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La Suisse appuie le Bhoutan dans sa modernisation

Le Bhoutan est encore fortement dépendant de l'agriculture de subsistance. Keystone

Une délégation suisse est de retour du Bhoutan. Elle s’était rendue dans le royaume himalayen pour y évaluer les progrès de l’aide helvétique.

Pour ce petit pays en marche vers la démocratie moderne, le système fédéral suisse est peut-être une voie à suivre.

Petit pays reculé d’à peine plus de 2,1 millions d’habitants, le Bhoutan est virtuellement resté hors du monde pendant des siècles.

Mais ces dernières années, il a démarré une prudente modernisation, tout en ouvrant progressivement ses frontières.

Pour la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC), le petit royaume est un pays prioritaire où elle s’implique depuis 1983.

En 2003, la DDC y a investi plus de 7,7 millions de francs au titre de l’aide au développement.

L’ancien Conseiller aux Etats (chambre des cantons) Gian-Reto Plattner dirigeait la délégation suisse de retour du terrain. Il en tire plusieurs constats.

Au départ, la DDC focalisait son attention sur des projets de développement. Mais depuis plusieurs années, elle aborde la sphère politique.

La sortie de l’isolationnisme

«La DDC multiplie les idées nouvelles, indique Gian-Reto Plattner. Elle tente par exemple d’enseigner le fonctionnement démocratique à la population».

«La DDC continue à verser beaucoup d’argent en faveur du développement. Mais la part essentielle de l’aide est maintenant d’ordre intellectuel plutôt que matériel».

Selon Gian-Reto Plattner, le Bhoutan s’est fait extirpé de son isolationnisme au moment où les problèmes de ses voisins ont commencé à l’atteindre.

Pas plus tard que début décembre, la quasi-totalité des 6000 soldats bhoutanais ont mené leur première opération militaire d’envergure afin d’expulser du sud du pays plusieurs centaines de rebelles Indiens (Assam).

Ce n’est pas tout. L’actuel roi, Jigme Singye Wangchuck, subit une pression croissante l’incitant à reprendre les quelque 100’000 Bhoutanais installés au Népal dans des camps de réfugiés depuis plus de dix ans.

«On ne peut rester hors du monde, rappelle Gian-Reto Plattner. Il faut changer avec lui. Sinon, les problèmes vous rattrapent tôt ou tard.»

Une possible démocratie fédéraliste

«D’une certaine manière, la situation est proche de celle de la Suisse», constate aussi l’ex-conseiller aux Etats.

Aux yeux de Gian-Reto Plattner, le Bhoutan est une composition de régions qui fonctionnent largement en indépendance les unes des autres. Un peu comme les cantons suisses.

«De sorte que la démocratie fédéraliste développée en Suisse peut sembler appropriée pour le Bhoutan».

«Nous en avons beaucoup parlé avec les officiels de haut rang, indique Gian-Reto Plattner. Ils terminent la première mouture de la constitution et se sont montrés très intéressés par notre propre texte fondamental. Je crois qu’ils ont beaucoup à tirer de la Suisse».

Reste que selon le Suisse, les Bhoutanais sont très attachés à leur isolationnisme.

«Ils vivent en paix, n’ont jamais été colonisés, et auraient bien poursuivit leur chemin ainsi».

«Les problèmes ont fait irruption dans le pays contre leur volonté. Et les erreurs n’ont pu être évitées. C’est alors que le roi a réalisé qu’il fallait réagir, la meilleure solution étant de démocratiser le pays».

L’importance du commerce avec l’Inde

D’autres facteurs ont aussi poussé le petit royaume vers la modernisation. Le commerce surtout, en rapide développement avec l’Inde, qui est le principal partenaire (et financier) du Bhoutan.

Selon Gian-Reto Plattner, la principale décision prise par le Bhoutan a été l’amélioration de son système scolaire.

Mais à mesure que le nombre de Bhoutanais instruits s’accroît, le besoin de nouvelles industries susceptibles de leur procurer un emploi devient évident.

En ce qui concerne les industries locales, les options restent limitées, estime Gian-Reto Plattner. Ce dernier entrevoit toutefois un bon potentiel de développement pour le secteur hydroélectrique, au vu des réserves d’eau accumulées sur les plateaux himalayens.

Du reste, la DDC ne ménage pas ses efforts pour soutenir le Bhoutan dans la création d’entreprises et dans sa sortie de la seule agriculture de subsistance.

Vaches (plus productives) et pommes de terre (mieux adaptées) en provenance de Suisse sont même devenues un emblème de l’aide helvétique au royaume du Bhoutan.

swissinfo, Joanne Shields
(traduction et adaptation: Pierre-François Besson)

L’espérance de vie au Bhoutan est passé de 57 à 72 ans en dix ans

La population est estimée à 2,14 millions d’habitants, en croissance annuelle de 2,14%

Trois quarts des habitants sont bouddhistes, un quart hindouistes

Le roi Jigme Singye Wangchuk a accédé au trône en 1972

La Suisse est l’un des cinq pays apportant son aide au royaume

– Le Bhoutan est un pays prioritaire de la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC), qui a contribué à hauteur de 7,7 millions de francs pour ses projets de développement en 2003.

– La DDC finance des projets de développement dans le domaine de l’éducation et l’agriculture mais aussi des infrastructures de base.

– La DDC veut s’impliquer graduellement dans le conseil politique, en s’inspirant du système de démocratie fédéraliste suisse.

– Le Bhoutan cherche à rompre avec sa tradition isolationniste et à développer une démocratie plus ouverte.

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