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La Bourse suisse à la conquête de l’Europe

Antoinette Hunziker-Ebneter, la présidente de la Bourse suisse, se retrouve aux commandes de virt-x. Keystone

Révolution: dès lundi, les valeurs vedettes de l'économie suisse ne sont plus négociées à Zurich, mais à Londres, sur un nouveau marché électronique. Son nom: virt-x. Son patron: Antoinette Hunziker-Ebneter, présidente de la Bourse suisse, qui prend ainsi pied sur le marché européen.

C’est le grand saut: dès lundi matin, les 29 valeurs du SMI, qui représentent près de 80 % de la capitalisation boursière du pays, ne sont plus négociées à Zurich. C’est désormais le travail de virt-x, une bourse virtuelle établie à Londres, contrôlée à parts égales part la Bourse suisse (SWX) et un consortium anglais, Tradepoint.

Ce transfert des blue chips suisses – les titres Roche, Nestlé et autres Swissair – c’est en quelque sorte la dot amenée par SWX à son partenaire. Mais c’est une Suissesse, Antoinette Hunziker-Ebneter, la présidente de la Bourse suisse, qui se retrouve aux commandes de virt-x.

L’ambition de cette nouvelle bourse n’est évidemment pas de s’en tenir aux titres suisses. Son but est d’offrir aux investisseurs une plate-forme unique pour vendre et acheter des valeurs vedettes de tout le continent européen. «Notre objectif est d’atteindre, au bout d’un an, une part de marché de 10 % du négoce des blue chips», précise Antoinette Hunziker-Ebneter.

Pour relever le défi, l’un des atouts de virt-x est le système électronique de négoce développé par SWX. «C’est l’un des meilleurs systèmes existant», estime Jean-Marie Martin, l’un des responsables de la salle des marchés chez Lombard Odier & Cie, à Genève.

«La question qui se posait, poursuit-il, était la suivante: étant donné le mouvement de rapprochement, de fusion entre les bourses, allons-nous rester enfermés en Suisse, avec un système performant? Ou essayons-nous d’exporter ce système en nous alliant à une autre bourse?»

La réponse, ce fut virt-x. Les responsables de SWX voient même dans cette opération une garantie pour l’avenir. Antoinette Hunziker-Ebneter: «Virt-x apportera des volumes supplémentaires à notre système. Et c’est précisément ce volume supplémentaire qui assurera le financement et le développement de notre technologie sur le long terme.»

Voilà pour les avantages. Mais la Suisse, en exportant ses blue chips, ne perd-elle pas une part de souveraineté, au moins symboliquement? Non, répond Paul Dembinski, directeur de l’Observatoire de la Finance. «Il y a longtemps qu’il existe une déconnexion entre les marchés financiers et l’économie réelle. C’est une affaire d’entreprise, la société Bourse suisse SA. Il ne faut pas en faire une question de prestige national.»

Autre crainte: le passage des valeurs du SMI à Londres ne va t-il pas déboucher sur un affaiblissement de la place financière suisse, mettre en danger des emplois. «Cela me rappelle ce que l’on entait dire il y a cinq ans, lorsque nous avons introduit le négoce électronique, réplique Antoinette Hunziker-Ebneter. Mais aujourd’hui il y a d’avantage de traders en Suisse qu’avant le passage à la bourse électronique.»

Le risque est également minimisé du côté des banques. Mais ce risque, lié au droit de timbre, l’impôt fédéral prélevé sur les titres, et d’ailleurs réformé à la fin de l’année passée, n’est pas tout à fait inexistant, à en croire Jean-Marie Martin. «Le seul désavantage potentiel, c’est si tous les clients non exonérés décidaient d’ouvrir des comptes ailleurs qu’en Suisse et de traiter via des membres de virt-x domiciliés à l’étranger.»

Mais Jean-Marie Martin est confiant: «Déplacer ses avoirs dans un autre pays, c’est une décision autrement plus importante que de devoir payer le droit de timbre en Suisse».

Pierre Gobet, Zurich

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