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La droite nationaliste moins radicale qu’annoncé

L'UDC ne retient ce mercredi l'attention que de quelques commentateurs. swiss-image

«Beaucoup de bruit pour pas grand-chose», estime en substance la presse suisse au lendemain de la séance qui voit le groupe parlementaire UDC (droite nationaliste) passer «officiellement» dans l'opposition.

Malgré l’exclusion du groupe des deux ministres UDC choisis par le parlement, les commentateurs ne s’attendent pas à voir le parti mener une opposition frontale au gouvernement.

«L’amour, c’est regarder ensemble dans la même direction», rappelle «24heures» au lendemain d’une séance qui a vu le groupe parlementaire UDC «régler ses comptes et panser ses plaies».

Ainsi, «il n’y aura ni scission ni déchirure larmoyante» entre Bernois et Grisons d’une part et Zurichois de l’autre. Le parti mènera une politique d’opposition, qu’il promet «constructive», mais attendra la première réunion des cadres début janvier pour en esquisser le contenu. Pour l’instant donc, si les élus UDC regardent dans la même direction, «ils ne semblent toujours pas savoir laquelle», conclut le quotidien vaudois.

Un flou que souligne également «Le Temps», pour qui «le parti peine à définir une ligne qui s’annonce moins dure que prévu», et qui devra ménager à la fois l’électorat de base et l’aile économique de l’UDC, ces entrepreneurs «qui ont tout intérêt à préserver les conditions-cadre».

«Comme à l’échafaud»

Le parti semble entrer dans l’opposition «comme on monte à l’échafaud», juge encore le quotidien lémanique, voyant l’UDC «condamnée à tenir un engagement qu’elle avait conçu uniquement comme une menace et non pas comme un scénario potentiel».

Pour le «Bund», cette séance du groupe UDC a permis de montrer «le vrai visage des deux camps» qui cohabitent au sein du parti. Deux camps qui se distinguent avant tout par des «questions de style», mais entre lesquels «les différences de politique concrète sont minces» et qui «savent parfaitement qu’ils dépendent l’un de l’autre».

Car comme le rappelle le quotidien bernois «personne dans le groupe UDC ne souhaite une scission». Histoire de «ne pas faire ce plaisir à la gauche», mais aussi de continuer à «profiter fortement de la figure de Christoph Blocher» lors des élections.

«Le calme est rétabli. Cette fois encore, la révolte aura été de courte durée à l’UDC», écrit le «Tages Anzeiger» de Zurich. Même si les députés n’ont pas eu besoin de «jurer fidélité au leader», ils continueront à suivre la ligne dictée par Blocher, et «tant que ce dernier sera actif, le parti ne changera rien à sa politique, ni à son style».

L’UDC n’est plus invincible

Pour la «Basler Zeitung», une UDC dans l’opposition ne fait peur à personne. «Le parti a bluffé, et il a perdu». L’éviction de Christoph Blocher du gouvernement lui «a fait perdre son aura d’invincibilité».

Et dans la pratique, ce passage dans l’opposition «ne changera pas grand-chose», souligne le journal bâlois. «D’une part parce qu’à cinq contre deux, le gouvernement a encore clairement une majorité bourgeoise et de l’autre parce que l’UDC a déjà pris l’habitude de n’avoir pour ses propres ministres que des égards limités».

Soulignant elle aussi la perte de l’«aura d’invincibilité» de l’UDC, l’«Aargauer Zeitung» voit le parti «revenir à la raison». Car sa direction a pris conscience que «même pour elle, il existe des limites».

Et de saluer la décision du groupe de ne pas couper tous les ponts avec les deux ministres qui portent encore l’étiquette UDC. «Interdire tout contact aurait été stupide, car cela n’aurait fait que renforcer les sympathies dont jouissent le respecté Samuel Schmid et la populaire Eveline Widmer-Schlumpf», écrit le journal argovien.

swissinfo, Marc-André Miserez

Il n’y aura pas de scission au sein du groupe parlementaire de l’Union démocratique du centre (UDC). Mardi, au cours d’une séance de deux heures et demie, les députés et sénateurs ont affirmé leur unité. Par 60 voix contre 3, sans abstention, ils ont confirmé l’exclusion de leur groupe des ministres bernois Samuel Schmid et grisonne Eveline Widmer-Schlumpf, nouvellement élue par le Parlement en lieu et place du leader du parti, le Zurichois Christoph Blocher.

En présence de leur futur ex-ministre, les parlementaires UDC ont clairement affirmé qu’ils ne veulent «pas de sous-formation ou de cheval de Troie en leur sein», selon la formule du chef du groupe Caspar Baader.

«Etre dans l’opposition ne signifie pas forcément dire non à tout, a répété Caspar Baader. Si le gouvernement ou le parlement prennent des décisions dans notre sens, alors nous les soutiendrons». Et de rappeler que cette politique ne concerne que le groupe aux Chambres fédérales, et pas les sections locales ou cantonales.

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