L’heure des comptes pour deux retraités de luxe
Le groupe helvético-suédois ABB annonce une perte historique. Et s'intéresse de près aux millions perçus par deux de ses anciens cadres.
En 1996, lorsqu’il quitte la présidence de la direction d’ABB, le Suédois Percy Barnevik s’en va avec une jolie enveloppe de 148 millions de francs. Quatre ans plus tard, son successeur et compatriote Göran Lindahl se contentera de 85 millions. Le tout au titre de «retraite et autres revenus».
Mercredi, lors de sa conférence de presse de bilan, la direction du groupe annonce qu’elle va demander des comptes aux deux hommes. Un groupe d’experts internes et externes à l’entreprise est en train de passer leurs revenus à la loupe.
«Nous tenterons de trouver une solution à l’amiable», déclare Jörgen Centerman, actuel président de la direction, bien décidé à récupérer les sommes indûment touchées. Mais il ne précise ni jusqu’à quand vont durer les négociations, ni combien exactement il compte récupérer.
Selon ABB, ces montants n’auraient dû être versés que moyennant l’accord en bonne et due forme du conseil d’administration. Or, il est apparu que les procédures internes n’ont pas été scrupuleusement respectées.
Un peu fort quand même
«Ces sommes sont étonnamment élevées, cela ne fait pas un doute», admet Jörgen Centermann. Sans faire davantage de commentaires. Les analystes financiers présents mercredi à Zurich pour la présentation des comptes d’ABB ne sont guère plus diserts.
«Dans ce domaine, il n’existe pas de règles ni de lois, explique un spécialiste de la gestion d’entreprise, sous couvert de l’anonymat. Mais ces montants me paraissent effectivement gigantesques.»
Et d’ajouter que ces questions se discutent généralement au moment de l’engagement d’un top manager. De plus, la somme touchée au moment du départ doit toujours être fonction des résultats obtenus, soit de l’argent que le directeur a fait gagner à l’entreprise et à ses actionnaires.
Du temps de Messieurs Barnevik et Lindahl, il est vrai, ABB était encore largement bénéficiaire.
Marc-André Miserez
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