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La 5e Suisse plébiscite l’ouverture à l’Est

Les Suisses de l'étranger ont très clairement soutenu l'extension de la libre circulation des personnes. swissinfo.ch

Réuni jeudi à Interlaken, le Conseil des Suisses de l'étranger s'est prononcé massivement en faveur de l'extension de la libre circulation des personnes.

Il a aussi pris acte de la promesse de la SSR concernant l’avenir de swissinfo: si le parlement réintroduit la subvention, l’offre sera maintenue dans son entier, et même améliorée.

69 voix contre 5. Le verdict est clair. Le Conseil des Suisses de l’étranger (CSE) recommande massivement de voter oui le 25 septembre à l’extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux pays membres de l’Union européenne (UE).

A vu du débat qui suit les exposés, on aurait pourtant crû la salle plus partagée. Les opposants, suivant le député populiste (UDC) Hans Kaufmann, sont particulièrement en verve. Mais ni la crainte de l’immigration massive, ni celle de la sous-enchère salariale, ni celle du «tourisme social» ne semblent décisives pour une assemblée acquise d’avance.

Ce sont donc les arguments développés au premier chef par l’ambassadeur Urs Bucher, chef du Bureau de l’intégration et le député radical (centre-droit) Markus Hutter qui l’emportent.

Selon eux, l’extension proposée est la continuation logique des accords bilatéraux passés avec l’UE. Le pays, et surtout sa jeunesse, ont tout à y gagner. D’autre part, l’UE n’accepterait pas que la Suisse se permette de traiter certains pays comme des «Européens de seconde zone».

swissinfo: la volte-face de la SSR

Deuxième temps fort: la discussion sur l’avenir de swissinfo, la plateforme internet en neuf langues vouée aux Suisses du monde et au monde qui regarde la Suisse, et promise à démantèlement par SSR idée suisse, sa maison-mère.

Cinq mois après l’annonce d’Armin Walpen, directeur, et Jean-Bernard Münch, président de la société nationale de radiotélédiffusion, le second nommé vient faire un nouveau point de la situation. Et celle-ci a fortement évolué.

Il faut dire qu’entre temps, la résistance s’est organisée. Commissions parlementaires, conseil du public, partis politiques, organes divers de la 5e Suisse et jusqu’à certains ministres: tout le monde s’est ému de cette mort un peu trop vite annoncée.

«L’émotion soulevée par cette affaire est due en partie à la piètre qualité de notre communication», admet Jean-Bernard Münch, resservant la maxime du cordonnier, «toujours mal chaussé». Avant de rappeler les bases légales, financières et conjoncturelles qui ont amené à cette décision.

La concession charge la SSR d’assurer un service étranger, dans les quatre langues nationales et en anglais. Dans les autres pays, l’Etat prend cette tâche à sa charge. Or en Suisse, la Confédération n’en finance que la moitié. N’en finançait plutôt, puisque cette subvention a été sacrifiée à l’austérité budgétaire.

Dans le même temps, le diffuseur national prévoit une érosion de son budget de 10% à l’horizon 2009. 160 à 170 millions de recettes en moins et, avertit Jean-Bernard Münch, «400 à 500 emplois menacés». swissinfo devrait donc être la première à en faire les frais.

Aurait dû… Car le mouvement de résistance a eu ses effets. Aujourd’hui, note l’orateur, il est «probable» que le Parlement réintroduise la subvention. Dans ce cas, promet Jean-Bernard Münch, l’offre de swissinfo serait «maintenue dans son entier, et même améliorée».

Les lions et le joueur de flûte

Chargé de croiser le fer avec le président de la SSR, le vice-président du CSE Jacques-Simon Eggly en reste pratiquement sans voix. «Vous nous aviez dit venir ici comme Daniel dans la fosse aux lions, vous me faites plutôt l’effet du joueur de flûte», lance celui qui est également député de droite (libéral), en allusion au musicien légendaire qui libéra des rats la bonne ville de Hameln.

Dans la salle, le soulagement est visible. Hormis quelques nostalgiques des ondes courtes, tous les intervenants louent l’excellence de swissinfo, ce «pur sang», cette «perle» des médias suisses, qui dispense si rapidement ses nouvelles «compactes et neutres».

«Nous avions sous-estimé l’attachement des Suisses de l’étranger à swissinfo», admet Jean-Bernard Münch. Attachement palpable en effet.

Une seule voix s’élèvera pour tempérer ce bel enthousiasme. Celle de Jean-Paul Aeschlimann, scientifique suisse établi en France, qui demande au héros du jour si, avec des bases aussi incertaines, sa promesse n’est pas un peu «de la poudre aux yeux».

«Nous n’avons aucune intention perfide, réplique Jean-Bernard Münch. Et swissinfo a un bel avenir devant elle». Dont acte. Mais comme on n’est jamais trop prudent, le Conseil vote quand même, comme un seul homme, la résolution de soutien à swissinfo qu’il avait préparée.

Le retour du joueur de flûte

Ce que l’orateur omet de dire, c’est que dans la légende germanique, le musicien, bien mal récompensé de sa peine, revient un an plus tard pour emporter les enfants de Hameln…

Son président l’a dit: la SSR dispense au monde, par satellite ou par la toile, une multitude de programmes de radio, de TV et de sites d’information. Dès la fin de l’année, les collaborateurs de swisstext, chassés de leurs locaux de Bienne, fourniront les nouvelles brèves à l’ensemble des sites de la maison. Ils seront répartis entre Genève, Lugano et Zurich, où les plateformes internet des télévisions se préparent à étoffer leur offre de nouvelles écrites.

Au printemps, on reprochait à swissinfo de faire doublon avec l’offre déjà existante. Ne serait-ce demain plus le cas? Et surtout, face au renforcement annoncé des sites SSR, comment atteindre les objectifs d’économies sans faire jouer à fond les synergies, terme souvent synonyme de licenciements?

De ces questions, Jean-Bernard Münch s’est bien gardé de souffler mot.

swissinfo, Marc-André Miserez à Interlaken

A fin 2004, 623’057 Suisses vivaient à l’étranger.
Ils représentent environ un dixième de la population du pays.
62% habitent en Europe, dont 166’000 en France, 70’000 en Allemagne et 45’000 en Italie.
Un peu plus de 95’000 Suisses de l’étranger sont enregistrés sur les listes électorales pour participer aux votations et élections.

– Fondé en 1916, le Conseil des Suisses de l’étranger représente une sorte de parlement de la 5e Suisse qui se réunit deux fois par an.

– Le conseil est formé de 170 délégués provenant du monde entier. Il s’est reconstitué le 1er septembre pour une période de quatre ans.

– Ses tâches comprennent notamment la défense des intérêts de la Cinquième Suisse face au monde politique suisse.

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SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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