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La droite dure progresse partout

Christoph Blocher (à gauche) avec Ueli Maurer, président des Démocrates du Centre de l'UDC savourent leur victoire. Keystone

La force électorale de l'Union démocratique du centre (UDC) a progressé en Suisse romande mais aussi en Suisse alémanique.

Son alliance électorale à Zurich avec le Parti radical-démocratique a permis au duo de droite de s’imposer au Conseil des Etats (Chambre haute).

Il y a quatre ans, l’Union démocratique du centre avait confirmé sa progression de 1995 (où elle était passée de 11,9% à 14,9%) en passant à 22,5%, raflant au Conseil national (Chambre basse) 44 sièges contre 29 en 1995.

Même si le parti, mené par l’industriel zurichois Christoph Blocher, avait déjà fait beaucoup parlé de lui en Suisse romande, seuls les Vaudois avaient alors envoyé deux représentants à Berne. La plupart des gains restaient en Suisse alémanique (42 des 44 sièges).

La marge de progression semblait donc moindre qu’en Suisse romande. Mais finalement, ici comme en Suisse romande, l’ampleur de la victoire des démocrates du centre surprend, même si les gains cantonaux étaient déjà conséquents (167 sièges ces trois dernières années).

Six nouveaux sièges

La plupart des gains UDC en Suisse alémanique (6 de ses 11 nouveaux sièges) se sont fait au détriment du PDC. C’est le cas à Lucerne, à Soleure, à Bâle-Campagne et à St-Gall. Dans le canton d’Argovie, l’UDC a pris un siège aux radicaux.

A Schwytz, elle a emporté le nouveau siège à disposition suite au recensement fédéral, tandis qu’en Thurgovie, elle progresse de 8,2% en termes de voix, mais n’emporte aucun siège supplémentaire.

Un siège perdu à Zurich

Seuls Appenzell et Zurich voient l’UDC perdre un siège. Mais, à Zurich, la progression d’il y a quatre ans (4 sièges) avait été un peu chanceuse, et possible par des apparentements favorables.

Cela dit, comme dans le canton de Thurgovie, l’UDC progresse en pourcentages de voix et passe de 32 à 33,6% dans le canton le plus peuplé de Suisse.

Les raisons de ce succès ne sont pas différentes de celles qui poussent les électeurs romands dans les bras du parti de la droite dure.

Même si la dernière annonce électorale parue dans les médias sur la criminalité et les étrangers n’a pas, Outre-Sarine, suscité la protestation qu’elle a provoqué en Suisse romande, le discours UDC fait mouche.

Le rôle de «grand méchant»

Durant la campagne, le parti a pris le rôle de «grand méchant» à abattre. Il était frappant de voir, durant les débats électoraux, les représentants des autres partis faire front commun contre l’UDC, au prix, souvent, d’une argumentation propre.

Dimanche, sur les plateaux télévisés, les résultats et l’annonce de la candidature de Christoph Blocher ont été ressenties comme une provocation.

«J’ai de la peine à y croire», a déclaré Philipp Stähelin, président du PDC (Parti démocrate-chrétien / centre-droit), tandis que la socialiste Hildegard Fässler et la radicale Christiane Langenberger gardaient avec peine leur sang-froid, devant un Ueli Maurer qui élevait aussi la voix.

Quant au canton où les radicaux et l’UDC se sont «réconciliés» après des années de campagnes séparées, Zurich, l’alliance a montré qu’elle portait ses fruits.

Amis, mais pas trop

Il n’est évidemment pas question de prétendre que les alliances PRD-UDC vont faire école dans le reste de la Suisse.

D’autant que, malgré le succès du rapprochement (le ticket Trix Heberlein/Hans Hofmann a été élu confortablement), les deux partis ont pris soin de relativiser leur rapprochement.

«Nous n’avons pas décidé de pratiquer une collaboration intense, dit Ruedi Noser, qui a repris les rênes du parti radical après sa déroute électorale en avril. Nous avons décidé de ne plus nous disputer.»

Devant les caméras de TeleZueri, Trix Heberlein s’empressait de son côté de dire qu’elle n’avait pas apprécié la dernière annonce électorale de l’UDC.

Et Christop Blocher, comme toujours premier élu zurichois, s’il se félicite du ticket gagnant et reconnaît que son parti n’aurait peut-être pas pu conserver son siège sans l’allié radical, il précise que la collaboration ne peut pas se faire si l’UDC doit renoncer à ses principes de base.

Des petites phrases qui laissent présager des débats animés.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

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