La valse des têtes à Swiss Life
Emporté par plusieurs affaires embarrassantes, le patron de Rentenanstalt/Swiss Life Roland Chlapowski démissionne.
En poste depuis mars seulement, il sera remplacé à la fin de l’année par Rolf Dörig un transfuge du Credit Suisse.
La décision a été arrêtée mardi soir à l’issue d’un conseil d’administration extraordinaire. Il s’agit du deuxième départ d’importance après celui du chef des finances Dominique Morax.
«Le conseil d’administration est conscient que la confiance est perdue, en partie à cause des erreurs», explique Andres Leuenberger.
Et le président du conseil d’évoquer également le débat suscité par la société LTS, véhicule d’investissement destiné à enrichir les membres de la direction du groupe.
«Il est vital de retrouver très rapidement cette confiance», poursuit Andres Leuenberger. Une tâche difficile qui incombe désormais à Rolf Dörig qui vient du Credit Suisse Group (CSG), où il dirigeait la banque de détail au Credit Suisse Financial Services.
Optimiste, le nouvel homme fort du numéro un suisse de l’assurance-vie estime que son groupe sera en mesure de «retrouver le chemin du succès», «grâce à un effort concerté», et à «une concentration systématique sur ses métiers de base».
Des turbulences en série
A la tête Rentenanstalt / Swiss Life depuis mars 2002, le Belge Roland Chlapowski (51 ans) n’aura donc pas résisté aux turbulences successives que l’assureur affronte depuis pusieurs mois.
D’une part, le groupe a dû par deux fois (le 18 septembre et le 21 octobre) revoir ses résultats à la baisse à cause d’erreurs comptables. Les deux «trous» se montent à 254 et 192 millions de francs.
D’autre part, Rentenanstalt / Swiss Life avait créé la société Long Term Strategy qui semblait surtout destinée à faire fructifier les avoirs des ses six principaux dirigeants. Les cadres ont empoché 11,5 millions, dont 3,2 millions pour le seul Roland Chlapowski.
Citant une «source proche du dossier», le quotidien Le Temps annonçait mardi que «des décisions importantes pourraient être prises concernant certaines personnes» lors de la séance du conseil d’administration.
Pourtant, lundi encore, la position du patron de l’assureur ne semblait pas remise en cause à l’intérieur du groupe. C’est ainsi qu’une porte-parole du conseil d’administration soulignait que Roland Chlapowski conservait la confiance du conseil d’administration.
La justice et le politique s’en mêlent
La justice zurichoise vient d’ouvrir une enquête préliminaire contre Swiss Life/Rentenanstalt. Elle compte demander des éclaircissements sur les erreurs comptables détectés dans les chiffres semestriels de l’assureur.
Le procureur en charge du dossier sommera aussi les top managers de s’expliquer sur les fonds qu’ils ont gagné via la société Long Term Strategy.
Cette enquête préliminaire devrait être bouclée en un mois. Mais elle pourrait se transformer en une procédure pénale si l’Association de défense des investisseurs suisses venait à déposer une plainte.
Les ennuis viennent également de la Berne fédérale. Roland Chlapowski et le président du conseil d’administration de Swiss Life /Rentenanstalt Andres Leuenberger ont dû fournir des explications sur les gains obtenu via la société Long Term Strategy à l’Office fédéral des assurances privées.
Mais la pression vient aussi de plus haut, de Pascal Couchepin en personne. Dans la presse dominicale, le ministre de l’économie a fustigé – sans nommer personne – ces grands patrons qui s’attribuent des millions tout en causant des catastrophes.
swissinfo avec les agences
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