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La Suisse aussi allège la dette de l’Irak

L'Irak a rapidement besoin de reconstruction. Notamment de ses écoles. Keystone

La Suisse fait partie des 19 pays qui ont décidé d’effacer 80% de la dette irakienne. Un geste qui favorisera la reconstruction du pays.

Les 45 milliards de francs suisses dûs par Bagdad à ces pays ne représentent toutefois qu’un tiers de sa dette globale. Les autres créanciers pourraient suivre le mouvement.

«La Suisse est heureuse qu’une solution concernant le traitement de la dette irakienne ait pu être trouvée au sein du Club de Paris», se félicite le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco), dans un bref communiqué diffusé lundi.

Ce week-end, les membres du Club de Paris – instance informelle qui réunit 19 pays industrialisés, dont la Suisse – sont tombés d’accord sur une réduction de 80% des sommes que l’Irak leur doit.

Cette réduction se fera en trois phases: un allègement immédiat de 30%, puis une deuxième étape de 30% liée à un programme du Fonds monétaire international (FMI), et enfin, une dernière étape de 20%, liée au succès de ce programme.

D’ici 2008, la dette de Bagdad envers ces 19 pays devrait ainsi avoir passé de 45,2 milliards à 9 milliards de francs suisses.

Cet accord est un compromis entre les différents membres du Club. Les Etats-Unis, soutenus par leur allié britannique dans la guerre d’Irak, voulaient à l’origine un effacement de 95% de la dette.

De leur côté, les Russes, les Français et les Allemands souhaitaient que l’allègement soit limité à 50%.

330 millions pour la Suisse…

Selon le seco, la dette irakienne à l’égard de la Suisse s’élève au total à 330 millions de francs, intérêts moratoires compris. Pour la Confédération, ce geste à l’égard des nouvelles autorités en place à Bagdad représente donc une somme de 264 millions de francs.

Ces créances sont liées à des affaires datant des années 70 et 80, couvertes par la garantie suisse contre les risques à l’exportation (GRE).

Le seco souligne que cette annulation de la dette irakienne vise à ce que la situation d’endettement du pays reste «soutenable». Cette décision doit aussi permettre aux nouvelles autorités irakiennes de «libérer des fonds pour la reconstruction du pays».

…et 93 milliards pour les autres

Reste que l’argent dû par Bagdad aux membres du Club de Paris ne représente qu’un tiers de sa dette totale.

L’Irak a aussi contracté des dettes pour environ 70 milliards de francs auprès d’autres pays, en particulier ses voisins du Golfe et des pays de l’ancien bloc soviétique. Le reste, soit quelque 23 milliards de francs, est dû à des créanciers privés, notamment des banques.

Lundi, le Premier ministre irakien par intérim Iyad Allaoui a déclaré espérer que «les frères arabes de l’Irak»suivraient la voie ouverte par le Club de Paris et effaceraient la plus grande partie de la dette du pays «dans un avenir très proche».

La principale difficulté sera de s’entendre avec des pays comme le Koweït, à qui l’Irak rembourse également les réparations entraînées par l’invasion de 1990. L’Irak estime que ces fonds constituent un don et non pas un prêt, mais l’Arabie saoudite et le Koweït sont d’avis contraire.

Malgré cela, Rodrigo Rato, directeur général du FMI estime que d’autres pays signeront l’accord du Club de Paris. «Nous croyons que d’autres se joindront (aux signataires)», a-t-il déclaré lundi.

«Condition essentielle»

En attendant, les autorités provisoires de Bagdad saluent le geste du Club de Paris. Selon le ministre des finances, Adel Abdel Mahdi, celui-ci «démontre que la communauté internationale reconnaît la nécessité urgente pour l’Irak de mener à bien son programme massif de reconstruction».

«La plupart des dettes de l’ère de Saddam (Hussein) doivent être annulées avant que ce programme puisse se réaliser. Il s’agit là d’une condition essentielle de la stabilité de l’Irak», ajoute le ministre.

A Charm el-Cheikh, en Egypte, où se tient lundi et mardi une conférence internationale sur l’Irak, le représentant de Bagdad à l’ONU Samir Soumaydaï a qualifié la décision du Club de Paris de «pas important» même s’il a affirmé que son pays «espérait obtenir plus».

swissinfo et les agences

– La dette globale de l’Irak frise les 138 milliards de francs suisses.

– 45 milliards sont dûs aux 19 pays industrialisés du Club de Paris (dont la Suisse)

– 70 milliards sont dûs aux autres, principalement des pays arabes et de l’ancien bloc soviétique.

– 23 milliards sont dûs à des banques et autres créanciers privés.

– Le Club de Paris a décidé de réduire ses créances de 80% sur quatre ans.

– La part de la Suisse est de 330 millions de francs.

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