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L’appel à la résistance du patron britannique de l’UBS

Luqman Arnold estime que la Suisse ne doit pas se soumettre au système européen, qu'il juge inefficace. Keystone Archive

Révolution à la Paradeplatz: le nouveau patron de l'UBS est un Britannique. Cela ne l'empêche évidemment pas de chérir la place financière helvétique. Mais sans trop de complaisance. Les Suisses, dit-il, doivent être plus combatifs, notamment pour défendre leur secret bancaire.

En poste depuis deux mois, l’homme est en soi un événement, puisque c’est la première fois qu’un étranger prend la tête d’une grande banque suisse. Et, en toute logique, c’est devant la Chambre de commerce helvético-britannique qu’il présentait, mardi, son point de vue sur l’avenir de la Suisse en tant que centre financier.

Un futur que Luqman Arnold voit avec optimisme. Le contraire aurait surpris. «La place financière suisse a de très solides fondations, précise t-il, en évoquant notamment la qualité de l’infrastructure, le niveau de formation et la stabilité qu’offre le pays. Je pense qu’elle a un grand avenir.» Ce qui n’empêche pas les banquiers d’avoir certains soucis. L’un d’eux s’appelle: échange d’informations.

C’est en effet par ce moyen que l’Union européenne cherche à harmoniser la fiscalité de l’épargne. Et elle compte obtenir des pays tiers, comme la Suisse, des mesures similaires, afin que son dispositif ne soit pas contourné. Or, ce système n’est guère compatible avec le secret bancaire à la mode helvétique.

«Nous ne voulons pas sacrifier la sphère privée financière de nos clients et nous pensons que la Suisse ne doit pas accepter les demandes de l’Union européenne», lance Luqman Arnold. Pour lui, le système envisagé par Bruxelles serait inefficace. Il va en outre à l’encontre d’un besoin grandissant, dans cette époque hi-tech: celui, justement, de la protection de la sphère privée.

Berne doit donc résister. «Prenez exemple sur les Britanniques, propose Luqman Arnold, en citant en exemple le bras de fer remporté par Londres pour défendre sa position sur le marché des obligations. Il est temps pour la Suisse, ajoute-t-il, de commencer à jouer le jeu de la négociation de la même manière que le font les membres de l’Union.»

Les Suisses sont-ils trop timides? C’est bien l’impression du nouveau patron d’UBS, quitte à jouer de l’understatement: «Je ne pense pas que les Suisses sont des communicateurs-nés», note t-il. Modestie et discrétion ont, durant des siècles, parfaitement convenu.

Mais, pour lui, cela ne suffit plus aujourd’hui, face à une concurrence internationale très agressive: «La communication est un champs de bataille, et un engagement actif est absolument essentiel». Et sur ce terrain, UBS veut donner l’exemple: «Nous avons décidé de devenir l’institution financière la plus transparente du monde», annonce Luqman Arnold.

Pierre Gobet, Zurich

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