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La taxe poubelle ne fait toujours pas l’unanimité

La taxe poubelle permet de diminuer le volume des déchets et le coût de leur recyclage. Keystone

Près de 70% des Suisses financent l´élimination de leurs déchets selon le principe du pollueur-payeur.

Le contenu de leurs sacs d´ordures a diminué de 15% en dix ans. Mais le principe de causalité peine à s´imposer en Suisse romande.

Lorsqu´une commune introduit une taxe pour le recyclage des déchets dans le prix des sacs poubelle, la quantité d´ordures ménagères recule de 30% en moyenne, se réjouit Hans-Peter Fahrni.

Le chef de la division déchets de l´Office fédéral de l´environnement et du paysage (OFEFP) présentait jeudi à Berne les résultats d´une étude sur l´acceptation de la taxe poubelle.

Menée auprès de 2200 personnes dans treize communes, l´enquête montre que le principe du pollueur-payeur (ou de causalité) est bien accepté.

Dans les communes ayant introduit la taxe au sac, 88% des personnes estiment que ce principe est judicieux. Et 87% jugent que les coûts sont raisonnables. Dans les autres communes, 73% pensent que l´instrument est approprié.

Peu de dépôts sauvages

Quelque 50% des personnes interrogées affirment avoir modifié leur comportement après l´introduction de la taxe.

En outre, poursuit Hans-Peter Fahrni, de nombreuses communes améliorent leur logistique d´élimination des déchets à ce moment-là, ce qui contribue à réduire les coûts.

D´après l´étude, le principe du pollueur-payeur ne provoque pas de nette augmentation des dépôts sauvages, ni d´incinération illégale des déchets.

En Suisse, la proportion d´ordures éliminées sauvagement est de 1 à 2%.

Elle tend à être légèrement plus élevée dans les communes avec la taxe, précise Hans-Peter Tobler, chef de l´office d´élimination des déchets de la ville de St-Gall.

Cette tendance, ajoute-t-il, est plus marquée dans les villes qu´à la campagne où le contrôle social est plus fort.

Moins de papiers

L´application du principe du pollueur-payeur a un effet positif sur le contenu des ordures ménagères, comme le démontre la deuxième étude présentée par l´OFEFP, analysant la composition des ordures 2001/2002.

La proportion de déchets valorisables (verres et papier notamment) y est nettement plus faible dans les communes ayant introduit la taxe au sac.

De manière générale, les quantités d´ordure ménagères dans les sacs-poubelles ont reculé de 15% (270’000 tonnes par an) depuis 1992/1993, malgré une croissance démographique de 3,9%.

Ce sont avant tout le papier et le carton qui ont diminué, dit le chef de la division déchets de OFEFP.

En revanche, la proportion de déchets organiques (restes de repas, épluchures) et matériaux composites (langes, jouets, chaussures) s´est accrue.

Avec 27% du total, ils constituent la principale composante d´une poubelle. Celles-ci contiennent encore 16% de papiers (dont certains non recyclables), 14% de matériaux composites et 13% d´autres plastiques.

Les Romands à la traîne

Inscrit dans la loi fédérale sur la protection de l´environnement, le principe de causalité s´est largement imposé en Suisse alémanique.

En Suisse romande, Fribourg est le seul canton à avoir introduit systématiquement la taxe au sac.

Dans les autres cantons romands et au Tessin, seule une minorité de communes recourent à cet instrument.

Dans le canton de Vaud, la crainte de la taxe a entraîné le rejet de la nouvelle loi sur la gestion des déchets en novembre 2002, rappelle Jean-Claude Mermoud.

Pour le chef du Département de la sécurité et de l´environnement du canton, la taxe est un outil et non un but en soi.

En clair, elle doit compléter les deux instruments les plus importants qui sont la sensibilisation de la population et la mise à disposition de lieux de collectes appropriés. L´impact de la taxe sur la production de déchets doit en outre être relativisé.

Selon les chiffres de 2000, la production de déchets urbains dans le canton de Vaud s´élève à 365 kg par habitant. Ce chiffre est voisin de celui de Thurgovie (368 kg) et nettement inférieur à celui de Glaris (449 kg), alors que ces deux cantons ont généralisé les taxes directement proportionnelles à la quantité de déchets.

swissinfo et les agences

– Les Suisses ont produit 660 kilos de déchets urbains par habitant en 2001.

– Avec 4,75 millions de tonnes, ce volume est resté stable.

– Le taux de recyclage s´est élevé à 46%.

– La Suisse compte parmi les pays d´Europe qui recyclent le plus de papier (67%), de bouteilles en PET (82%), de verre (91%) et de canettes en alu (91%).

– Mais le domaine dans lequel elle pourrait gagner davantage de points est celui des déchets compostables.

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