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La bourse suisse flanche

Les investisseurs ont l'oeil braqué sur les cours. Ex-press

Dans le sillage des forts reculs enregistrés sur les autres marchés de la planète, la bourse suisse a cédé beaucoup de terrain vendredi pour atteindre son plus bas niveau de l'année.

La fièvre touche les places boursières après un nouveau reflux de la place new yorkaise consécutif à la crise des crédits immobiliers américains (subprimes).

La bourse suisse SWX est tombée vendredi à son plus bas niveau depuis le début de l’année avant de se reprendre légèrement.

En milieu de journée, son indice vedette Swiss market index (SMI) est descendu à 8515,13 points, en recul de plus de 3%. Le 14 mars, il avait atteint 8’571,44 points.

«Le marché boursier (suisse) est relié au reste du monde, explique à swissinfo Claude Zehnder, analyste à la Banque cantonale de Zurich. La correction actuelle pourrait durer quelques jours encore, mais nous ne voyons pas le marché passer en phase globalement défensive («bear»)».

Les places européennes ont, elles aussi, continué à dévisser vendedi après celles d’Asie-Pacifique et, plus tôt, des Etats-Unis (baisse de 2,83% du Dow Jones jeudi). Cette forte correction a son origine aux Etats-Unis justement.

Elle découle des craintes liées à la crise des crédits immobiliers américains, qui met en péril la solidité d’institutions financières américaines mais qui fait aussi planer un doute sur certaines banques européennes, investies sur le marché outre-Atlantique.

«La pression pour vendre est forte, explique Conita Hung, analyste chez Delta Asia Securities, à Hong Kong. Le marché craint que davantage de fonds ou d’institutions financières ne révèlent des problèmes liés aux crédits subprime.»

Eviter une récession mondiale

Dans ce contexte, les investisseurs suivent de près les interventions des banques centrales, qui veillent à assurer un bon fonctionnement du marché monétaire. Leur but est de permettre aux banques de s’approvisionner en argent frais sans être tributaire des incertitudes à court terme.

Pour ces banques centrales, l’enjeu est, plus largement, d’éviter que la crise financière ne contamine l’ensemble de l’économie mondiale et ne provoque une récession mondiale.

Après les 94,8 milliards de jeudi, la Banque centrale européenne (BCE) a donc de nouveau injecté vendredi 61,05 milliards d’euros dans le circuit monétaire de la zone euro pour faire face à une pénurie de liquidités. La Réserve fédérale américaine et la Banque centrale du Japon ont fait de même.

Pas grave pour l’économie réelle

Aux Etats-Unis, «le problème reste limité à une partie du secteur du crédit et nous n’anticipons toujours pas une crise globale du secteur, indique Claude Zehnder. Notre opinion est que la crise ne contaminera pas l’entier de l’économie américaine.»

«Nous ne prévoyons pas de récession l’an prochain, poursuit l’analyste. Mais nous allons réduire nos attentes du taux de croissance (de l’économie) pour quelques trimestres supplémentaires.»

Toujours selon cet analyste, l’économie réelle en Suisse ne sera que marginalement affectée par les remous actuels.

Une enquête peu rassurante

Les courtiers soulignaient vendredi que le gendarme de la Bourse américaine a décidé d’ouvrir une enquête sur les cinq plus grandes banques américaines afin d’évaluer leurs pertes potentielles liées à la crise des subprimes.

«La SEC s’interroge notamment sur la validité de leurs dernières déclarations d’exposition à ce risque. L’ouverture de cette enquête est loin d’être rassurante pour les investisseurs», commentent les économistes d’Aurel Leven dans une note à leurs clients.

swissinfo et les agences

De nombreux prêts hypothécaires (mortgages) octroyés à des clients très peu solvables sont à l’origine de la crise immobilière aux Etats-Unis.

Avec la période de haute conjoncture de ces dernières années, ces prêts ont été accordés très généreusement. Entre-temps, les prix de l’immobilier ont explosés sur un marché en surchauffe.

Ces derniers mois, certains instituts hypothécaires américains se retrouvent avec sur les bras des crédits qui seront peu ou pas remboursés.

En clair, la composition des portefeuilles de crédit des banques hypothécaires s’est détériorée, d’où des réactions de paniques. Plus aucun crédit n’est octroyé par ces banques, ce qui aggrave la situation.

La nervosité s’est transmisse aux investisseurs en bourse. Ils ont commencé à vendre, parfois sous le coup de l’affolement, au risque de faire vaciller le secteur bancaire.

Ce mouvement de vente provoque la baisse du prix des actions bancaires mais aussi d’autres secteurs. Car les ventes portent également sur les fonds, options et autres dérivés, auxquels ces secteurs sont liés.

Ces ventes conduisent à des pénuries de liquidités étant donné que les vendeurs veulent du cash. D’où l’intervention des banques centrales, qui ouvrent leur robinet monétaire pour éviter une hausse des taux d’intérêt.

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