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Le Belge Paul Bulcke sera directeur général de Nestlé

Ce Belge de 52 ans est un cadre issu du sérail. Keystone

Le conseil d'administration de la multinationale suisse a choisi l'actuel responsable de sa zone Amériques pour succéder en avril prochain à Peter Brabeck à la direction générale.

Cette nomination a pris les observateurs par surprise puisqu’ils donnaient gagnant le directeur des finances Paul Polman. Peter Brabeck conservera la présidence.

Agé de 53 ans, Paul Bulcke est entré voici 28 ans chez le numéro un mondial de l’alimentaire, où il a fait l’essentiel de sa carrière.

Il a pris en 2004 la responsabilité de la zone Amériques, région qui est devenue non seulement le débouché principal du groupe, mais aussi la plus rentable, relève Nestlé.

Même si cet économiste de formation faisait partie des papables, le chef des finances Paul Polman était néanmoins pressenti pour succéder à Peter Brabeck, selon la rumeur circulant depuis des semaines.

Paul Bulcke affiche toutefois un profil plus traditionnel que son rival. La multinationale a en effet pour habitude de nommer à des postes clés des cadres fidèles issus du sérail, ayant oeuvré longuement sur le terrain.

Or l’actuel chef des finances a rejoint Nestlé il y a moins de deux ans, après avoir travaillé de longues années pour le groupe américain Procter & Gamble.

Selon un porte-parole de Nestlé, il n’est pas prévu que Paul Polman quitte son poste. «Je n’ai pas d’indication qui laisse à penser que quelque chose change ici», déclare-t-il.

Double casquette critiquée

Pour sa part, Peter Brabeck mettra un terme lors de l’assemblée générale d’avril prochain à dix ans à la direction générale et trois ans de cumul des fonctions.

Sa double casquette de CEO et de président, décidée en 2005 pour accélérer la stratégie de transformation du groupe, a été régulièrement critiquée dans l’opinion publique.

S’il abandonne la direction opérationnelle, Peter Brabeck conserve néanmoins la présidence du groupe. Agé de 63 ans, il peut en théorie rester au conseil d’administration jusqu’à 72 ans.

Dans la continuité

Si cette nomination marque aussi un changement générationnel – Peter Brabeck a dix ans de plus – la culture devrait rester la même. Paul Bulcke aura pour tâche de poursuivre la stratégie de son prédécesseur, qui a fait du groupe le leader mondial de la nutrition.

«Le conseil a entière confiance en ses capacités à poursuivre la transformation réussie de Nestlé en leader de la nutrition, de la santé et du bien-être», relève Peter Brabeck, cité dans le communiqué.

Sous la direction de Peter Brabeck, le cours boursier du groupe a quasiment triplé en une décennie. Nestlé a également enregistré une forte croissance organique, mais aussi procédé à plus de 60 acquisitions.

Pression sur le titre en bourse

Sous l’ère Brabeck, la multinationale de Vevey a notamment acheté le géant américain Ralston Purina des aliments domestiques pour animaux et la marque Gerber de nourriture infantile à son compatriote Novartis.

A la Bourse suisse jeudi, le titre a chuté sensiblement, suite à l’annonce du jour. Alors que l’action nominative gagnait 0,6% avant cette information, elle dévissait de 3,6% à 510 francs à la clôture.

Analyste chez Kepler Landesbanki, Jon Cox se dit surpris par la décision de Nestlé. Selon lui, Bulcke a fait un excellent travail à la tête de la zone Amériques. Mais certains investisseurs pourraient être déçus, le Belge n’étant pas aussi charismatique que Paul Polman.

Pour François-Xavier Perroud, porte-parole de Nestlé, cette décision est peut-être une «surprise pour les journalistes mais pas pour les gens à l’intérieur». Selon lui, Paul Bulcke est un «gestionnaire-né» qui sait prendre des décisions sans état d’âme.

swissinfo et les agences

En une décennie au poste de directeur général (CEO) de Nestlé, Peter Brabeck a fait presque tripler le cours boursier de l’action de son groupe (+170%). Les ventes dépasseront cette année les 100 milliards de francs, contre 70 milliards en 1997.

Le bénéfice net a quant à lui plus que doublé, passant de 4 milliards de francs il y a une décennie à, vraisemblablement, près de 10 milliards cette année (9,2 milliards en 2006). Financièrement, le bilan est des plus solides.

Fondé en 1866, Nestlé est le leader du secteur de l’alimentation, devant Unilever, Kraft et Danone.

La multinationale fait partie des 30 premières entreprises de la planète en terme de capitalisation.

Basé à Vevey, le groupe emploie quelque 265’000 collaborateurs dans presque tous les pays du monde.

Actuel responsable de la zone Amériques, Paul Bulcke entre en 1979 au service de Nestlé, après avoir travaillé comme analyste financier en Belgique.

Titulaire d’un diplôme d’ingénieur commercial de l’Université de Louvain, il fait ses premières armes chez Nestlé en tant que stagiaire marketing en Suisse, en Espagne et dans son pays natal.

Dès 1980, il rejoint les directions marketing du groupe en Amérique latine, au sein des filiales péruvienne, équatorienne et chilienne. En 1996, il est nommé chef de marché chez Nestlé Portugal.

Deux ans plus tard, Paul Bulcke occupe un poste identique pour les marchés tchèque et slovaque, avant d’intégrer en 2000 la filiale allemande du groupe.

En 2004, ce spécialiste des marchés émergents rejoint son actuel poste à la direction générale de la multinationale à Vevey, dont il prendra la tête dès avril 2008.

Outre le néerlandais et le français, Paul Bulcke parle l’allemand, l’anglais, l’espagnol et le portugais.

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