adultes de 26 ans et plus, l’augmentation de la prime moyenne cantonale va de 0,8%, dans le canton de Vaud, à 7,2%, au Tessin.

Les hausses les plus marquées toucheront en particulier les 19-25 ans. Pour cette tranche d’âge, l’augmentation oscille entre 4,5% dans le canton de Vaud et 14,8% dans celui de Bâle-Ville.

Vaud et Bâle-Ville sont aussi les extrêmes s’agissant des primes pour enfants, avec une hausse de respectivement 1,5% et 6,3%.

Une progression freinée

Cette hausse des primes découle de l’inflation des coûts de la santé – entre 5 et 7% cette année – et de la situation financière des caisses maladie.

Mais plusieurs des mesures décidées en juin par le Conseil fédéral freinent la progression. Berne a en effet reporté une partie des coûts de l’assureur sur l’assuré.

En clair, la franchise minimale, seuil jusqu’auquel le patient doit assumer seul ses frais de santé, passera en janvier de 230 à 300 francs.

Parallèlement, la quote-part maximale augmentera de 100 francs. Une fois sa franchise dépassée, l’assuré devra encore s’acquitter de 10% de ses frais mais au maximum de 700 francs par an, contre 600 francs jusqu’ici.

L’autre mesure qui décharge les caisses maladie concerne les franchises à option, choisies par environ la moitié des assurés. Ici, les rabais accordés baisseront.

Un autre changement important intervient pour 2004. Les assureurs doivent répartir leurs assurés en fonction de zones tarifaires uniformisées.

Pour certains assurés, le changement de zone conduira à une baisse de primes. Mais pour d’autres, la hausse, cumulée avec la baisse de rabais pour les franchises à option, pourrait faire bondir la prime de 30 voire 40%.

Illusion combattue

Répondant à ceux qui lui reprochent de n’avoir pas présenté lui-même les primes 2004, comme le faisait Ruth Dreifuss, Pascal Couchepin a déclaré qu’il cherchait simplement à rendre la responsabilité à ceux qui la détiennent.

Le ministre de l’Intérieur veut ainsi «faire disparaître l’illusion que la Confédération peut réduire les primes d’un coup de plume». Mais le ministre ne convaint pas tout le monde.

Plus personne ne maîtrise la communication dans le domaine des primes de l’assurance maladie, regrette par exemple Ruth Lüthi, présidente de la conférence des directeurs cantonaux des affaires sanitaires.

Au yeux de la Fribourgeoise, Pascal Couchepin n’assume pas son rôle politique. Cela donne l’impression qu’il laisse faire santésuisse et les assureurs alors que c’est à la Confédération et à l’OFAS d’être leaders dans ce dossier, estime Ruth Lüthi.

Ce n’est pas tout. La Fondation alémanique pour la protection des consommateurs (KF) déplore une transparence défaillante.

Pour sa directrice Jacqueline Bachmann, les possibilités de comparaison des caisses sont moins bonnes que par le passé. La faute avant tout aux nouvelles mesures du Conseil fédéral, qui n’auraient jamais dû être toutes introduites en même temps.

Hausse contestée

Les démocrates-chrétiens (PDC) vont dans le même sens. Avec des franchises et la quote-part plus élevées, des régions de primes redéfinies et des rabais pour les franchises à option réduits, les critères retenus pour l’augmentation des primes sont nébuleux.

Le PDC demande que les assureurs fournissent par écrit et de manière distincte et transparente tous les éléments de ces hausses à leurs assurés.

Les socialistes (PS) mettent surtout le doigt sur les nouvelles régions de primes, qui privent les assurés d’une vue sur la véritable évolution des primes.

Le PS exige de l’OFAS qu’il publie le nombre exact d’assurés qui passent dans une région de primes plus chère. Son groupe parlementaire interviendra dans ce sens à la session d’hiver.

L’institut Comparis y va lui aussi de sa contestation. La progression moyenne de 4,3% ne concernerait que les primes avec franchise de base, soit 45% des assurés.

Pour Comparis, la hausse moyenne globale serait en fait plus proche des 7,4%.

swissinfo et les agences

– Avec une hausse moyenne de prime de 7,2% pour les assurés avec la franchise de base, le Tessin connaît la hausse la plus massive en Suisse. A l’inverse, Vaud enregistre la hausse moyenne la plus basse, avec 0,8%.

– Genève reste le canton le plus cher avec une prime moyenne par adulte de 398,7 francs (+ 2,2%). A l’opposé, Appenzell Rhodes Intérieures est le canton le plus avantageux. Un adulte y paie en moyenne 183,62 francs (+ 5,8%) pour sa prime.

– «Notre système d’assurance maladie est basé sur la solidarité, explique Nicole Buillard, de santésuisse. Solidarité entre jeunes et vieux, malades et bien-portants. On ne peut aller contre ce principe. D’un autre côté, il faut que les gens se rendent compte des coûts qu’ils occasionnent, afin de contenir un peu mieux les charges de notre loi sur l’assurance maladie».

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