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Intempéries en Valais: à qui la facture?

Après l'ouragan Lothar, c'est un nouveau coup dur pour les CFF. Keystone

Alors que les sauveteurs sont toujours au travail en Valais, il était bien trop tôt lundi soir pour tenter de chiffrer les dégâts de ces pluies du siècle. Mais quel qu´en soit le montant, les assurances ne prendront pas en charge l´entier de la facture.

Contrairement à d’autres cantons, le Valais ne connaît pas le système de l’assurance incendie et dégâts naturels étatique et obligatoire. Chacun est libre de faire assurer ou non ses bâtiments, auprès de compagnies privées.

En général, les particuliers le font, et plus encore les communes et les bourgeoisies, propriétaires des bâtiments officiels, mais il n’est pas exclu que parmi les sinistrés de ce mois d’octobre, certains aient à payer de leur poche la reconstruction de leur maison.

Pas d’assurance obligatoire non plus pour les champs, les vergers et les vignes. Ici, c’est le Fonds suisse des dégâts non assurables qui donne un coup de pouce aux agriculteurs, selon un barème établi en fonction du genre de cultures sinistrées.

Les routes et autres infrastructures appartenant à l’Etat ne sont par contre jamais assurées. Ici, on juge que des dégâts d’une telle ampleur sont suffisamment exceptionnels pour que l’on puisse s’en passer. Ce sont donc les collectivités qui payent et c’est pour les communes que l’exercice est le plus douloureux. Pour les routes d’importance nationale en effet – comme celles du Simplon et du Grand St-Bernard – l’Etat du Valais pourra compter sur de généreuses subventions de Berne.

Le système est en gros le même pour les frais d’intervention des sauveteurs, pompiers, soldats et autres hommes de la protection civile. Ici, le principe est «qui commande paye», que ce soit les communes, le canton ou la Confédération. Et en cas de situation exceptionnelle, cette dernière peut décider de se montrer plus généreuse que ce à quoi la loi l’oblige. Elle l’avait d’ailleurs fait en 1993 au moment des inondations de Brigue.

Reste le cas des chemins de fer. Depuis le début de cette année, les CFF ont fait assurer leur réseau, avec un système de bonus qui aurait fait augmenter la couverture après deux ans sans sinistre. Pas de chance donc pour l’ex-régie fédérale: après Lothar – sans assurance -, la voilà face à une nouvelle grosse facture qui ne sera que partiellement couverte.

Et cette fois, les dégâts sont nettement plus importants: alors que l’ouragan avait touché essentiellement les lignes de contact, ici, ce sont près de 60 kilomètres de voies qu’il va falloir contrôler et réparer partout où l’eau a chassé le ballast ou s’est infiltrée dans le sol. Entre Viège et Brigue en effet, les trains roulent à 160 km/h et l’alignement des rails doit se faire pratiquement au millimètre.

Reste que personne parmi les officiels valaisans ne se risquait lundi soir à avancer un chiffre, même approximatif, du montant global des dégâts. Les relevés par hélicoptère sont en cours et prendront encore quelques jours. Dans la journée, certains ont parlé de six milliards de francs, suivant en cela un message du Conseil d’Etat à l’appui de sa demande de crédit pour le dernier en date des projets de correction des rives du Rhône.

Mais cette estimation, basée sur un véritable scénario-catastrophe, paraît nettement exagérée à Ivo Menzinger, responsable de sinistres de ce type chez Swiss Re. Pour ce spécialiste de la réassurance, qui se fonde sur les expériences de 1987 et 1993, la facture – pour l’ensemble de la Suisse – ne devrait pas dépasser le milliard.

Marc-André Miserez

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