Des perspectives suisses en 10 langues

L’état de grâce n’aura pas duré longtemps

L'attitude de la Conseillère fédérale ne plaît pas à la droite. Keystone

Deux semaines après son entrée en fonction, la ministre des affaires étrangères essuie les critiques de la droite.

Excepté les socialistes, les parti gouvernementaux dénoncent la participation sous condition de Micheline Calmy-Rey au Forum de Davos.

Radicaux, démocrates-chrétiens et nationalistes de l’UDC estiment qu’il s’agit-là d’une «mauvaise décision» qui prive la conseillère fédérale de contacts précieux et ne sert par les intérêts de la Suisse.

Cette réaction en chaîne fait suite aux révélations de ce week-end. Dans les colonnes de la presse hebdomadaire, la cheffe du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) affirmait qu’elle ne se rendrait au World Economic Forum (WEF) de Davos qu’à la condition qu’elle puisse y rencontrer son homologue américain, Colin Powell.

Micheline Calmy-Rey – qui s’est montrée critique face à une éventuelle intervention militaire contre Bagdad – souhaite en effet pouvoir s’entretenir avec le secrétaire d’Etat américain de la crise irakienne, ne serait-ce que brièvement.

Un «ultimatum» inacceptable

A peine connue, la prise de position de Mme Calmy-Rey a suscité les critiques de la Commission de politique extérieure du Conseil national. S’exprimant dimanche sur les ondes de la Radio Suisse romande, Claude Frey a déploré l’ «ultimatum» posé par la patronne de la diplomatie helvétique.

Pour le radical neuchâtelois, «c’est une faute». Selon lui, «en laissant les Etats-Unis décider de la présence de la ministre suisse des affaires étrangères à Davos, la conseillère fédérale s’est mise «en position de faiblesse».

Lundi, le Parti radical-démocratique (PRD) est même allé plus loin. Il attend de la nouvelle ministre des affaires étrangères qu’elle défende les intérêts de la Suisse. Et il estime que le développement d’un réseau de contacts internationaux fait partie intégrale de cette mission.

Une entorse à la neutralité

Or, selon les radicaux, le WEF est une excellente occasion pour faire ce travail. Vouloir rencontrer un interlocuteur étranger uniquement pour lui communiquer son opinion est une entorse à la politique suisse de neutralité.

Aux yeux des radicaux, la condition posée par Micheline Calmy-Rey est une erreur de communication. Et cela devrait être reconnu comme tel au plus vite.

Et la toute nouvelle présidente du PRD Christiane Langenberger de conclure: «Que Mme Calmy-Rey veuille montrer que la Suisse s’oppose à une guerre à l’Irak me semble justifié et extrêmement important, mais elle ne doit pas faire dépendre sa participation à la venue de M. Powell».

Une attitude «irréfléchie»

L’Union démocratique du centre (UDC) qualifie l’attitude de Micheline Calmy-Rey d’«irréfléchie» et de «dilettante». «Le monde n’est pas composé uniquement par les Etats-Unis», rappelle le porte-parole du parti.

Pour Yves Bichsel, la Suisse, en tant que pays neutre, ne doit pas mettre en jeu son rôle de médiateur par des déclarations intempestives.

Enfin, le Parti démocrate-chrétien (PDC) critique, lui aussi, la focalisation de la ministre sur un seul pays. Une telle attitude, lance la porte-parole du PDC Béatrice Wertli, pourrait se révéler négative pour la Suisse.

Le soutien des socialistes

De leur côté les socialistes défendent l’attitude de leur Conseillère fédérale. L’attaché de presse du PS, estime que la cheffe du DFAE n’a pas à se rendre à Davos «pour y faire des mondanités».

Et Jean-Philippe Jeannerat de préciser: «Le Conseil fédéral doit clairement prendre position contre les plans guerriers des Etats-Unis face à l’Irak et nous saluons la position de Mme Calmy-Rey qui souhaite transmettre ce message directement à son homologue américain».

swissnfo avec les agences

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision