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L’OIT et la Suisse sur la même longueur d’onde

Jean-Luc Nordmann, chef de la délégation suisse à la Conférence internationale du travail. Keystone Archive

Fin, à Genève, de la session annuelle de la Conférence internationale du travail. Pour la délégation helvétique le bilan est positif. L'OIT et la Suisse sont en effet préoccupées par les même problèmes. A savoir, les effets sociaux de la globalisation, le travail des enfants, ou encore la sécurité sociale.

Cela fait une décennie déjà que Jean-Luc Nordmann dirige la délégation suisse aux assises annuelles de l’Organisation internationale du travail. Son expérience lui permet donc de juger sereinement les résultats de cette nouvelle session de quinze jours.

D’emblée, il met en exergue une question qui ne figurait pas formellement à l’ordre du jour de l’assemblée. Mardi, un groupe de travail – spécialement constitué par l’OIT pour traiter de la dimension sociale de la globalisation – s’est finalement rangé à une idée que la Suisse n’avait pas réussi à faire passer l’an dernier, lors du Sommet social de Genève.

«Nous demandons que des experts étudient les effets sociaux de la globalisation», explique celui qui, le reste de l’année, mène la Direction du travail au Secrétariat d’État à l’économie. Il faut dépasser le débat émotionnel, l’ouvrir aux différents points de vue, voir concrètement ce qui se passe dans les pays en développement.

Le mandat qui sera confié aux experts n’est pas encore définitivement fixé. Mais on sait déjà que leur rapport devrait alimenter les discussions de la Conférence annuelle de 2003. Et que, de cette manière, l’OIT se prépare – selon Jean-Luc Nordmann – à remplir le rôle qui lui avait été confié à Singapour par l’Organisation mondiale du commerce.

En décembre 1996, souvenez-vous, les membres de l’OMC s’étaient engagés à observer les normes fondamentales du travail. L’OIT, disait la déclaration finale, «est l’organe compétent pour établir ces normes et s’en occuper». Ils promettaient aussi de «faire face au problème de la marginalisation des pays les moins avancés». Cinq ans plus tard, on sait que la réalité est bien différente.

A Genève, la délégation gouvernementale suisse constate donc avec plaisir que l’OIT poursuit son rôle de «gardienne de la dimension sociale de la globalisation». Mais, confie Jean-Luc Nordmann, cette grosse organisation – qui regroupe les gouvernants, les patrons et les travailleurs – ressemble pour beaucoup à ces gros camions à qui l’on ne peut pas faire prendre des virages trop serrés.

L’Organisation est, par ailleurs, bien décidée à poursuivre, plus que jamais, sa lutte contre le travail forcé, et en particulier contre les pires formes du travail des enfants. Chaque pays est concerné, constate Jean-Luc Nordmann. Si ce n’est pas comme producteur de marchandises fabriquées par des enfants, c’est comme consommateur.

La question est de savoir comment les gouvernements des pays importateurs peuvent vérifier les conditions de travail dans lesquelles sont produits ces différents biens de consommation: «l’Etat suisse n’a pas les moyens de contrôler comment ici ou là on fabrique un tapis. Pour ce faire, nous avons besoin de la collaboration des organisations non gouvernementales».

Enfin, outre une résolution sur la nécessité d’étendre la couverture de la sécurité sociale dans les pays où elle bien trop faible, cette 89e Conférence internationale du travail a mis au point une convention sur «la sécurité et la santé dans l’agriculture». C’est, en effet, le secteur où l’on enregistre le taux le plus élevé d’accidents et de maladies professionnels, dus à des causes mécaniques ou chimiques.

La Suisse signera cette convention qui ne lui fait pas problème. «Nous en remplissons déjà les conditions», dit Jean-Luc Nordmann. Mais il émet, tout de même, une petite réserve à propos de l’aménagement du temps de travail. Il faudra vérifier si les contrats en vigueur dans les cantons sont conformes aux diverses réglementations et conventions collectives.

Bernard Weissbrodt, Genève

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