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L’heure de vérité pour SAirGroup

Pour SAirGroup, la courbe des chiffres pique sérieusement du nez Keystone Archive

C'est lundi que le nouveau patron du groupe, Mario Corti, doit lever le voile sur l'état de santé du transporteur aérien suisse. Quelle est l'ampleur des pertes? Quelles sont les mesures à prendre? Chacun s'attend au pire. A la bourse, le titre SAirGroup ne cesse pas de plonger.

La plus grosse débâcle de l’histoire économique suisse depuis l’affaire du Crédit Suisse à Chiasso, dans les années 70. C’est ainsi que la Neue Zürcher Zeitung qualifiait récemment la crise que traverse SAirGroup. Une crise qui, étant donné la valeur de symbole national de l’entreprise, a déjà largement débordé sur le monde politique, poussant parlementaires, partis et Conseil fédéral à prendre position.

Mais quelle est la profondeur du trou financier? Certains analystes l’estiment à 1,75 milliard de francs, d’autres à 2,2 milliards. Les évaluations des journaux vont même jusqu’à 2,5 milliards. Des chiffres que SAirGroup refuse de commenter, renvoyant à la conférence de presse de ce lundi, où la nouvelle orientation du groupe devrait être également esquissée.

On s’apprête, en fait, à découvrir la facture de la stratégie suivie depuis le milieu des années 90, qui visait à créer, autour de Swissair, un groupe de compagnies aériennes capables, dans un marché en pleine libéralisation, de compenser l’étroitesse du marché suisse.

D’où une série de prises de participations à l’étranger, dont Sabena en Belgique, LTU en Allemagne, AOM, Air Liberté et Air Littoral en France, LOT en Pologne. Des engagements qui aujourd’hui pèsent lourd. Ainsi, les trois compagnies françaises ont, selon leur patron Marc Rochet, enregistré en 2000 des pertes estimées à 650 millions de francs.

Quant à Sabena, la presse belge a réévalué cette semaine à la hausse ses pertes, qui auraient atteint 500 millions de francs suisses l’an passé, c’est-à-dire bien au-delà des dernières estimations de la direction, pourtant alarmistes (310 millions). De son côté, l’allemand LTU devrait lui-aussi inscrire de gros montants en chiffres rouges.

Dans ces conditions, comment s’étonner que, dans l’attente de ce que certains ont déjà baptisé le «lundi rouge», le titre SAirGroup ait une nouvelle fois piqué du nez vendredi à la bourse suisse, perdant plus de 8% (à 177,5 francs)?

Mais une fois la présentation du bilan passée, c’est encore une autre épreuve qui attend Mario Corti, le 25 avril, avec l’assemblée générale des actionnaires. Certains d’entre eux, dont l’Etat de Genève et un groupe de petits porteurs emmenés par un avocat de Winterthur, sont bien décidés à demander des comptes aux dirigeants du groupe.

Pierre Gobet, Zurich

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