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Initiative populaire en faveur du climat

Des cors des Alpes et des chameaux pour faire sensation. Keystone

La gauche - Verts et socialistes - et les milieux soucieux de l'environnement veulent accroître la pression en faveur d'une taxe CO2 sur les carburants avec une initiative déposée vendredi à Berne.

Le texte porte plus de 150’000 signatures dont moins de 120’000 ont été certifiées. Il propose une réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020.

Avec leur initiative populaire «Pour un climat sain», les initiants, gauche en tête, accusent le gouvernement et le Parlement de ne pas avoir pris des mesures suffisantes pour la protection du climat. Ils se félicitent d’avoir réuni autant de paraphes en sept mois dans toutes les régions du pays.

Manque d’audace

La stratégie du gouvernement, présentée la semaine passée par le ministre Moritz Leuenberger, est certes «un pas dans la bonne direction», mais «elle manque d’audace», a dénoncé la présidente des Verts Ruth Genner devant la presse.

Le gouvernement, qui a reporté l’éventuelle introduction d’une taxe CO2 sur les carburants à l’après 2012, prescrit des semblants de solution tout en repoussant une véritable protection du climat aux calendes grecques, a renchéri le directeur de Greenpeace Suisse Kaspar Schuler. Pis, il va prolonger l’option de l’achat de «permis de polluer» à l’étranger.

La réduction des gaz à effet de serre de 20% par rapport à 1990 d’ici 2020 – l’initiative réclame au moins 30% – est doublement insuffisante, selon le directeur du programme du WWF Suisse Thomas Vellacott. Cela revient à accepter une hausse de plus de deux degrés de la température globale moyenne.

Suisse mauvais élève

Mais c’est aussi un mauvais signal à l’égard des pays nouvellement industrialisés et en voie de développement. A titre de comparaison, l’Allemagne évoque une réduction de 40% et la Grande-Bretagne une baisse de 60% d’ici 2025.

Quant à la Suède, elle a annoncé vouloir se passer du pétrole d’ici 2020. Et la Nouvelle-Zélande entend discuter son indépendance complète à l’égard des énergies fossiles, a rappelé la présidente du groupe parlementaire socialiste Ursula Wyss.

La Suisse est loin d’être l’élève modèle qu’elle prétend être, selon les initiants. Elle fait partie des dix pays du monde produisant le plus de CO2 par habitant. La quote-part d’énergies renouvelables dans la consommation globale est huit fois moindre qu’en Allemagne. Le prix du mazout et de l’essence compte parmi les plus bas du continent.

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Initiative populaire

Ce contenu a été publié sur L’initiative populaire permet à des citoyens de proposer une modification de la Constitution. Pour être valable, elle doit être signée par 100’000 citoyens dans un délai de 18 mois. Le Parlement peut directement accepter l’initiative. Il peut aussi la refuser ou lui opposer un contre-projet. Dans tous les cas, un vote populaire a lieu. L’adoption…

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Des chameaux dans les Alpes

Pour prouver l’urgence de la situation, le dépôt des signatures a été mis en scène sous la forme d’une montée à l’alpage où les vaches ont été remplacées par des animaux habitués à un climat plus aride que celui des Alpes: des chameaux.

Si les initiants fourmillent d’idées sur les mesures à prendre (taxe C02 sur les carburants, standards énergétiques plus sévères pour les bâtiments, promotion du solaire), leur texte reste plus évasif. Outre une réduction des gaz à effet de serre d’au moins 30%, il demande à la Confédération et aux cantons de mener une «politique climatique efficace», avec une priorité donnée à l’efficience énergétique et aux nouvelles énergies renouvelables.

Soutien bourgeois

Mais l’initiative peut ratisser large. Selon Thomas Vellacott, sa force réside dans la large coalition qui la soutient. Lancée par les Verts et le Parti socialiste, avec le concours d’organisations environnementales comme le WWF, l’Association Transports et Environnement, la Fondation suisse de l’énergie et Greenpeace, elle recrute aussi hors du camp rose-vert.

La présidente du mouvement Ecologie libérale Isabelle Chevalley et le député évangélique zurichois Ruedi Aeschbacher, dont les formations soutiennent le texte, ainsi que le sénateur démocrate-chrétien (PDC / centre-droit) Eugen David et le député UDC démocrate du centre (UDC / droite nationaliste) Heinz Hassler font également partie du comité d’initiative.

Ruth Genner espère voir une majorité se dégager au Parlement. D’après elle, l’initiative servira de test pour les partis démocrate-chrétien et radical (PRD / droite), qui ont promis d’oeuvrer pour le climat avant les élections fédérales.

swissinfo et les agences

1 La Confédération et les cantons mènent une politique climatique efficace. Ils veillent à ce qu’à l’échelle nationale, la quantité d’émissions de gaz à effet de serre de source anthropogène soit réduite, d’ici l’année 2020, de 30% au moins par rapport à l’état de 1990.

2 La législation d’exécution se fonde sur l’article 89, alinéa 2 – 4; elle met l’accent sur l’efficacité énergétique et sur les nouvelles énergies renouvelables.

Entrée en vigueur le 1er mai 2000, cette loi fixe des objectifs impératifs pour la réduction des émissions de CO2, le principal gaz à effet de serre.

Elle permet à la Suisse de remplir les engagements qu’elle a pris avec 180 autres Etats en signant la Convention internationale sur les changements climatiques.

Avec cette loi, la Suisse s’est engagée à réduire, d’ici à 2010, les rejets de CO2 de 10 % en dessous du niveau de 1990. S’il apparaît que ces mesures ne suffisent pas, le gouvernement peut introduire une taxe sur le CO2.

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