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Japon: prison requise contre un ex-directeur du Credit Suisse

Shinji Yamada risque jusqu'à quatre mois de prison ferme pour ses opérations douteuses. Keystone / AP Photo / Yomiuri Shimbun / Masanori Genko

C´est une première: si le tribunal de Tokyo suit le réquisitoire du procureur, un ancien responsable d'une banque étrangère risque d'être condamné à quatre mois de prison ferme. On l´accuse d'avoir entravé une enquête sur des transactions douteuses.

L’an dernier, le Credit Suisse Group (CSG) s’était retrouvé au cœur d’un gros scandale financier.

A l’époque, l’accusé – Shinji Yamada – avait mis les produits dérivés du Credit Suisse Financial Products au service d’institutions financières et de sociétés japonaises au bord du gouffre.

L’ex-directeur du CSFP cherchait ainsi à les aider à dissimuler des milliards de dollars de mauvaises dettes à l’étranger.

Des transactions financières compliquées qui présentaient l’avantage, à court terme, pour certains grands noms de l’industrie japonaise, d’avoir à éviter de déclarer leur faillite.

Un an plus tard, Shinji Yamada doit répondre devant la justice d’entrave à l’enquête des contrôleurs financiers et de destruction de documents. Selon le procureur, l’accusé n’a exprimé aucun remord et son manque d’éthique est flagrant.

Certes, le Credit Suisse Group (CSG) – qui se refuse aujourd’hui à tout commentaire – admettait récemment le caractère douteux des activités incriminées. Mais il ajoutait aussitôt qu’elles n’avaient rien d’illégal.

Une chose est sûre: le Japon les a longtemps tolérées. En effet, au début des années 1990 – après l’implosion de la bulle spéculative et l’effondrement de la bourse de Tokyo – la plupart de ses banques se sont retrouvées en état de faillite technique.

«Elles ont perdu d’un seul coup l’équivalent de la richesse d’un pays comme la France», rappelle un analyste financier. En fermant les yeux, le ministère japonais des Finances espérait prévenir un effondrement de son système financier.

En s’attaquant aujourd’hui au Credit Suisse Group, les autorités japonaises cherchent à détourner l’attention du public. Autrement dit, explique l’analyste financier, «elles veulent faire oublier le fait qu’elles n’ont pas su réagir à temps. Et surtout qu’elles n’ont pas réussi à éviter la fermeture des institutions financières les plus endettées».

«Cela dit, il est vrai que le CSG a largement profité de la situation, ajoute l’analyste. Et plus que d’autres banques étrangères qui proposaient à l’époque les mêmes services».

En clair, le Credit Suisse Group était prêt à agir à l’extrême limite de la légalité. Et, grâce aux risques qu’il a ainsi pris, l’accusé Shinji Yamada a permis à son unité de produits dérivés et au CSG de réaliser des bénéfices colossaux.

Georges Baumgartner, Tokyo

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