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L’Europe désavoue la politique suisse de la drogue

Depuis 1994, le nombre de victimes de la drogue en Suisse a diminué. Keystone Archive

Après avoir cité en exemple la Suisse, le Conseil de l'Europe fait marche arrière. Suite à une offensive des partisans du tout répressif.

Berne s’attendait à des louanges pour sa politique sensible et clairvoyante en matière de lutte contre la toxicomanie. Et voilà que les parlementaires européens rejettent le rapport Flynn.

Ce rapport – du nom de son auteur, le député travailliste britannique Paul Flynn – désignait précisément l’approche suisse comme l’exemple à suivre.

Déjà renvoyé une fois en commission, le rapport Flynn aurait dû être approuvé jeudi soir par l’assemblée parlementaire. Mais il s’est heurté à un véritable tir de barrage des partisans d’une politique de la drogue purement répressive.

Une absence massive de députés modérés

Finalement, même les défenseurs du rapport Flynn ont choisi de saborder leur propre travail qu’ils jugeaient dénaturé par une kyrielle d’amendements. Toutes les mentions élogieuses de l’expérience suisse ont, en effet, été gommées au fil de la soirée.

«Après un tel sabotage, nous avons préféré voter nous aussi contre le rapport», lâche, avec amertume, le conseiller aux Etats Dick Marty (PRD/TI), porte-parole de la commission juridique chargée de défendre le rapport.

Le débat s’est déroulé tard jeudi soir. Et, pour le Tessinois, c’est aussi une explication: «Plusieurs députés avaient quitté Strasbourg. La participation était donc faible. Et ce sont surtout les opposants au rapport qui se sont déplacés.»

L’opposition est venue de toute l’Europe. De gauche comme de droite. Ainsi, la délégation sociale-démocrate suédoise, la droite française, et les Italiens proches de Silvio Berlusconi ou de la Lega d’Umberto Bossi se sont tous retrouvés dans le même camp.

La méthode «douce» a porté ses fruits

Pour mémoire, le rapport de Paul Flynn décortique les politiques de la drogue de quatre pays: la Suisse, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède. Et, sur la base des expériences réalisées, Paul Flynn invitait les membres du Conseil de l’Europe à abandonner une approche purement répressive, à fixer des «objectifs réalistes», et à s’engager surtout dans le camp de la prévention.

Pour Paul Flynn, la méthode «douce» a porté ses fruits. Aux Pays-Bas, le nombre de victimes s’est stabilisé. Et, en Suisse, depuis 1994, il a même diminué. Des faits que les députés n’ont pas entendus. Ou pas voulu entendre.

swissinfo

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