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La fin d’une longue attente, le début d’un renouveau

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Au moment où les Suisses se demandent s'il faut armer leurs soldats en mission à l'étranger, il paraît opportun d'évoquer certaines réalisations qui se veulent aussi de véritables contributions de la Suisse à la paix. Mais qui sont méconnues. D'où cette série d'articles qui leur est consacrée. Cinquième et dernier volet: l'Institut international de recherches pour la paix à Genève (GIPRI).

Jean-Pierre Stroot a fait toute sa carrière au CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire basée dans les environs de Genève. Aujourd’hui à la retraite, ce physicien se bat plus que jamais pour faire vivre le GIPRI dont il est le président.

A lire ou entendre ce sigle, impossible de ne pas penser au SIPRI, l’Institut de Stockholm qui a tant fait parler de lui pendant la guerre froide, dont les annuaires servaient de référence incontournable aux spécialistes et qui tentait de sauver quelques liens entre l’Est et l’Ouest.

Lancé dans les années 80 – on se contenta de remplacer le S par un G – le GIPRI avait un peu les mêmes intentions, nous explique Jean-Pierre Stroot. «Les Denis de Rougemont, Max Petitpierre, Monique Bauer-Lagier et autres Alexandre Berenstein se disaient alors que Genève, siège de la Conférence du désarmement, était mieux placée que Stockholm pour observer la scène mondiale et participer à la construction de la paix.»

Mais les moyens financiers du GIPRI n’étaient en rien comparables à ceux de son modèle suédois. De plus, à cette époque-là, ceux qui militaient pour la paix n’avaient pas vraiment bonne presse en Suisse. On se méfiait de ces gens que l’on disait influencés par les thèses soviétiques et que l’on baptisait allègrement de gauchistes ou de communistes.

Pendant une dizaine d’années, l’Institut a donc fait avec les moyens du bord, organisant pourtant sans relâche à la fin de chaque été son cycle de cours sur «les grands problèmes de la paix». Mais lorsque s’apaisèrent les humeurs de la guerre froide, certains pensèrent que ses heures étaient comptées.

Le suspense dura quelques années. Le GIPRI vivota tant bien que mal. Jusqu’en décembre 2000, quand le parlement cantonal lui redonna, pour trois ans au moins, le minimum vital nécessaire à une initiative dont l’objectif fait en quelque sorte honneur à «l’esprit de Genève».

Pas facile, on le devine, d’être une ONG civile et académique dans un monde de diplomates et de stratèges. Mais le GIPRI peut compter, dans son réseau d’amis, sur une belle brochette de physiciens, biologistes, politologues, juristes, économistes ou informaticiens.

«Nous avons des ouvertures importantes et nous voulons les maintenir», insiste Jean-Pierre Stroot qui appelle aussi de tous ses vœux la relève des plus jeunes. Le petit secrétariat revit. Un nouveau cycle de cours est en chantier pour l’automne. Les publications redémarrent, modestement, avec un cahier sur la défense antimissiles balistiques et un travail de synthèse sur l’uranium appauvri.

Et puis, le GIPRI loge à une bonne adresse, Avenue de la Paix, tout comme le Centre de politique de sécurité qui met gratuitement à sa disposition l’espace et l’infrastructure de travail et en attendant que soit construite la Maison de la Paix.

C’est un immeuble – encore virtuel – dont Genève parle depuis des années et qui devrait héberger sous un même toit tous les «outils suisses» et autres institutions oeuvrant pour la paix. Mais ça, c’est un de ces feuilletons genevois dont on n’est pas sûr de voir un jour la fin.

Bernard Weissbrodt, Genève

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