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L’UDC réaffirme sa position anti-européenne

Christoph Blocher (à gauche) et Samuel Schmid ne partagent pas le même avis sur la nécessité de retirer la demande d'adhésion. Keystone

L'Union démocratique du centre (UDC, droite dure) s'opposera aux nouveaux accords bilatéraux avec l'UE, s'ils portent atteinte à la souveraineté de la Suisse.

Réunis samedi en assemblée, les délégués de l’UDC ont réaffirmé leur ferme opposition à une entrée dans l’Union européenne.

«Ceux qui ne sont pas faits l’un pour l’autre ne doivent pas non plus unir leurs destinées», a déclaré le ministre de la justice Christoph Blocher à ses collègues de parti, réunis à Suhr, dans le canton d’Argovie. Il a énuméré les différences qui séparent, à ses yeux, l’UE et la Suisse.

Et d’abord deux principes «incompatibles» selon lui. «La Confédération n’a jamais eu pour but que les cantons se ressemblent, mais que leur diversité et leur souveraineté soient conservées. Il en est tout autre de l’UE: son objectif est l’harmonisation, l’uniformisation».

Autre divergence, pour Christoph Blocher: la démocratie directe grâce à laquelle «les décisions sont prises dans l’intérêt du peuple et non des politiciens» et qui «donne la possibilité de dire non».

Deux ministres, deux visions

A l’inverse, son collègue Samuel Schmid a défendu la politique européenne du gouvernement. Tirant un bilan positif de son année présidentielle, il a vanté les mérites de la voie bilatérale et minimisé l’importance de la demande d’adhésion.

La «politique réaliste» et «le voisinage solidaire» dont la Suisse fait preuve lui valent «la reconnaissance effective de ses partenaires européens», a observé le président du gouvernement.

De l’avis de Samuel Schmid, «jamais les relations entre la Suisse et l’UE n’ont été mieux ajustées et plus avantageuses pour les deux partenaires».

C’est pourquoi, «l’état d’avancement actuel et futur de la demande d’adhésion de 1992, déjà poussiéreuse, n’importe plus. Que ce soit à Bruxelles ou à Berne, un tiroir reste un tiroir», a conclu le conseiller fédéral.

Menace de référendum

Lors de leur assemblée à Suhr, les délégués de l’UDC ont suivi davantage le point de vue exprimé par Christoph Blocher. Ils ont approuvé à l’unanimité le document stratégique en onze points intitulé «La chance de la Suisse: la force par l’indépendance».

Ils ont ainsi dit non à l’adhésion à l’UE et demandé le retrait de la demande d’adhésion, mais ils ont aussi menacé de combattre par référendum ou initiative tout nouvel accord bilatéral qui empiéterait sur la souveraineté de la Suisse ou grignoterait les droits démocratiques.

Rejet de l’accord-cadre

Dans le même ordre d’idée, ils ont rejeté la proposition de conclure un «accord-cadre» avec l’Union européenne. Accord qu’ils perçoivent comme «un lien institutionnel censé déboucher sur l’adhésion».

L’UDC s’en prend aussi à la contribution de cohésion d’un milliard de francs que la Confédération s’est engagée à verser à l’UE. Il faut non seulement empêcher tout nouveau versement, mais aussi refuser ce premier geste, ont décidé les délégués sur une proposition du député Ulrich Schlüer et contre l’avis du comité directeur.

En approuvant la nouvelle plate-forme, ils ont également exigé que la Suisse n’aligne «pas systématiquement» son droit sur les normes européennes et ne focalise pas non plus sa politique économique sur «le marché fermé de l’UE», mais l’oriente davantage vers d’autres Etats et continents». L’Asie et l’Amérique du sud sont cités comme exemples.

Certaines revendications de l’UDC rejoignent celles formulées récemment par l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN). Il en est ainsi du refus d’un accord-cadre avec l’UE, de l’opposition à une contribution à la cohésion de l’UE et de la volonté de réorienter la politique commerciale de la Suisse vers l’Amérique et l’Extrême-Orient.

swissinfo et les agences

La Suisse a déposé une demande d’adhésion à l’Union européenne en mai 1992.
Bruxelles a gelé cette demande la même année après que la population suisse a refusé l’entrée dans l’Espace économique européen (EEE).
Le 26 octobre dernier, le gouvernement a décidé de ne pas retirer la demande. Ce jour-là, il a également donné son aval à l’ouverture d’une ambassade de l’UE en Suisse.
Jusqu’ici, la Suisse et l’Union européenne ont conclu 16 accords bilatéraux.

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