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La qualité de l’air laisse encore à désirer

les gaz produits par les automobiles sont une grand source de pollution. swissinfo C Helmle

Le trafic routier est responsable d’un tiers de la pollution de l’air, ont dénoncé des spécialistes jeudi à Zurich.

De nouvelles mesures s’imposent pour réduire les émissions nocives, notamment le filtre obligatoire sur les moteurs diesel.

Les mesures prises en Suisse depuis la fin des années 80 pour réduire les émissions nocives du trafic routier ont largement porté leurs fruits, mais le résultat demeure insuffisant.

C’est la conclusion d’une journée de travail organisée jeudi Zurich par la Commission «Chimie et physique atmosphérique» (ACP) de l’Académie suisse des sciences naturelles.

Ainsi, entre 1988 et 2002, les émissions de dioxyde de soufre (SO2) ont diminué de 80%, celles de plomb de 80 à 90%. Le catalyseur y est pour beaucoup, a rappelé Rudolf Weber, de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP).

Valeurs limites pas respectées

Mais trois substances nocives continuent à poser problèmes: les particules fines PM10, les oxydes d’azote (NOx) et l’ozone, dont les quantités n’ont que très peu varié ces dix dernières années et les valeurs limites fixées sont régulièrement dépassées


Or, selon Marie-Therese Büsser, de l’Office zurichois pour les déchêts, l’eau, l’énergie et l’air, le trafic routier cause 50% des émissions de Nox, un tiers de celles de PM10 et un tiers également des émissions de CO2 (dioxyde de carbone).

Deux fois plus de trafic

Or le trafic motorisé ne cesse d’augmenter. Il a doublé depuis 1970. «En matière de qualité de l’air, les objectifs n’ont pas été atteints et il faut prendre de nouvelles mesures», a insisté Rudolf Weber.

Les conséquences pour la santé commencent à être connues avec plus de précision, même si peu d’études empiriques de longue durée ont été faites jusqu’ici, a relevé Charlotte Braun-Fahrländer, de l’Institut de médecine sociale et préventive de Bâle.

Maladies respiratoires

Aux Pays-Bas, une étude menée sur huit ans a montré que les enfants vivant près d’autoroutes avaient nettement plus de maladies respiratoires que les autres enfants. Chez les adultes, la mortalité est également plus élevée.

«En Suisse, les premières enquêtes montrent une corrélation certaine entre les émissions de gaz nocifs et les maladies respiratoires», a expliqué Charlotte Braun-Fahrländer.

Chez les enfants, les principaux problèmes sont des toux sèches la nuit ou des bronchites chroniques. En revanche, aucun lien avec les apparitions d’allergie n’a pu être fait jusqu’ici, mais la spécialiste n’exclut pas une corrélation.

Chez les adultes, les émissions nocives provoquent des maladies respiratoires voire des cancers des poumons, ainsi que des problèmes cardio-vasculaires.

Un filtre pour le diesel

Au premier rang des mesures prônées par les spécialistes présents à Zurich: la commission ACP exige l’introduction obligatoire de filtres à particules sur tous les nouveaux véhicules à moteurs diesel immatriculés en Suisse.

Car le diesel, bien que moins gourmand en besoins énergétiques, émet plus de particules de suie que les moteurs à essence.

«L’avantage d’une consommation plus faible d’énergie et donc d’une émission réduite de CO2 est largement perdu si l’on considère les émissions de suie, qui absorbe la lumière du soleil et réchauffe l’atmosphère », a expliqué Urs Baltensperger, de l’Institut Paul Scherrer.

«Une baisse du prix du diesel est inconcevable sans installation préalable de filtres obligatoires », a encore dit Urs Baltensperger.

Au diapason avec les scientifiques

Le professeur faisait allusion aux différentes motions parlementaires visant à diminuer le prix du diesel, «pour réduire les émissions de CO2».

Mardi, la commission compétente du Conseil nationale (Chambre basse du parlement) a cependant rejeté ces demandes et a proposé, au diapason avec les scientifiques, de rendre la pose du filtre obligatoire sur les moteurs diesel.

Sur pression de deux fabricants français, l’industrie automobile a du reste déjà décidé d’équiper les nouveaux moteurs dès 2004.

Mesures ponctuelles inefficaces

Quant à d’autres mesures possibles pour améliorer la qualité de l’air – réduction des vitesses autorisées sur les routes, interdiction partielle du trafic – la Zurichoise Marie-Therese Büsser a mis en doute leur efficacité.

«Les différentes substances agissant en interaction les unes avec les autres, il est nécessaire de poursuivre une stratégie globale», a-t-elle déclaré.

«Des mesures ponctuelles ont au maximum un effet psychologique, en incitant les gens à réfléchir, à se demander s’ils veulent vraiment prendre leur voiture…»

Quant aux objectics fixés par le protocole de Kyoto sur les réductions des gaz à effets de serre, les spécialistes sont convaincus qu’ils seront, en l’état actuel, impossibles à atteindre, ou, au mieux, «très difficiles» à réaliser.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

-Entre 1988 et 2002, grâce au catalyseur notamment, les émissions de dioxyde de soufre (SO2) ont diminué de 80%, celles de plomb de 80 à 90%.

-Les émissions de particules fines PM10, d’oxydes d’azote (NOx) et d’ozone n’ont en revanche que très peu varié.

-Le trafic motorisé a doublé depuis 1970

-Les moteurs à diesel sont moins gourmands en besoins énergétiques, mais ils émettent plus de particules de suie que les moteurs à essence.

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