La fin d’une époque
Après celui de Philippe Bruggisser, le départ de Paul Reutlinger est également celui d'un homme qui défendait la politique d'alliances tous azimuts de SAirGroup. Une stratégie qui semble de moins en moins à l'ordre du jour.
Avec le départ de Paul Reutlinger, c’est toute la politique de SAirGroup en France qui pourrait être remise en cause. Aux prises avec des syndicats qui n’ont jamais manifesté une grande sympathie pour Swissair et sa culture d’entreprise très helvétique, Paul Reutlinger s’était attelé à un chantier difficile et périlleux: restructurer et refondre en une nouvelle entité AOM, Air Liberté et Air Littoral, un projet qui provoque les plus vives craintes en France où l¹on s¹attend à plus de 400 licenciements.
Paul Reutlinger, qui a la réputation d’être un habile négociateur, avait dû faire preuve de patience et de diplomatie pour ne pas se mettre à dos onze syndicats dans un contexte économique et social délicat avec l’introduction en France de la semaine des 35 heures et la réduction des déficits cumulés des trois compagnies qui atteindrait 400 millions de francs suisses.
A Paris, l’inquiétude règne après la démission de Paul Reutlinger et l’intersyndicale des trois compagnies menace de se rendre à Zurich pour se faire entendre. Les Français estiment que Moritz Suter, le nouveau patron de SAirGroup, n’est pas un chaud partisan du développement d’AOM, Air Liberté et Air Littoral. Du côté français, on craint un désengagement de Swissair qui laisseraient les trois compagnies financièrement exsangues.
Il y a quelques jours, SAirGroup avait renoncé à reprendre sous son aile la compagnie portugaise TAP et Turkish Airlines, toutes deux dans les chiffres rouges. Ce désengagement avait coïncidé avec l’arrivée aux commandes de Moritz Suter qui devrait remettre en question la stratégie d’alliances tous azimuts de son prédécesseur.
Paris – Jacques Allaman
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