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L’UBS renvoyée en justice suite à la débâcle de Parmalat

Malgré sa faillite, Parmalat reste un poids lourd sur le marché mondial du lait. Reuters

La plus grande banque helvétique et trois autres instituts financiers ont été renvoyés devant un tribunal de Milan dans l'affaire de la faillite du géant italien Parmalat.

Ces établissements sont accusés d’avoir manipulé les cours boursiers du groupe agroalimentaire et de ne pas avoir pris des mesures propres à éviter les fraudes financières massives à l’origine de son naufrage.

Le juge des audiences préliminaires de Milan a inculpé mercredi l’UBS et trois autres banques internationales – Citigroup, Morgan Stanley et Deutsche Bank – pour leur rôle dans la faillite de Parmalat, qui a constitué l’un des plus gros scandales financiers d’Europe.

Les enquêtes ont en effet montré que ce fleuron était au bord du gouffre depuis de nombreuses années, ne survivant qu’au prix de grossières falsifications de bilan.

Les banques sont soupçonnées d’avoir été au courant de la situation de la multinationale et d’avoir manipulé les cours boursiers du groupe en conséquence.

Les banques réfutent

Toutes les banques concernées ont réfuté les accusations de la justice. A commencer par UBS, qui nie avoir commis une infraction. En juillet 2003, la banque suisse avait organisé pour Parmalat une émission obligataire de 651 millions de francs.

Pour sa part, Citigroup s’estime «victime de la plus grave banqueroute frauduleuse de l’histoire italienne de l’après-guerre». Quant à la banque d’affaires Morgan Stanley, elle a assuré que son «comportement a été absolument correct».

Des propos contredits par Enrico Bondi, l’actuel patron de Parmalat nommé par le gouvernement italien à la fin 2003.

Enrico Bondi reproche aux banques d’avoir su que le groupe était insolvable, mais de n’en avoir pas moins organisé jusqu’en 2003 des emprunts obligataires souscrits par de petits épargnants avec l’objectif de se rembourser sur cet argent.

Pour comprendre la situation, «il suffisait de faire la comparaison entre la dette déclarée au bilan par Parmalat et les créances déclarées par les banques envers Parmalat», a-t-il dit au cours d’une déposition devant le tribunal de Milan en février 2006. «L’écart était de 700 millions d’euros en 1997, puis de 1 milliard en 2002», a ajouté Enrico Bondi.

Une affaire en deux volets

La décision du juge de Milan tombée mercredi représente un nouvel épisode du premier volet de l’enquête Parmalat. Le début du procès a été fixé au 22 janvier prochain, devant le tribunal pénal de cette ville.

Dans ce volet, d’autres banques que les quatre précitées, ainsi que des cabinets d’audit, l’ex-dirigeant et fondateur de Parmalat Calisto Tanzi et plusieurs de ses collaborateurs sont poursuivis pour manipulations des cours et fausses communications financières.

Quant au second volet de l’enquête, il se déroule à Parme, où se trouve le siège du groupe.

Au total 71 personnes – dont Calisto Tanzi et Fausto Tonna, ancien directeur financier, des membres de l’ancien conseil d’administration, des commissaires aux comptes et d’autres responsables financiers – sont accusées de «banqueroute frauduleuse, faux bilans, associations de malfaiteurs et fausses communications».

swissinfo et les agences

Le scandale Parmalat a éclaté le 19 décembre 2003, lorsqu’un compte du groupe soi-disant crédité de 4 milliards d’euros s’est révélé être vide.

Par la suite, la justice a mis à jour un grand nombre de falsifications dans la comptabilité de Parmalat. Au total, le trou financier se montait à 14,5 milliards d’euros.

En décembre 2003, le gouvernement italien a adopté un décret urgent pour sauver Parmalat.

Les enquêtes ultérieures ont montré que le géant agroalimentaire a en fait trompé les marchés via des bilans falsifiés dix ans durant.

L’affaire Parmalat sera jugée en deux volets. L’un, à Milan, porte sur les manipulations des cours boursiers de l’action du groupe. L’autre, à Parme, porte notamment sur les accusations de banqueroute frauduleuse et faux bilans.

Environ 135’000 petits investisseurs ont perdu toutes leurs économies dans la faillite de Parmalat.

Jusqu’à fin 2003, le groupe agroalimentaire comptait quelque 36’000 employés. A fin 2006, ils étaient 16’000.

En 2002, le chiffre d’affaire de Parmalat atteignait 7,6 milliards d’euros. En 2006, il était de 3,8 milliards d’euros.

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